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Culture

Ce que l’affaire Caroline & Safia nous apprend sur l’amitié — La leçon de la semaine, par Sophie Riche

Caroline et Safia, deux youtubeuses reusta, se sont séparées, amicalement et professionnellement. Et on a des trucs à en tirer.

Article initialement publié le 11 avril 2016

Depuis quelques années, certain•es youtubeur•ses célèbres nous proposent, en plus de leur chaîne principale et professionnelle, de partager un peu de leur vie privée à travers les vlogs. Ce qu’ils/elles veulent, bien sûr ! Ils/elles savent mettre les limites là où ils/elles le souhaitent.

J’en suis quelques-un•es, je l’avoue parfois en rosissant un peu de gêne comme si c’était sale. C’est vrai qu’il ne se passe pas grand-chose dans ces blogs, mais après tout faut que j’arrête de me juger : je fais ce que je veux.

Je suis des gens dont je ne regarde presque jamais les vidéos puisqu’elles ne correspondent pas tellement à mes centres d’intérêts.

À lire aussi : J’assume… de ne pas tout assumer — La leçon de la semaine, par Sophie Riche

Je suis les vlogs de la discrète et organisée EnjoyPhoenix (ça me fascine tellement je suis tout l’inverse) que j’ai pas mis longtemps à trouver super attachante. Je suis ceux de Zoella et de son cher et tendre, Alfie, qui semblent avoir la bonne humeur et la bonne vanne greffés à leurs chevilles de couple superstar d’Internet.

À lire aussi : EnjoyPhoenix et son succès : pourquoi tant de haine ?

Et puis de temps en temps, depuis peu, je vais vers ceux de Caroline et Safia, ces deux jeunes femmes au grand sourire, aux habitudes alimentaires saines et au corps et à la chevelure de magazine qui semblent gérer leur carrière avec un professionnalisme et une aisance dingues.

Caroline et Safia sont – étaient – amies depuis dix ans. Elles ont lancé leur chaîne YouTube commune il y a environ trois ans, y donnant leurs conseils fitness, coiffure, beauté, alimentation.

Elles ont réuni à ce jour plus de 828 000 abonné•es et décroché de nombreux partenariats.

Une collaboration lucrative et efficace : elles ont réuni à ce jour plus de 828 000 abonné•es et décroché de nombreux partenariats plus classes que la plus classe de tes chaussures. Elles ont même été colocataires pendant de nombreux mois, en plus d’être associées et amies.

À lire aussi : Les youtubeurs, le mépris des médias et le concept de « vrai métier »

Alors, quand elles ont annoncé qu’elles partaient vivre en Espagne, mais dans des villes différentes, j’ose croire que leurs fans n’ont pas été trop sceptiques en les entendant déclarer que ça n’allait rien changer, que la chaîne continuerait d’exister, qu’elles resteraient potes et continueraient à bosser ensemble.

https://youtu.be/3wW7GnU2u8A

Sauf que voilà. Mardi soir, quelques mois après leur emménagement avec leurs amoureux respectifs à Valencia et Barcelone, Caroline publiait une vidéo, le visage grave, pour annoncer non seulement que leur union professionnelle et amicale était terminée, mais qu’en plus, Safia était à l’origine de cette séparation.

La vidéo n’a pas l’air préparée, tant au niveau de l’image qu’au niveau de l’absence de pondération des propos (ce qui ne veut pas dire qu’elle ne l’est pas, préparée, ah ouais) (j’veux dire, j’étais pas là lors du tournage hein, j’vais pas affirmer des trucs sans prendre de pincettes).

carosafia

Caro & Safia, tout en pipouterie quand elles étaient encore copines comme cochons.

Ont suivi : des réponses et accusations pas mal vénères de chacune d’elles sur Snapchat, sur YouTube, puis via le blog de Caroline, de façon publique, sous les yeux de leurs fans (se sentant peut-être comme un•e enfant qui regarde ses parents se disputer) là plus par curiosité que par réel intérêt. J’en suis.

Et je trouve qu’on peut en tirer pas mal d’enseignements.

