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Carte postale de Fort McMurray, une ville canadienne unique

Yelena a passé trois mois dans une ville canadienne unique : Fort McMurray, où les salaires sont mirobolants. Un grand dépaysement enrichissant.

L’idée de partir au Canada a germé dans ma tête au début de l’année 2014 ; je cherchais alors un moyen simple et économique de séjourner dans ce pays.

En parlant de ma soif d’aventure canadienne à ma famille, j’ai pu entrer en contact avec un oncle éloigné qui vit à Fort McMurray avec ses trois enfants depuis quinze ans. Il m’a tout de suite proposé de m’héberger et de me nourrir aussi longtemps que je le souhaitais, à la seule condition que je parle français avec ses enfants et que j’amène ma petite touche de French culture dans sa maison.

C’était décidé : j’allais passer environ trois mois à Fort McMurray, entre septembre et novembre.

À lire aussi : Typologie des angoisses d’une future expatriée

L’arrivée à Fort McMurray

Je suis partie le 3 septembre 2014 pour un voyage de 7000 km en direction de l’inconnu. Le voyage fut long et froid, et dès mon arrivée j’ai senti que j’avais changé de latitude : en hiver la température peut descendre jusqu’à -50°C !

J’ai été accueillie dans une famille très chaleureuse avec laquelle je me suis tout de suite sentie très à l’aise. La communication a été très simple du fait que les trois enfants fréquentaient une école d’immersion française, ce qui en faisait de parfaits futurs bilingues !

Il m’a fallu quelques jours pour me remettre du décalage horaire et prendre le temps de découvrir cette ville.

Deux jours après mon arrivée, j’ai vécu ma première expérience de conduite au Canada. Feux tricolores, intersections, limitations de vitesse, boîte automatique… tout y est différent ! Mais dès que j’ai été acclimatée, je me suis lancée à la recherche d’un job de volontaire, histoire d’occuper mes journées et de parler un peu anglais (c’était quand même le but du voyage à la base…).

Être volontaire au Canada

Le Canada est un pays où les règles se comptent par milliers et où les papiers administratifs sont nécessaires à chaque fois que tu veux bouger le petit doigt. J’ai tenté ma chance dans plusieurs associations, mais en tant que touriste, avec juste un visa, c’était compliqué.

J’ai effectué les démarches nécessaires pour obtenir mon Criminal Record Check (un papier qui prouve que mon casier judiciaire au Canada est vierge), ce qui m’a ouvert les portes de l’école des enfants de mon oncle dans laquelle j’ai été bénévole en tant qu’assistante des maîtresses, de la kindergarten (maternelle) au grade 2 (CE1).

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Je fus tantôt avec des classe d’immersion en français, tantôt avec des classes complètement anglophones. J’ai ainsi appris à dire quelques trucs en anglais comme :

« Mets tes fesses sur ta chaise et fais ton travail, mon pote ! »

Je garde un super souvenir de cette expérience, et j’ai eu droit à de très beaux dessins pour mon départ que j’afficherai dans ma chambre dès mon retour en France.

La vie à Fort McMurray

On ne va pas se le cacher, on a connu plus folichon comme ville que Fort McMurray. Cette ville se compose de plusieurs quartiers d’habitations et d’un « downtown » caractérisé par une avenue centrale et des supermarchés énormes.

La ville compte aussi un très grand complexe de loisirs où l’on trouve une piscine, des murs d’escalade, des salles de fitness et des patinoires (la base !). J’ai pu profiter d’un automne très clément pour faire beaucoup de balades en forêt, car Fort McMurray se situe juste au milieu de la forêt boréale. Les activités sont limitées mais la vie communautaire est très active, et la ville essaie de faire bouger tout ça en créant quelques petits évènements ici et là.

À lire aussi : J’ai testé pour vous… vivre dans une résidence universitaire canadienne

Une ville extrêmement attractive

Vous allez me demander ce que font les gens là-bas… Eh bien en fait, ils travaillent ! Et ils viennent du monde entier pour ça. Si vous faites quelques recherches sur Internet, à commencer par cette présentation originale d’ARTE, vous pourrez comprendre l’enjeu de taille de la ville.

Fort McMurray est la ville qui connaît la plus grosse explosion démographique du continent Nord-Américain. Les quartiers poussent comme des champignons (expression sortie de derrière les fagots !), et les travaux rythment la vie de la cité.

Les habitants de Fort McMurray ont pour habitude de dire qu’il y a deux saisons chez eux : l’hiver et la saison des travaux ! Mais ce qui attire les gens ici, ce n’est pas la forêt ou les ours, c’est l’argent. Le sol de l’Alberta, et particulièrement celui du nord, est composé de sable bitumineux (comprenez pétrole et donc dollars). Selon Wikipédia, la ville est « située sur la plus grande réserve de sable bitumineux au monde ».

Au nord de la ville, les mines d’extraction de ce sable bitumineux sculptent le paysage et donnent une atmosphère assez particulière.

Le salaire y est impressionnant : en moyenne 3000$ par semaine pour un ouvrier général, et plus pour un employé qualifié. Cela explique tout de suite assez bien pourquoi tout le monde veut venir travailler à Fort McMurray.

