- Prénom : Cécile
- Âge : 35 ans
- Lieu de vie : petite commune très verte à côté d’une grande métropole
- Orientation sexuelle et/ou romantique : hétérosexuelle
Depuis combien de temps êtes-vous célibataire ?
Je suis célibataire depuis sept ans, j’ai eu une relation de huit mois il y a un an.
J’ai eu deux longues relations. La première de deux ans était une relation à distance, et la deuxième a duré cinq ans.
Durant la première relation, j’ai souffert de dépendance affective, j’avais peur du rejet et je me sentais extrêmement chanceuse que ce conjoint me regarde, j’avais de la chance qu’il m’aime car je pensais que j’étais invisible et pas aimable.
J’ai vécu la deuxième relation avec quelqu’un de brisé qui m’a brisée à son tour. Il m’a dénigrée, rabaissée. J’ai pris 50 kg en cinq ans.
Lorsqu’il m’a quittée, je me suis reprise en main. J’ai testé les sites de rencontre. Je suis restée quelques mois sur Tinder et clairement, ça a été ma thérapie. J’ai repris peu à peu confiance en moi mais comme cela devenait malsain, j’ai arrêté. Je trouvais que le sexe était devenu un moyen de combler quelque chose, un peu comme manger de façon de compulsive. Je n’y prenais presque plus de plaisir, je me coupais du monde et même de mes partenaires, je devenais moins tactile, donc j’étais dans un certain contrôle.
Quelques années plus tard, je suis partie au Canada pour six mois, j’y ai découvert une autre approche du corps, du consentement, que je ne connaissais pas.
Là-bas, personne ne vient vous aborder dans la rue, ne vous siffle ou vous parle mal… Il y a ce sentiment de sécurité que je n’ai jamais ressenti en France. Le consentement est tout le temps présent, et on peut être soi-même sans avoir peur d’être jugée. Personne ne te dira que tu ne rentres pas dans le moule, que tu devrais t’habiller différemment car ton physique ne convient pas.
À mon retour en France, je me suis remise sur des sites et j’ai rencontré des personnes très bienveillantes qui m’ont vraiment aidée. Ça a été une des meilleures périodes de ma vie. Je suis restée 8 mois avec un homme qui acceptait mon indépendance, qui était bienveillant, ouvert, qui parlait de tour, acceptait ses fragilités et acceptait les miennes, la relation s’est terminée car je veux des enfants et pas lui.
J’ai l’impression que depuis quelque temps, je me rapproche de la personne que je souhaite être, je prends conscience de ce dont j’ai envie, de ce qui me rend heureuse. Je me suis rendu compte que la liberté est très importante pour moi, je ne veux plus me taire ou me forcer à faire des choses pour plaire à mon conjoint.
Comment décririez-vous votre célibat ?
C’est paradoxal, car j’ai envie de construire quelque chose, de fonder une famille, un foyer, j’ai envie de partager ma vie avec quelqu’un… J’ai envie de me sentir « normale ». Mais d’un autre côté, je me sens bien dans ma vie, j’aime cette indépendance. Je suis bien seule et je suis fière de mon indépendance financière (j’ai mon entreprise et je m’en sors seule), je suis heureuse de partir en vacances, de voyager, de découvrir de nouvelles villes et destinations seules. Je ressens une grande fierté et une grande force à réussir seule, à ne pas avoir besoin de quelqu’un.
Cette fierté et cette envie d’indépendance n’enlèvent pas mon envie de partager quelque chose avec quelqu’un, mais j’ai très peur de perdre mon indépendance si je me mets en couple.
Votre célibat a-t-il une incidence sur votre vie amicale ou familiale ?
Mon célibat n’a pas d’incidence dans la vie familiale ou amicale. Ma famille a fait certaines remarques au début de mon célibat, mais elle a cessé rapidement.
Je suis heureuse que mes amies soient épanouies en couple, on se voit souvent sans les conjoints. Cependant, il m’est déjà arrivée de refuser d’aller à une soirée car j’étais la seule célibataire et entourée de couples.
Le célibat a-t-il un impact sur votre moral, au quotidien ?