Comme pour Caroline et Safia… Les ruptures amicales, c’est comme les ruptures amoureuses

Dans la rupture amicale et professionnelle de Caroline et Safia, on peut compter…

  • une vidéo avec des larmes dans la voix pour annoncer la séparation non voulue
  • une conversation publique et agressive sur Snapchat, où l’on n’est pas loin des insultes
  • une vidéo de Safia où elle fait part de ses nouvelles envies professionnelles, plus axées sur l’écologie notamment, mais où elle explique aussi qu’elle se sentait mal dans son amitié longue de dix ans avec Caroline
  • un post, toujours sur le blog de Caroline, qui dévoile des messages privés de Safia
  • des gens qui ont un avis sur la situation
  • des phrases de type « Tes ami•es, je les sens pas depuis le début » ou « Mes ami•es ne t’aiment pas et ne voient pas ce qu’on avait à faire ensemble ».

Et en plus, elles ont même un tatouage en commun pour rendre hommage à leur amitié. On dirait que le couple phare de la classe ou de l’entreprise vient de se séparer, c’est pareil !

En même temps, normal : s’il y a un truc à jamais minimiser, c’est la douleur que provoquent les ruptures amicales.

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Pour pouvoir faire preuve d’un peu plus d’empathie, il faut bien toujours se souvenir de l’importance des ruptures amicales, qui font tout autant chialer des litres et déchirer des cœurs que des ruptures amoureuses.

Une personne avec qui tu as tout partagé qui décide de te sortir de sa vie et de sortir de la tienne, ça fait mal, que tu aies eu des relations sexuelles ou projets d’emménagement avec ou pas.

L’affaire Caroline et Safia — de l’importance de se mettre à la place de l’autre

Ne connaissant pas personnellement les deux youtubeuses, je ne peux que m’appuyer sur mes impressions en regardant leurs snaps et vidéos d’explication.

De mon point de vue, y a un tel fossé entre les deux qu’on aurait beau coller les unes à côté des autres toutes les fissures anales du monde, ça serait moins large.

Intermède musical : leur tube de l’été qui reste en tête mille ans minimum, avec la chaîne BodyTime.

D’un côté, il y a Safia, celle qui semble avoir fait le processus de séparation dans sa tête depuis un moment et a pris suffisamment de recul pour prendre autant de hauteur que possible par rapport à tout ça.

Elle réussit à en parler calmement et en gardant le sourire, après avoir pris le temps de demander conseil à son mec, sa famille, ses amis et des gens dans la communication.

De l’autre, il y a celle qui a du mal à faire le deuil de son amitié et voit probablement son rêve de succès prendre fin (alors que sérieux, en solo ou à deux, j’suis sûre qu’elles cartonneront tout autant voire plus, l’une comme l’autre).

C’est aussi celle qui prend, peut-être* sous le coup de l’émotion, des décisions peut-être* trop hâtives (comme celles d’annoncer sans son binôme et sans même le prévenir l’arrêt de leur collaboration à leurs fans communs ou de dévoiler leurs échanges privés).

Tellement à fleur de peau que ça me donne envie d’écouter du Vitaa, putain.

*J’insiste sur le « peut-être » : si ça se trouve, cette manière de communiquer est préparée et réfléchie à la microseconde près. QU’EN SAIS-JE ?

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Comme dans l’histoire de Caroline et Safia… Mettre au courant l’autre, c’est primordial

Clairement, c’est tout pareil qu’un•e quitteur•se et un•e quitté•e dans une relation amoureuse. Il y a celui/celle qui a déjà réfléchi, avant de prendre sa décision, qui s’est déjà posé toutes les questions et a déjà probablement toutes les réponses (ou au moins une bonne partie) avant de décider l’éloignement.

Et puis y a l’autre, qui peut-être ne s’attendait pas du tout à cette décision, ou qui l’a senti venir et a vainement essayé, avec l’énergie du désespoir, de raviver la flamme.

À lire aussi : Les premières heures post-rupture : guide de survie

Ce qui me fait dire qu’il vaut mieux ne pas attendre que celui/celle qui ne souhaite pas l’éloignement soit obligé•e de quémander une mise à niveau comme ça semble être le cas ici (Caroline aurait en premier lieu envoyé une lettre à Safia pour lui faire part de son inquiétude et pour lui demander ce qui n’allait pas dans leur amitié – source : le post publié sur le blog de Caroline) (je rappelle dans un raclement de gorge gêné que ceci n’est pas un article journalistique).

Mais prévenir l’autre dès le début, pour que tout le monde ait les mêmes chances de se préparer à la séparation, souhaitée ou non, c’est tout de même plus sympa.

