Laissez-moi vous raconter Singapour, cette ville-île-État dans laquelle je déambule tranquillement depuis quelques jours. Ce n’était pas une étape prévue dans le plan de voyage initial. Pour moi, Singapour était avant tout un arrêt pratique entre deux vols pour explorer l’Asie ; pour ma tante (qui en a vu pas mal), c’est la plus belle ville du monde ; pour pas mal de voyageurs croisés à Bali, c’était un endroit cher et où l’on s’ennuie vite. Difficile de s’en faire une opinion, avant d’en avoir fait le tour.
Singapour, une bien belle ville
Je pense que Singapour est arrivée pile au bon moment dans ce voyage. Après six mois de périple à travers trois continents, à aller d’inconnu en inconnu, une ville moderne, sûre et propre, où je comprends les codes et retrouve quelques repères, ça fait du bien. C’est certain, l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont aussi des pays de type « occidental », mais nous y étions toujours en mouvement, pour pouvoir en découvrir leurs divers aspects. C’est ça, l’avantage de Singapour : c’est une ville-état. Je m’y promène à pied ou en métro et je retrouve comme un semblant de routine pour deux semaines.
J’apprécie beaucoup m’y promener entre deux averses – ou sous la pluie, d’ailleurs, depuis que j’ai investi dans un parapluie. C’est la saison des pluies, on fait avec ! Chinatown est un quartier très vivant, Little India est un petit village coloré en plein cœur de la ville, les quais des rivières et de Marina Bay sont aménagés de manière fort agréable, et les jardins au bord de l’eau, contenant des serres à l’architecture futuriste, sont impressionnants.
En parlant de jardins, le jardin botanique est très beau – et immense. Il contient toute une section, payante (5$ pour un adulte, 1$ pour les étudiants), consacrée aux orchidées. J’ai beau ne pas être une grande fan de ces fleurs, j’ai découvert des hybrides assez fascinants. J’ai dû passer 4 heures à flâner entre les bonsaïs, les palmiers et autres plantes, avant de me retrouver coincée sous un abri pour une heure pour cause d’orage.
Au niveau culturel, le Singapore Art museum n’est pas bien grand, mais j’ai trouvé la majorité des œuvres exposées de qualité. Et j’ai été conquise par l’expo Art In the Brick de Sawaya, qui ne sculpte qu’en Lego, à l’Artscience Museum. Peut-être parce qu’à la fin, des briques sont à notre disposition pour retrouver notre âme d’enfant et construire vaisseaux spatiaux ou autres bâtiments plus ou moins bancals.
Un nouvel an surprenant
S’il y a bien une chose dont je suis heureuse, c’est d’y être passé au moment du Nouvel An Lunaire (ou fête du Printemps).
Toute la ville, et en particulier Chinatown, est décorée de lanternes rouges, de branches couvertes de fleurs roses et de nombreuses festivités sont prévues pour fêter l’année du Serpent. Celles-ci ont débuté le 10 février au soir, avec un spectacle – plutôt inaccessible pour moi, puisqu’en chinois – suivi d’un superbe feu d’artifice sur la baie. Des pétards ont aussi éclaté toute la nuit dans le quartier chinois, où tous se retrouvaient en famille pour dîner et célébrer l’année à venir. À l’auberge, on m’a offert des mandarines, symboles de fortune si j’ai bien compris. Et pendant dix jours, je tombais régulièrement sur des danses du lion à l’entrée des boutiques et des restaurants : le lion « mange » une laitue et une enveloppe rouge contenant des pièces, et recrache la laitue, mais pas l’argent (il faut bien payer les danseurs !). Cela apporte bonheur, chance et prospérité au commerce. Les festivités durent 15 jours : la fête des lanternes en marque la fin.
Ce qui coince…
Malgré tout, Singapour me semble être l’équivalent en Asie du Sud-Est de Dubaï : une ville construite pour te divertir et te faire dépenser de l’argent. On trouve un centre commercial tous les trois pas. Vraiment, de partout. Boutiques de luxe, restaurants, bars hors de prix… C’est une torture quand on voyage avec un sac à dos pour unique bagage, et pendant un an. Et puis, je ne suis pas bâtie comme les jeunes femmes d’ici… Heureusement, j’ai finalement réussi à faire passer mes fesses dans un jean pour remplacer mon pantalon troué. Et puis, pour se nourrir, il y a des « food courts » à tous les coins de rue pour manger bien et pas cher : je fais une cure de brioches vapeur, raviolis, porc croustillant, poulet sauce aigre-douce, jus de canne à sucre ou autres fruits exotiques. Je me retiens de ne pas manger cinq fois par jour ! Mais dès que l’on veut sortir boire un coup ou danser, on se croirait de nouveau à Paris. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu une bière si chère. Ça fait mal au budget. Donc on boit avec modération.
Surtout, ce qui finit par lasser, c’est le fait que tout semble parfait. Il existe de nombreux interdits (mâcher du chewing-gum, fumer – quasiment – partout, etc. : j’en viens à me demander si je peux boire dans la rue), et rien ne dépasse. C’est sympathique après Bali, mais au bout de 8 jours, j’ai l’impression de me promener dans une clinique. Blanche, lisse et bien carrelée …
En conclusion, j’y passe un bon moment, je ne m’y ennuie pas, mais il est grand temps de passer à autre chose ! D’ailleurs, la Malaisie n’est qu’à deux pas …
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Les Commentaires
J'ai hâte de recevoir ton article ! En plus il y aura le double point de vue « expatriée à Singapour » (puisque ce n'est pas ton pays d'origine) et « la culture indienne VS celle de Singapour » (et on ne connaît pas forcément bien la culture indienne). C'est vraiment chouette de ta part de nous en parler !