« Le rose c’est pour les filles, et le bleu pour les garçons ». Vous pensiez que ces propos étaient complètement dépassés en 2021 ? Détrompez-vous, ils ont toujours la vie dure dans les cours d’écoles, et ce dès le plus jeune âge.
Pas plus tard que la semaine dernière, ma fille m’a dit, pleine d’assurance en rentrant de l’école : « Je ne veux plus jouer avec mes petites voitures, c’est pour les garçons ».
Pardon ? Toi, tu ne veux plus jouer avec tes tracteurs, ton camion poubelle, tes camions de pompier qui envahissent les étagères de ta chambre, parce que c’est pour les garçons ? Je lui demande où est-ce qu’elle a entendu ça, même si je connais déjà la réponse : « à l’école ».
Voilà, nous y sommes. Après quatre ans d’éducation non genrée, il lui aura suffit de quelques mois d’école maternelle pour rentrer à la maison et avoir ce genre de réflexions. C’est triste, mais heureusement le tir est encore rectifiable.
Comment ? En communicant, bien sûr, en lisant aussi des ouvrages qui ne nous donnent pas envie de nous arracher les cheveux tant ils sont sexistes et dépassés (coucou Petit Ours Brun), mais aussi en regardant des programmes de qualité.
Les dessins animés pour les enfants, c’est pas ce qui manque. Mais les dessins animés qui ne sont ni sexistes, ni racistes, ni homophobes, ni grossophobes et j’en passe : un peu moins.
Attention, je ne dis pas qu’ils le sont tous, mais je précise simplement qu’il faut parfois faire bien attention à ce qu’on décide de montrer à ses enfants sur un écran.
Et c’est pour ça que la diffusion du programme Chouette, pas chouette est une bonne nouvelle : il met des bons uppercuts aux stéréotypes du genre pour soutenir la nouvelle génération en leur permettant d’être ce qu’ils et elles veulent, sans subir le poids des clichés.
Chouette, pas chouette : le dessin animé qui a un vrai but
Conçu par l’association Les Chiennes de Garde et le Clemi (Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information) et né grâce à la plateforme citoyenne Make.org
, Chouette, pas chouette est un programme télévisé destiné aux 4-6 ans.
Les 16 épisodes de 1min30 abordent tous les sujets liés aux stéréotypes du genre, comme les métiers et l’avenir professionnel, le physique, les jouets, les jeux, les sports, les chevaliers et les princesses… Tous les clichés sont débunkés facilement et rapidement avec des mots adaptés aux plus petits.
Le dessiné animé utilise pour cela des animaux anthropomorphes à la place des humains, mais avec des voix d’enfants.
Une volonté expliquée au Huffington Post par Jean-Michel Spiner, producteur chez 2 Minutes, co-producteur du programme :
On voulait qu’il y ait une vraie diversité dans la représentation des personnages, sans avoir à se calquer sur la diversité humaine. Les animaux, cela permettait une plus grande liberté et d’éviter les représentations stéréotypées, aussi.
Dominique Poussier, responsable éditoriale du projet et ancienne directrice des programmes jeunesse de TF1, avait expliqué à 20minutes :
Il fallait un programme très accessible mais pas trop didactique, dont on imaginait qu’il puisse se glisser dans toutes les grilles des chaînes. (…) D’habitude, ce genre de campagne, sur des sujets qui nous tiennent à coeur, dure une semaine, puis on passe à autre chose. C’est le principe même de la télévision. L’objectif était ici que toutes les chaînes s’engagent en même temps, sur la durée, pendant trois ans. Il n’y a eu aucune hésitation.
Et c’est effectivement un succès, puisque les chaînes de télévision TF1, celles du groupe France Télévisions, Piwi+ (du groupe CANAL+), Gulli (du groupe M6), Disney Channel & Disney Junior, Nickelodeon Junior et aussi l’application ludo-éducative Bayam se sont engagées à diffuser dès mercredi 13 janvier le programme.
Chouette, pas chouette : un outil nécessaire contre les violences sexistes
En 2017, Make.org avait lancé une action citoyenne dans le cadre de la Grande cause nationale « Comment lutter contre les violences faites aux femmes ? » en partenariat avec de nombreuses associations et entreprises.
Ce plan d’aide et de réflexion avait abouti à plusieurs actions, dont la création de cette série animée. Dominique Poussier précise le constat simple qui les a poussées à alimenter leur réflexion autour de la création du programme :
De nos discussions avec le Clemi et l’association Chiennes de Garde, il est vite apparu que la racine du mal des violences faites aux femmes était le sexisme. Or, il se manifeste très tôt, dès la cour de récréation. À peine la cloche retentit, que les garçons jouent au foot et occupent les 2/3 de la cour, et les filles se retrouvent dans les coins.
Un constat facilement observable dans la vie de tous les jours, malheureusement.
Alors, avant de diaboliser les écrans comme si c’était le nouvel objet à mettre au bûcher, n’oublions pas de nuancer un peu nos propos : oui, les écrans peuvent causer des troubles importants lorsque l’on en abuse, et il ne faut pas prendre le sujet à la légère. Mais utilisés avec parcimonie et en regardant des programmes adaptés aux âges des enfants, ils peuvent être aussi de merveilleux outils éducatifs dont on ne devrait pas se priver.
C’est le cas avec Chouette, pas chouette qui vient tout juste de débarquer et que j’ai hâte de montrer à ma fille. J’espère sincèrement que ça l’aidera à ne pas se faire avoir par ces clichés qui, même en 2021, semblent collés aux enfants comme un vieux chewing-gum dans les cheveux.
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