À l’exception d’évènements spécifiques tels que les Jeux olympiques (et encore…), l’offre télévisuelle met plus en lumière les athlètes masculins que féminins. Sans surprise, le sport féminin reçoit peu d’attention médiatique.
Mais à Portland, dans l’Oregon, un nouveau bar, The Sports Bra — littéralement « soutif de sport », sauf que « bar » et « bra » n’ont qu’une inversion de lettres d’écart — espère enfin faire bouger la situation…
Un bar pour mettre à l’honneur le sport féminin
The Sports Bra, qui a ouvert ses portes le 1er avril dernier, désire remédier à ce déséquilibre flagrant entre les genres dans la couverture sportive. Car si 40% des athlètes professionnelles sont des femmes, le sport féminin ne représente que 4% de l’ensemble de la couverture médiatique sportive, d’après une étude de l’UNESCO sur l’égalité des sexes.
« Ce n’est pas un bar sportif pour femmes, c’est un bar pour les sports féminins », insiste l’initiatrice du projet, Jenny Nguyen auprès de la CBC. Cheffe et femme d’affaires, elle cumule les casquettes pour développer son idée ambitieuse : diffuser seulement des sports féminins dans son bar… et éteindre ses téléviseurs s’il n’y en a pas au programme, pour souligner le manque de couverture médiatique des athlètes féminines.
Un projet de bar unique pour répondre à un besoin
L’idée a germé dans l’esprit de Jenny, comme elle l’explique à Good Morning America, lorsqu’elle est sortie il y a quelques années avec ses amies dans un bar pour regarder un match de basket féminin. Et elles n’étaient pas au bout de leurs désillusions…
« C’est le plus grand match de l’année, et nous avons trouvé ce bar qui diffusait du sport. Il y avait probablement plus de 30 téléviseurs là-bas et pas un n’était allumé sur le match de basket féminin.
J’ai demandé à la serveuse si elle pouvait changer de chaîne. Elle a accepté et nous a mis le match sur le plus petit téléviseur présent, dans un coin à l’écart, et sans le son bien sûr ! »
Quatre ans plus tard, ce qui a débuté comme une triste péripétie s’est transformé en projet de vie. En pleine période de pandémie, les banques refusent un prêt à Jenny. Tant pis ! Grâce à une campagne Kickstarter, elle réussit à collecter plus de 100 000 dollars pour financer l’ouverture de son bar féministe et inclusif.
Féministe et inclusif, des murs aux verres et jusque dans les assiettes
Son projet va au-delà des cinq écrans de télévisions accrochés aux murs parmi des affiches et des photos d’équipes féminines de multiples sports : le bar s’approvisionne uniquement auprès d’entreprises appartenant à des femmes et l’établissement propose des salles de bains non genrées, afin de respecter sa vision inclusive.
Des murs aux assiettes, en passant par les verres, The Sports Bra met les femmes à l’honneur. La nourriture est une partie importante de l’identité du bar et de celle de Jenny : après qu’elle s’est rompue les ligaments croisés alors qu’elle jouait au basket-ball en équipe universitaire, la cuisine devient son plan B. Durant 15 ans, elle gravit les échelons de la scène culinaire de Portland.
Au Sports Bra, le menu propose des plats de pub traditionnels avec des options végans et végétariennes. Même ses cocktails sont un clin d’oeil aux sports féminins — dont une boisson au gin appelée « Triple Axel » en hommage à Tonya Harding, une patineuse artistique originaire de Portland !
Et au Sports Bra, le succès est déjà au rendez-vous, comme le confie avec surprise Jenny à Good Morning America.
« Je n’avais aucune idée de l’impact sur une telle diversité de personnes. Il y a des personnes qui n’ont jamais aimé le sport… Elles disent qu’ils n’ont jamais vu de match de sport de leur vie, mais qu’elles veulent être ici chaque jour, tout simplement à cause de mon engagement. »
Le sport et les femmes, ce gros sujet
Évidemment, ouvrir un bar ne résoudra pas directement le problème du genre dans la couverture sportive. Mais Jenny espère que son projet chamboulera au moins les mentalités — un match à la fois.
Car selon la Women’s Sports Foundation, le renforcement de la visibilité est un élément clé pour augmenter la participation des jeunes femmes aux sports. D’après leur dernier rapport, lorsqu’une fille atteint l’âge de 14 ans, elle est deux fois plus susceptible d’abandonner le sport qu’un garçon. Et si elle est racisée ou qu’elle appartient à la communauté LGBTI+, les taux d’abandon doublent. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir !
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Image en Une : © The Sports Bra – Instagram
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Les Commentaires
La couverture médiatique du sport féminin s'améliore depuis quelques années mais c'est encore famélique.
Après en général, les sports hors foot et rugby ont peu de visibilité médiatique ce que je trouve honteux globalement notamment sur les chaînes publiques. Les chaines privées, je peux comprendre qu'elles cherchent à avoir le plus d'audimat possible mais les chaines publiques se devraient de diffuser des sports moins connus.