Mon célibat a un impact certains jours sur mon moral. C’est fluctuant, certains soirs, j’aimerais me retrouver dans les bras de quelqu’un. Quand une amie se met en couple, quand des amies m’annoncent leur grossesse, je suis heureuse mais en même temps, je ressens une tristesse, j’ai envie de vivre ce qu’elles vivent. Ces pensées et ces sentiments me font beaucoup culpabiliser car je me sens mauvaise, méchante d’être triste alors qu’elles sont heureuses.
J’ai aussi très peur de ne jamais trouver quelqu’un pour moi. On m’a dit que je pouvais faire peur aux hommes, car je suis très indépendante. J’ai peur de ne pas dégager ce qu’il faut.
Quand j’entends que les hommes aiment les femmes en détresse, aiment les femmes qui demandent de l’aide… Je suis tout l’inverse et je ne veux pas me plier à ça. Mais en même temps, l’envie de fonder une famille devient de plus en plus forte.
Être célibataire vous permet-il des choses que vous ne pourriez pas faire en couple ?
Oui, je le pense. Je suis partie six mois en formation à Montréal, cela aurait été beaucoup plus compliqué si j’avais été en couple. Quand je pars en vacances, je n’ai aucune pression : j’arrive et je pars quand je veux, je n’ai aucune obligation de visiter ou de rester sur la plage.
À l’inverse, être célibataire vous empêche-t-il de faire des choses que vous pourriez faire si vous étiez en couple ?
Je le pense aussi. L’accession au logement est plus compliquée en étant célibataire. En plus je travaille en indépendante alors c’est très compliqué.
Cherchez-vous activement à trouver une relation amoureuse ?
Pas vraiment, je ne suis plus sur des applis de rencontre. Je veux expérimenter les rencontres en vrai et pas en virtuel. C’est plus difficile car j’ai encore du mal à faire la différence entre de l’attention et une véritable attirance envers moi. Et j’ai encore des progrès à faire sur la confiance en moi. Donc je reste ouverte aux opportunités mais je ne suis pas vraiment en recherche active. Et je ne ressens pas de pression à rechercher quelqu’un.
Le célibat amoureux a-t-il un impact sur votre vie sexuelle ?
Oui, cela fait 16 mois que je n’ai pas eu de relation sexuelle. Parfois ça me pèse, suivant la période du cycle, mais dans l’ensemble je le vis bien. C’est aussi moi qui décide de ne pas faire des rencontres sur des applis juste pour le sexe.
Ressentez-vous une forme d’injonction à être en couple ?
Dans mon entourage proche, je ne le ressens pas. Par contre, quand je rencontre d’autres personnes qui sont en couple, on me pose la question, on me demande comment je fais pour accepter ce si long célibat. J’ai même eu droit aux phrases : « peut-être que tes exigences sont trop hautes » ou « peut-être que tu devrais essayer l’autre bord ».
Certaines personnes m’ont dit – et ça a ancré une peur en moi – que mon long célibat serait un frein auprès de certains hommes, que je leur faisais peur car j’étais trop indépendante.
Estimez-vous que le célibat a un impact sur vos finances ?
Clairement oui, le fait de ne rien partager est assez pesant. Mon choix d’avoir mon entreprise augmente ma charge mentale et parfois je me dis qu’être en couple m’aiderait à faire plus de choses, à mettre plus d’argent de côté. Mais je me refuse à y penser trop longtemps.
Avez-vous une anecdote sur le célibat à partager ?
Je me suis rendu compte après mes débuts sur les applis de rencontre que tous les hommes beaux n’étaient peut-être pas bons pour moi. J’ai eu de mauvaises expériences avec quelques hommes très beaux et qui savaient qu’ils étaient beaux. J’ai trop souvent entendu que je devais diminuer mes critères de beauté car jamais les hommes beaux ne se retourneraient sur moi.
Oui, matcher sur Tinder avec un bel homme fait du bien à l’ego, ça flatte, mais je n’irai plus chercher ça si c’est pour qu’on me traite comme une m*rde, comme une moins que rien.
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Les Commentaires
Et le pire "tu devrais baisser tes critères"... non mais je cherche pas un appart, du genre "allez tant pis pour la baignoire"
Sans compter une amie qui a insisté très lourdement pour que j'envisage des hommes de 15 ans de plus que moi...
Bref je ne parle plus de mon célibat aux gens...