Passage obligé de bien des séries et films états-uniens tournant autour de la vie de lycéennes et lycéens, le bal de promo de fin d’année se présente souvent comme un moment de fête. Mais cette tradition ne semble pas supporter la transgression, aussi minime soit-elle, si l’on en croit une publication Instagram postée le 23 avril en train de devenir virale.
On y voit une jeune personne en costume noir, tenant une pancarte avec écrit : « they wouldn’t let me in, because I’m in a suit » (Ils ne me laissent pas rentrer, car je porte un costume). En arrière-plan, on devine son établissement scolaire, devant lequel stationne une voiture le temps de laisser descendre des femmes en robe de bal de promo et des garçons en costume trois-pièces, conformément aux clichés. Mais, pour comprendre la violence symbolique de cette photo, il faut lire la légende de B. Hayes qui l’a postée.
Pourquoi ce lycéen a-t-il été interdit de bal de promo alors qu’il portait un costume ?
En légende, le lycéen (qui veut qu’on utilise les pronoms « they/he » d’après sa bio Instagram) précise :
« Je m’appelle B Hayes. J’ai 18 ans et je fréquente la Nashville Christian School depuis 13 ans. mon bal de fin de lycée était aujourd’hui et je n’étais pas autorisé à entrer parce que je portais un costume. Je ne devrais pas avoir à me conformer à la féminité pour assister à mon bal de fin de lycée. Je ne ferai aucun compromis sur qui je suis pour rentrer dans une case. Qui êtes-vous pour nous dire ce que signifie être une femme ? »
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Seuls les hommes cisgenres ont le droit de porter un costume au bal de promo ?
On peut donc comprendre que B. Hayes ne se reconnaît pas dans le genre qui lui a été assignée à la naissance, visiblement celui de femme que son lycée compte bien lui rappeler. Interrogée par le média Teen Vogue, l’établissement scolaire a précisé ses intentions :
« Les attentes de l’école concernant la tenue de bal appropriée ont été communiquées à cet élève et à sa famille avant le bal. Bien que nous respections certainement le droit d’un élève de ne pas être d’accord, tous nos élèves savent d’après notre manuel scolaire que lorsqu’ils ne suivent pas ces attentes lors d’événements parrainés par l’école, on peut leur demander de partir. »
Le règlement, c’est le règlement, aussi bête et violent soit-il. Ce n’est donc pas demain la veille qu’on pourra se pointer dans la tenue que l’on souhaite, tant qu’elle respecte le degré de formalité exigée par l’événement.
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Si les hommes cisgenres ont le droit de venir en costume, pourquoi pas les autres identités de genre ? En effet, vu le règlement de cet établissement, même une femme cisgenre qui aurait voulu porter autre chose qu’une robe en aurait été interdite. Encore une fois, les règles qui restreignent la vie des personnes trans (personnes non-binaires comprises) en disent long sur la vision extrêmement binaire que nos sociétés occidentales entretiennent encore autour des genres. Une obsession de la binarité parfois absurde, excluante, et même violente, pour laquelle les personnes trans servent malgré elles de bouc-émissaire épouvantail.
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