Je sais pas toi, mais personnellement ça me rappelle toutes les fois où, dans ma vie amoureuse passée, j’ai osé demander à mes ex après des semaines à essayer de trouver normaux leur silence et leur comportement lointain « Bon, je vois bien qu’il y a un truc qui va pas. Qu’est-ce qui se passe ? » et que je me voyais répondre « Ah ouais au fait j’ai oublié de te dire, j’te quitte lol ».

À lire aussi : Ce que je retiens de ma relation toxique, trois ans après

Ça fait pas de la personne qui souhaite quitter une mauvaise personne : il est important de se séparer des gens quand la relation qui unit ne permet pas de s’épanouir.

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La communication, c’est quand même la clé. LA CLÉ !

Mais prévenir l’autre dès le début, pour que tout le monde ait les mêmes chances de se préparer à la séparation, souhaitée ou non, c’est tout de même plus sympa. Ça fait moins mal.

La communication, bordel, dans le bonheur d’être ensemble comme dans les prémices de rupture, c’est quand même la clé. LA CLÉ ! Remercions Caroline & Safia de nous le rappeler.

À lire aussi : Les passages-clés d’une amitié

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Caro & Safia, tout en pipouterie quand elles étaient encore potos comme moi et mes Kinder Bueno.

Ne pas prendre parti, même du côté de Caroline et Safia

Jamais. C’est, dans ce cas de figure, plus facile quand nous ne sommes pas fans des deux youtubeuses, certes. Mais j’ai envie de dire : même si Britney Spears et Justin Timberlake se séparaient demain, faudrait savoir faire la part des choses. (Comment ça, ça fait des plombes qu’ils sont plus ensemble ? Laisse-moi vivre dans le déni estépé.)

À lire aussi : Pourquoi Justin Timberlake doit sortir avec moi et pas avec Ashley Olsen

Parce que ce qui se passe, maintenant, c’est pas seulement que Caroline et Safia ne sont plus BFF, c’est qu’elles sont dans un sacré bordel professionnel.

Elles ont ouvert une chaîne à deux, qui leur appartient. Safia souhaitant partir et voler en solo dans une chaîne à elle toute seule, elle ne veut plus que Caroline se serve de leur chaîne commune et utilise ainsi son nom et les abonné•es qu’elles ont eu•es à deux.

Normal. Normal aussi que ça brise le cœur de Caroline, très attachée à sa communauté et à sa chaîne. Les deux aspects sont compréhensibles, et aucune des deux ne mérite d’être insultée ou descendue par les supporters de l’autre comme j’ai pu le voir dans leurs commentaires (tout comme quand les gens se séparent après une relation amoureuse, amicale ou professionnelle dans la vie).

En revanche, et là encore, comme dans la vie, toutes deux méritent de recevoir des encouragements de ceux et celles qui ont envie de leur donner.

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À lire aussi : La bienveillance sur Internet, le débat en replay de la Nuit Originale

J’ai envie de leur faire un check en souriant, parce qu’autant j’y connais rien pour leurs affaires d’adulte et de business, mais autant amicalement, je me suis déjà retrouvée à la place de celle qui provoque l’éloignement ou de celle qui le subit, et que je sais que c’est drôlement pas cool.

À lire aussi : Ces erreurs que je ne reproduirai plus avec mes amies

Et j’espère pour elles qu’un jour, peut-être dans un mois, peut-être dans dix ans, une fois les ressentis passés et les excuses prononcées et acceptées, elles reviendront sur cette expérience après avoir repris contact dans une vidéo à deux et exceptionnelle, sur leurs chaînes personnelles.

C’est tout le mal que je leur souhaite, ça clôturerait de manière bien plus chouette leur collaboration et ça serait foutrement intéressant.

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À lire aussi : L’amitié à l’âge adulte, épisode 2 — Synchronisation des montres


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

50
Avatar de Destiel Mok´
15 avril 2016 à 00h04
Destiel Mok´
@Mrs.spock ton message rejoint le mien et parce que ces théories foireuses des "filles sont des pestes" les filles s'y roulent (moi comprise hein... franchement de mom côté je relève pas toujours le niveau ) je trouve juste dommage qu'encore une fois le patriarcat nous fasse adopter des attitudes stéréotypees.
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