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Voyages

Ce que j’ai appris en passant une année à voyager en faisant du stop

En 2015, Queen Camille a tout lâché pour tailler la route avec son compagnon de l’époque. Quatre ans plus tard, elle revient sur cette expérience peu ordinaire qui lui a appris beaucoup.

Il y a quelques années, j’ai tout quitté pour partir à l’aventure. Aujourd’hui encore, les leçons de cette expérience m’aident au quotidien.

J’ai donc décidé de les partager avec toi, dans l’espoir qu’elles te profitent aussi.

Crise existentielle à 25 ans

En 2014, j’en ai eu marre de ma vie. J’avais 25 ans et je traversais une crise existentielle bien pire que mon adolescence, pendant laquelle j’étais pourtant fan de Marilyn Manson.

Je venais de finir des études longues comme la mort, et j’avais enchaîné sur des petits boulots avant de décrocher un emploi qui me permettait de m’ennuyer dans un open space, de façon rémunérée.

J’avais passé quasiment l’intégralité de ma vie sur les bancs de l’école puis de la fac avec pour unique objectif celui de devenir journaliste. C’était chose faite.

J’avais aussi toujours rêvé de vivre à Paris, et c’était le cas.

Je n’avais plus de but après lequel courir. Je n’avais qu’à récolter enfin les fruits de mon travail. Tout allait bien, mais je m’ennuyais.

J’avais la sensation que j’étais en train de m’enfermer dans un quotidien qui ne me ressemblait pas. Et surtout, j’avais terriblement envie de m’amuser.

Comment j’ai tout quitté pour partir voyager en stop

C’est à cette époque que j’ai rencontré Matthieu. Nous sommes vite devenus un couple. Au même moment, je découvrais le crudivorisme, une alimentation végétale et crue qui me donnait énormément d’énergie, à moi la junkfoodiste patentée.

Matthieu a adopté ce mode de vie presque en même temps que moi, avec également des effets très bénéfiques sur sa santé. Lui aussi en avait marre de son job, et de cette capitale où il avait grandi.

Ensemble, nous avons pris la décision de tout quitter pour un an, avec comme prétexte un tour de France à la rencontre des autres crudivores.

Je dis « prétexte » car à l’origine, ce projet de Tour de France servait surtout à justifier notre « pétage de plomb » auprès de nos proches. Nous quittions tout de même deux CDI, un choix subversif par les temps qui courent…

Le budget étant plus que limité, nous avons décidé de partir en stop et de chercher à être hébergés chez les gens faisant partie de la communauté que nous avions fait naître sur Facebook.

Ce fût une année riche en émotions que je ne pourrais te résumer ici, mais j’en ai tiré trois grandes leçons.

La vie est plus marrante quand on la prend du bon côté

Il peut sembler très sympa de tailler la route le pouce en l’air, mais la réalité du terrain (ou la pluie) vous fouette parfois le visage sans crier gare.

Car oui, le stop est une galère, et non un moyen de transport à proprement parler. Comprendre : tu ne peux PAS savoir combien de temps te prendra un trajet.

Avoir l’air sympa, sourire, danser, établir le contact visuel avec le conducteur : RIEN ne peut te garantir d’être invitée à monter en voiture. L’attente sur le bas-côté peut donc être longue, très longue.

C’est ainsi que nous nous sommes régulièrement retrouvés coincés sur le bord de la route, à patienter de longues minutes qui se transformaient parfois en heures, sans rien d’autre à faire que nous parler.

Dans ces moments-là, comme dans les nombreuses autres mésaventures que réserve tout voyage qui se respecte, mieux vaut rester de bonne humeur, surtout lorsque l’on est deux.

Il peut être facile en effet de reporter sa frustration sur l’autre et de lui reprocher une situation que ni lui ni nous-même ne contrôlons vraiment.

