Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe !
Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Caroline qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Caroline
- Âge : 28 ans
- Métier : auto-entrepreneuse en tant que coach sportive, sténographe et rédactrice web
- Salaires mensuels du foyer : 2 600€ en moyenne pour son entreprise, une fois les cotisations de l’URSSAF déduites
- Lieu de vie : un appartement qu’elle loue à Paris
Les revenus de Caroline
Il y a deux ans, Caroline a décidé de quitter son emploi salarié pour une reconversion professionnelle.
« Je n’aimais pas l’univers de l’entreprise, et j’avais l’impression de ne pas être payée à ma juste valeur. Après mon double master en édition et en philosophie, j’ai donc repassé un diplôme sportif (le BPJEPS AF) pour travailler entièrement à mon compte en tant que coach sportive à domicile pour des particuliers. »
Cette activité représente 85% du chiffre d’affaire de son auto-entreprise. Elle le complète par deux autres types de mission : de la sténographie pour des procès verbaux d’entreprise, et de la rédaction web pour un site sur le sport.
En tout, cela représente un chiffre d’affaire mensuel qui varie entre 2 800 et 3 800 euros, duquel elle retire 22% de cotisations à l’URSSAF. Son revenu net varie donc entre 2 200 et 3 800€ chaque mois. Elle en calcule la moyenne annuelle à 2 600€, un salaire qu’elle estime confortable.
« Je m’estime bien payée pour ma profession, que ce soit en coaching sportif ou en tant que sténographe, puisque je gagne entre 50 et 60 euros par heure. Les très bons mois, je peux gagner jusqu’à 3 400€ pour 25 heures de travail hebdomadaire.
Bien sûr, avec ce salaire, je dois prévoir les mois où je travaille moins et où je peux perdre une partie de mon revenu, et je suis obligée de mettre de côté pour pouvoir partir en vacances, notamment l’été qui est une période creuse.
Je vis néanmoins beaucoup plus confortablement qu’il y a deux ans, quand j’étais salariée en CDD avec un salaire de 1 700€ par mois pour 35h par semaine. »
À ce salaire s’ajoute un revenu locatif qu’elle perçoit pour un appartement dont elle est propriétaire en Touraine.
« Après le décès d’un membre de ma famille, j’ai hérité d’une somme d’argent qui m’a permis d’acheter cet appartement que je loue 394 euros par mois, ce qui me fait un bon complément de revenu. »
En tout, la moyenne des revenus de Caroline s’élève à 2 994€ par mois.
Le rapport à l’argent de Caroline
La jeune femme raconte avoir eu deux modèles de gestion de l’argent assez différents de la part de ses parents :
« Ma mère est directrice d’agence bancaire, et je dois dire que ça aide plutôt bien à apprendre à gérer son argent ! Mais je sais aussi que je me suis toujours reposée sur elles pour les questions ayant trait à la gestion de mes comptes, et aujourd’hui encore je sais que je ne suis pas totalement autonome.
Elle m’a toujours invitée à me faire plaisir, et sa vision des choses est que l’argent est fait pour être dépensé. Je trouve ça plutôt cool, car économiser comme Picsou n’a pas vraiment d’intérêt à mon sens.
Mon père, à l’inverse, comptait aux centimes près et ça plombait parfois les vacances, car il n’arrivait pas à se faire plaisir sans culpabiliser. Je crois que cela m’a marqué et qu’aujourd’hui, j’ai envie de pouvoir me faire plaisir. »
Elle raconte avoir longtemps été à découvert dans sa vie de jeune adulte :
« Quand j’étais étudiante et au début de ma vie professionnelle d’éditrice, mon loyer représentait 60% de mes revenus et je n’arrivais pas à me priver de sorties. J’avais aussi très peur de regarder mes comptes, et je ne regardais mes dépenses qu’une fois par mois…
Aujourd’hui, mon rapport à l’argent a changé : non seulement je gagne mieux ma vie, mais je suis aussi obligée de tenir une comptabilité et de faire des budgets prévisionnels pour anticiper les mois à venir, donc je gère beaucoup mieux mon argent »
Les dépenses de Caroline
Sans surprise vu la localisation de son appartement, le premier poste de dépense de Caroline est son loyer. Pour un studio de 25m2 proche du champs de mars à Paris, elle paie 1 016€ par mois soit un tiers de ses revenus.
À cela s’ajoutent 27€ de facture d’électricité, et 300€ de courses qui incluent l’alimentation, les produits ménagers et les produits d’hygiène.