Le revenu moyen par année y est de 150 000$, et le seuil de pauvreté est fixé à 60 000$. Avec un revenu par habitant aussi important, il est facile de croire que le coût de la vie est extrêmement élevé et que l’on peut facilement payer un loyer de 3000$ par mois pour une petite maison…

Les particularités sociales de Fort McMurray

L’argent qui coule à flots (à l’image du pétrole) amène son petit lot de particularités. Le schéma familial est souvent le suivant : le père de famille travaille et gagne de l’argent pour subvenir aux besoins de sa famille, tandis que la mère reste à la maison pour s’occuper des enfants. Et en même temps, à 1 200$ par mois le service de garderie, on comprend l’intérêt de ne pas travailler pour l’un des parents !

On voit beaucoup de familles où le père a son pick-up (appelé un « truck »), tandis que la mère roule en familiale. On se croirait dans certaines séries américaines !

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C’est l’idée.

Bien sûr, je ne parle pas de toutes les familles de Fort McMurray, puisqu’on trouve aussi des familles venues des quatre coins du monde, avec une culture et des modes de vie bien différents.

On trouve aussi des hommes (et quelques femmes) originaires de tout le Canada, qui vivent dans ce qui est appelé ici «

les camps », où les employés sont logés et nourris directement à proximité des mines. Ces personnes viennent faire de l’argent, ils travaillent par période de 21 jours et rentrent chez eux pendant leurs « days off ».

Et la culture canadienne alors ?

La culture de Fort McMurray est, il me semble, énormément influencée par la culture de masse à l’américaine. La priorité de la ville est surtout d’agrandir le territoire, de loger les arrivants et de construire des axes routiers. L’heure n’est pas à la « culture intellectuelle » ! Fort McMurray compte un musée, dédié aux sables bitumineux, et quelques attractions touristiques qui sont souvent fermées. L’art, au sens où nous pouvons l’entendre en France, n’est pas encore arrivé jusqu’à la ville…

Si les œuvres d’art manquent encore, les énormes voitures américaines se comptent elles par milliers ! Puisque la culture de Fort McMurray, c’est l’opulence ! Il n’est pas rare de constater dans une famille que chaque habitant de 4 ans ou plus possède son propre iPad, par exemple. J’ai aussi vu devant une maison deux Mustang GT500 ; l’une était rouge, l’autre bleue (histoire de toujours être assorti•e à ses vêtements !). Chacun•e possède aussi son quad pour l’été, et son scooter des neiges pour l’hiver.

L’autre passe-temps très répandu à Fort McMurray est la chasse et le commerce de la fourrure (Brigitte Bardot, si tu me lis…). Je trouvais ce folklore local assez sympa au début, mais comme j’ai tendance à œuvrer pour la protection des animaux, j’ai assez vite arrêté de m’y intéresser.

Une expérience singulière et enrichissante

Si vous avez la chance (car c’est une chance, si si) d’aller à Fort McMurray, vous aurez l’occasion de voyager dans de nombreux pays sans quitter la ville. J’ai rencontré des gens du Vénézuéla, du Japon, d’Égypte, de Colombie, du Bangladesh, de Moldavie, du Sénégal… et j’en passe !

Toutes les cultures sont ainsi représentées dans cette ville de 100 000 habitants. J’ai rencontré des institutrices et des mamans adorables avec qui j’ai noué des liens. J’ai aussi rencontré quelques personnes de chez nous : un Français malheureusement très con, et une Française avec qui j’ai par contre passé de très bons moments.

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J’ai eu l’opportunité d’aller deux fois à Edmonton, c’est tout de même cinq heures de route dont 300 kilomètres au milieu de la forêt — une expérience intéressante. J’ai aussi fait un long week-end de randonnée à Jasper dans les Rocheuses.

À lire aussi : J’ai testé pour vous… le Permis Vacances-Travail dans l’Ouest canadien

Et maintenant ?

Voilà maintenant un mois que j’ai retrouvé le sol ma Haute-Savoie natale, après un autre voyage. J’ai eu le temps de laisser décanter cette expérience et d’en tirer quelques enseignements.

Ce voyage en solitaire m’a permis de m’ouvrir aux autres et de m’intéresser à de nombreuses cultures. J’ai toujours fait confiance à la vie pendant ces trois mois, j’ai accepté toutes les expériences qui se sont présentées à moi, quitte à être déçue. C’est comme ça que je me suis retrouvée à passer un week-end en montagne avec un con, mais tant pis !

Ma conscience écologique a pris un bon coup à Fort McMurray : la forêt boréale est amenée à disparaitre prochainement au profit de l’extraction de sable bitumineux et les consciences ne sont pas éveillées à l’écologie. Je suis donc revenue encore plus impliquée que jamais dans la protection des ressources.

Le dernier point très positif de ce voyage, c’est l’envie de repartir déjà à la découverte d’autres contrées lointaines ! J’ai adoré le Canada, un tas de choses là-bas sont mieux qu’en France… et pourtant, je suis revenue plus amoureuse que jamais de mon pays.

Pour aller plus loin…

  • Les informations et statistiques viennent de radio-canada !
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Les Commentaires

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Avatar de Sleepyhead
24 février 2015 à 11h02
Sleepyhead
Merci pour ce témoignage, j'ai moi-même pus passer quelques temps et ça m'avait beaucoup plus !
J'avoue par contre n'avoir jamais entendu parler de Fort McMurray, et j'apprécie d'avoir un peu pus découvrir autres choses que Montréal ou Toronto grâce à cet article.
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