Ensemble, nous avons appris à rire de nos pires échecs, à prendre le relais quand l’un ou l’autre craquait. Bref, nous avons appris à rester optimistes face aux évènements que nous ne pouvions contrôler, et je trouve l’existence beaucoup plus marrante comme ça.

La vie est plus facile quand on est souple

Je me rappelle particulièrement bien d’une soirée passée au bord d’un rond-point, perdus quelque part vers Mâcon.

Il était pour moi incompréhensible que personne ne s’arrête au moins pour nous demander où nous allions alors que la nuit tombait. De quoi perdre foi en l’humanité…

Ce jour-là, nous avons dû nous résigner à alpaguer directement les gens dans une boulangerie de la zone artisanale afin de recruter quelqu’un qui nous conduirait à la gare la plus proche pour y casser notre tirelire.

D’autres fois, après des heures d’attentes, nous finissions par chercher des covoiturages et notre fierté d’autostoppeurs en prenait un coup.

Tout cela nous a enseigné qu’il faut parfois renoncer, s’adapter, s’écarter du plan établi. Ça n’a pas été facile pour moi qui suis plutôt rigide lorsque je me fixe des objectifs.

J’ai aussi ce défaut de tout planifier, d’attendre que tout soit parfait pour me lancer et de prendre énormément de temps pour tout. Mais en voyage, j’ai dû m’adapter.

Vivre dans un sac à dos, changer de lit plusieurs fois par semaine, dépendre des autres : tout cela ne m’a simplement pas laissé le choix.

Cela m’a appris à lâcher du lest, à me lâcher la grappe, à ne pas résister à ce que la vie m’impose, et c’est plus facile comme ça.

La vie est moins fatigante quand on se repose

Ce qui devait être une année sabbatique s’est finalement transformé en la période la plus active et la plus prolifique de ma vie.

Nous avons multiplié les rencontres, avalé les kilomètres, alimenté notre blog ainsi qu’une chaîne YouTube, le tout sans avoir de maison à nous, d’endroit où nous reposer à l’occasion.

Quand le voyage s’est terminé, nous nous sommes installés ensemble et avons continué d’alimenter le blog.

C’était fini mais je trainais une boule au ventre, je me sentais encore dans l’urgence, dans une fuite en avant.

Tout comme j’avais enchainé sur mon premier taf après mes études, je voulais embrayer sur la suite du voyage à peine mon sac à dos défait.

Alimenter le blog et les réseaux était une source de stress quotidienne. Pourtant, personne ne m’y obligeait, mais j’avais tellement peur de perdre ma communauté que je me collais la pression toute seule.

J’ai compris depuis que j’étais sujette à cette distorsion cognitive des « fausses obligations », cette manie de s’imposer des choses pour mieux se flageller de ne pas les faire.

Je sais maintenant qu’il faut aussi prendre le temps de se reposer, et surtout de se retourner sur le chemin parcouru, plutôt que de vouloir sans cesse avancer.

Le bilan de cette année passée à voyager en stop, quatre ans plus tard

Aujourd’hui, tous ces enseignements me portent dans mon quotidien. Je n’ai aucun regret par rapport à cette aventure, bien qu’elle n’ait pas toujours été simple.

Le plus dur aura été le regard des autres, l’obligation de devoir justifier ses choix, parce qu’ils sortent des sentiers battus.

Ma famille a eu beaucoup de mal à accepter ce projet, eux qui était si fiers de me voir évoluer sur ma voie toute tracée.

Je n’ai pas seulement manqué de soutien, j’ai régulièrement été face à des gens qui voulaient me décourager. Mais j’ai tellement bien fait de m’écouter !

Alors si tu as en tête une idée qui ne veut pas te quitter, même si elle est entourée de mille peurs et de mille incertitudes, je ne peux que te conseiller de foncer.

La vie est plus belle quand c’est celle qui nous plaît.

Le témoignage de QueenCamille t’a interpellé·e ? Tu as des astuces pour faire du stop ou vivre une vie qui te ressemble vraiment ? Viens en parler dans les commentaires !

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