- Prénom : Célia
- Âge : 24 ans
- Occupation : Designeuse graphique
- Lieu de vie : Nomade, en France comme à l’étranger
Comment décririez-vous votre rapport au féminisme ?
Le féminisme a toujours été présent dans ma vie, car ma mère et ma grand-mère se revendiquent comme telles, et pour moi, il me semblait logique au début de l’être, même si je n’en comprenais que très peu tous les tenants et aboutissants.
Avez-vous grandi dans un milieu féministe ?
Du côté maternel, tout le monde est féministe, sans avoir besoin de le dire. Ça fait partie de notre mode de vie (y compris pour les hommes de la famille, et je pense que c’est important de le préciser car c’est souvent moins facile pour eux). Du côté paternel, c’est un sujet qui est moins débattu, mais je sais que mon père est féministe même s’il ne va pas forcément se revendiquer comme tel. Il a les opinions qui suivent ce mode de pensée. Je n’ai donc jamais dû me débattre avec un tonton sexiste ou une grand-mère qui me dit que je suis bonne à marier, et je pense avoir beaucoup de chance.
À quand remonte votre déclic féministe ?
J’ai commencé au collège à avoir Instagram, je dirais vers mes 13/14 ans et je suis tombée sur un post féministe du genre « girls support girls » et au fur et à mesure, mon algorithme a commencé à me proposer de plus en plus de contenus de ce genre (dont Madmoizelle). J’ai commencé à m’abonner à plein de pages, des chaines Youtube qui parlaient de ce sujet et à me renseigner sans m’en rendre vraiment compte. J’avais de plus en plus de discussions avec ma mère et je me nourrissais de tout ce que je pouvais apprendre. Puis j’ai commencé à en parler avec mes copines au collège. Depuis cette époque, c’est toujours un sujet que j’aborde et qui fait partie de qui je suis.
Le jour où j’ai compris que le féminisme était très important, c’est lorsque je jouais au Trivial Poursuit avec ma grand-mère. On ne s’amusait pas trop, parce que, faut se l’avouer, c’est quand même un jeu chiant. Arrive pour moi la question sur la date du droit à l’avortement et lorsque je donne la bonne réponse, ma grand-mère m’a alors dit qu’elle était très fière que je connaisse la réponse et qu’elle-même avait manifesté en mai 68. Je me suis dit que c’était hyper badass et que si je voulais l’être aussi, ça passait entre autre par le biais du féminisme.
Comment le féminisme infuse-t-il votre vie aujourd’hui ?
Le féminisme a été en quelque sorte ma première opinion politique, et s’en est alors découlé une prise de conscience plus large sur mon avis politique et donc les fréquentations que je veux ou non avoir, ce que je peux accepter de mon entourage, une bien plus grande ouverture d’esprit.
Je pense que cela m’a permis une bien plus grande ouverture sexuelle mais ça a aussi peut-être un peu freiné ma vie sentimentale, car j’ai beaucoup de critères qui sont pour moi inacceptables et qui découlent de ma vision de la femme dans la société par exemple et de mon rapport avec les hommes.
Je ne pense pas avoir effectué de grands changements dans ma vie liés au féminisme. Ma prise de conscience féministe s’est faite très tôt, j’ai grandi en devenant de plus en plus féministe. Je ne pense pas avoir mis des choses de côté puisqu’il n’y a pas vraiment eu un avant/après féminisme mais que du « pendant » en quelque sorte. Par contre, je suis consciente que beaucoup de choses sont exclues de ma vie parce que je suis féministe.
Des podcasts : Transfert, Contre Soirée par AnnaRvr, Ex…, 4 Quarts d’Heure, Passages
Livres : King Kong Théorie – Virginie Despentes, La servante écarlate – Margaret Atwood
Films : Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
Évoluez-vous aujourd’hui dans des cercles féministes et votre entourage est-il sensibilisé à ces questions ?
J’évolue dans une bulle de gens qui pensent sensiblement la même chose que moi à ce niveau-là. C’est très confortable et j’en viens même à penser que c’est la norme. C’est lorsque je rencontre des personnes totalement différentes que je me rappelle qu’il y a encore beaucoup à faire.
Je ne suis pas peu fière d’avoir sensibilisé beaucoup d’ami•es (notamment hommes), surtout lorsque j’ai commencé mes études supérieures, car tout le monde n’a pas grandi dans le même milieu que moi, et n’a pas eu la même sensibilisation au départ.
Ces deux dernières années, j’ai vécu hors d’Europe, et ça a été dur pour moi de ne plus pouvoir manifester. J’ai quand même participé à quelques évènements lorsque je vivais au Mexique, et le pouvoir du féminisme m’a vraiment donné les larmes aux yeux, de voir qu’on est une équipe énorme dans le monde et qu’on se bat tous•tes à notre échelle pour nos droits. J’agis depuis mon retour en France pour une association qui vient en aide aux personnes sans domicile, et j’essaye d’apporter une attention toute particulière aux femmes.
Votre féminisme est-il parfois source de friction autour de vous ?
Je pense que mon féminisme peut parfois être trop pour certaines personnes. Plus jeune, j’avais une sorte de rage en moi, je voulais que la terre entière devienne féministe et donc j’avais des débats houleux avec chaque personne qui ne pensait pas comme moi. Maintenant, j’essaie d’être plus apaisée, de défendre mes valeurs, même si je comprends qu’elles sont différentes de la personne en face de moi, je ne vais pas essayer de la changer et plutôt éviter le conflit.
Avez-vous l’impression d’être arrivée au bout de votre éveil féministe ?
Non. Je continue mon évolution quasi quotidiennement, car je m’informe sur les réseaux sociaux, et je continue de débattre avec mon entourage.
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