Comme un sentiment de ras-le-bol. Le 8 février, Marion Nadaud, directrice de la communication du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, a créé le compte Instagram @balancetonintimidation. L’objectif ? Recenser les messages haineux reçus par les députées quotidiennement sur les réseaux sociaux. Au programme : insultes racistes, propos sexistes, menaces de mort, de viol (ou les deux)… Bref, un charmant condensé de violence, visant à museler les femmes qui auraient le malheur de faire de la politique.
À lire aussi : Qui veut faire taire le mouvement #MeTooPolitique ?
Dénoncer et dissuader
« C’est une toute petite action mais c’est pour leur montrer qu’on ne va pas se laisser faire », a expliqué Marion Nadaud à l’AFP. À ce jour, le compte dénombre 19 publications, toutes plus agressives les unes que les autres. Dans le viseur de ces cyberharceleurs, on retrouve principalement des élues écologistes arrivées à l’Assemblée l’année dernière : Cyrielle Chatelain, Lisa Belluco, Marie-Charlotte Garin, Julie Laernoes et Sandrine Rousseau.
Cependant, « les insultes et menaces envers les femmes sont loin d’être réservées aux écologistes. [Elles] touchent bien tous les partis politiques », précise Marion Nadaud, qui n’exclut pas que cet « outil de dénonciation » soit étendu à tous les partis politiques. C’est aussi un moyen pour les femmes visées de ne plus se sentir seules face aux insultes : « Les réseaux sociaux ne protègent pas les femmes des messages violents. Tant que la justice n’est pas adaptée, dépassée par la rapidité des réseaux, on ne peut pas attendre qu’il se passe quelque chose. »
À lire aussi : Rachel Keke et Ersilia Soudais : La tenue des femmes à l’Assemblée nationale, toujours criblée de sexisme
« Il y a un pic à chaque fois que je parle féminisme »
Sandrine Rousseau, visée à maintes reprises par de violentes campagnes de cyberharcèlement l’année dernière, note le caractère sexuel des insultes qu’elle reçoit, notamment dès qu’elle évoque le féminisme : « Ce que je trouve frappant, c’est à quel point les insultes sont sexualisées […] On est profondément dans la domination. Ça montre aussi la culture du viol. Dès qu’une femme ne leur plaît pas, ça part sur des “je vais te baiser” », déplore la députée à l’AFP.
Le 15 novembre 2022, 285 femmes politiques publiaient dans Le Monde une tribune appelant à « écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes » de la vie politique. Vastement relayée, cette tribune avant déclenché une vague de témoignages sur les réseaux sociaux, réunis sous le Hashtag #MeTooPolitique. Mais le chemin reste encore long, comme en témoignent les échanges tenus jeudi dernier dans l’hémicycle.
Image de Une : Frederic Köberl
Les Commentaires
j'ai suivi le lien, c'est d'une violence inouïe. Je pense que les comptes de personnes publiques devraient être traités avec dépôt de plainte automatique et suivi pris en charge par l'Etat.