« Pour économiser, je ne vais que dans des magasins Discount type Lidl et Aldi. Je fais très attention à mon hygiène de vie mais j’ai réussi à trouvé un bon compromis en prenant les gammes BIO de ces deux enseignes qui sont très correctes et sont trois fois moins chères que Naturalia ou Biocoop. »
Chaque mois, elle rembourse aussi des crédits liés à ses diplômes pour lesquels elle a dû s’endetter :
« Je rembourse un prêt étudiant de 5 000€ pour lequel je suis engagée jusqu’en 2025 pour mon diplôme de coach sportif .
Pour diversifier encore plus mon champs de compétence, je suis aussi actuellement une formation au massage bien-être pour des particuliers à domicile. »
En tout, cela représente 320€ par mois. Elle compte aussi, dans ses charges fixes, 75€ mensuels pour son abonnement aux transports en commun, et 21,90€ de frais bancaires.
Non soumise au prélèvement à la source puisqu’elle est auto-entrepreneuse, Caroline paie 112€ par mois d’impôts. Le studio dont elle est propriétaire lui coûte 66€ de charges.
Enfin, elle dépense 80€ par mois pour plusieurs assurances : celle de l’appartement dont elle est propriétaire, celle de celui qu’elle loue, une assurance garantie des accidents de la vie, et une assurance professionnelle.
Des craquages sportifs
Caroline le raconte, ses plus grands craquages sont souvent liés à sa passion pour le sport.
Je suis passionnée de sport que je pratique à raison de 15 heures par semaine. La plus grosse partie de mes économies y passe, pour le matériel, les vêtements, les compétitions…
Elle estime son budget sport à 5 000€ par an, ce qui comprend une licence d’athlétisme en club (170€ l’année), des dossards pour les compétitions auxquelles elle participe, ainsi que les trajets et l’hébergement sur place (1 800€ chaque année), une paire de chaussures techniques par an (les plus chères pouvant aller jusqu’à 300€).
En plus de l’athlétisme, elle est aussi inscrite à une salle de sport (25€ par mois) et une salle d’escalade (280€ par an). Elle paie aussi des séances de cycling (240€).
Pour elle et son conjoint, les vacances d’été sont aussi une période où découvrir de nouvelles activités :
« En août, nous avons prévu avec mon compagnon de faire de l’alpinisme. Le guide et le matériel vont faire grimper la facture à 1 000€ par personne pour seulement 5 jours. C’est ce genre de dépense que j’appelle un craquage, et elles ont toujours un lien avec le sport. J’aime Paris, mais parfois j’étouffe, et je suis prête à payer le prix pour juste pouvoir me défouler à la montagne ou à la mer…
Mais je suis consciente que ce n’est pas toujours raisonnable et que si je souhaite avoir d’autres projets un jour il faudra que je réduise ces dépenses parfois excessives. »
En tout, elle compte donc environ 400€ par mois pour ses dépenses loisirs, qui incluent aussi un restaurant ou un concert mensuel. Elle s’achète aussi des livres, pour une quarantaine d’euros chaque mois, cinquante euros pour les vêtements, et cinquante euros pour des cadeaux à ses proches.
« Je ne suis pas de nature très économe »
Caroline explique ne pas être très économe de nature, mais avoir appris à faire attention :
« Ces dernières années, j’ai appris à me serrer la ceinture pour pouvoir prendre des vacances.
Quand je ne veux pas avoir l’impression de me priver, mon moyen d’économiser est donc de rogner sur le confort. »
Elle estime que selon ses revenus, elle peut économiser entre 50 et 500€ par mois, pour des projets encore indéterminés :
« Mes projets changent souvent, mais j’aimerais bien être propriétaire de ma résidence principale un jour. En tant qu’auto-entrepreneur, je dois attendre 3 ans pour pouvoir faire une demande de prêt auprès de la banque, et il faudra que je quitte la région parisienne pour avoir des prix abordables… Avec le risque de ne pas retrouver autant de clients ailleurs. Je réfléchis donc pas mal à la question.
J’aimerais aussi beaucoup faire un grand voyage d’au moins 6 mois autour du monde mais pour cela je sais qu’il va falloir que j’arrive à mettre beaucoup plus de côté que ce que je fais aujourd’hui donc d’une façon ou d’une autre de rogner sur mes loisirs ou de travailler plus tous les mois. Mais je ne me sens pas prête pour le moment à sacrifier mon confort de vie et ma liberté actuelle. »
Merci beaucoup à Caroline d’avoir répondu à nos questions.
Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.
Pour participer à la rubrique, écrivez-nous à l’adresse : jaifaitca[at]madmoizelle.com en indiquant en objet « Règlement de comptes » et en vous présentant en quelques lignes.
Image en une : © Pexels/Jonathan Borba
Les Commentaires