Un défilé de mode peut-il servir de cours d’histoire ? Évidemment que non, mais le spectacle peut quand même intéresser et donner envie de se (re)pencher sur des personnalités qui ont marqué leur époque. C’est le cas du défilé Dior printemps-été 2023, présenté le 27 septembre 2022 à Paris.
Quel est le rapport entre Catherine de Médicis et un défilé Dior ?
Maria Grazia Chiuri, directrice artistique de la maison Dior, s’est inspirée de la figure de Catherine de Médicis, noble italienne devenue reine de France de 1547 à 1559 par son mariage avec Henri II. Quand celui-ci décède en 1559, la laissant veuve, elle porte uniquement du noir en signe de deuil, et devient un temps régente du royaume de France (de fin 1560 à mi 1563). Trois de ses enfants (sur dix) se succéderont sur le trône de France : François II, Charles IX, Henri III, tandis que sa fille Élisabeth deviendra reine d’Espagne et Marguerite épousera le futur Henri IV et s’imposera comme la fameuse reine Margot. Catherine de Médicis est donc une figure majeure du XVIe siècle, marqué par les guerres de religion, qui ont contribué à lui forger une réputation d’ambitieuse assoiffée de pouvoir, prête à toutes les manigances et jeux d’influence.
Maria Grazia Chiuri s’inspire d’une reine de France du XVIe siècle pour rhabiller l’été 2023
En tant qu’Italienne arrivée à la tête d’une des maisons de luxe françaises les plus connues et puissantes au monde, Maria Grazia Chiuri pourrait donc être comparée à Catherine de Médicis, née Caterina Maria Romola di Lorenzo de’ Medici. Alors que ses collections se vendent comme des petits pains depuis maintenant six ans, la critique reste dure avec elle. Outre ce parallélisme d’Italienne au cœur du pouvoir français qui souffre d’une mauvaise réputation, la DA de Dior s’est aussi inspirée de cette reine de France en tant qu’icone de mode, évidemment. C’est elle qui aurait introduit corsets, talons compensés, et dentelle italienne à la cour de France, relève le Vogue États-Unis.
Crinoline sur brassière de sport
Dès le premier look l’inspiration historique se fait sentir à travers une cage à cerceau recouverte de mètres de dentelle en raphia noir (une prouesse de technique artisanale). Et pour moderniser cette crinoline, c’est un soutien-gorge un brin sportif que la mannequin portait. Une allure en forme de dialogue entre le formel et l’informel, mais surtout entre le passé et le présent pour habiller le futur qu’on retrouvait sur d’autres looks. Et si la plupart de la collection était en noire (hommage au long deuil que portait Catherine de Médicis), quelques pièces en blanc, blue jean, beige, kaki, ou imprimé fleuri venaient également l’éclairer.
En parallèle de ces créations Dior, les chorégraphes néerlandais Imre et Marne van Opstal ainsi que leur troupe se donnaient en spectacle de danse contemporaine, devant un décor cavernaire imaginé par l’artiste contemporaine française Eva Jospin (et oui, c’est la fille de l’ancien Premier ministre français Lionel Jospin, si jamais vous vous posiez la question). De quoi en rajouter une couche sur l’importance d’ajouter de l’art autour de ses collections au succès commercial pour Maria Grazia Chiuri chez Dior.
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Crédit photo de Une : Capture d’écran YouTube.
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