Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, Carole a accepté d’éplucher ses comptes pour nous.
- Prénom : Carole
- Âge : 39 ans
- Métier : Assistante de direction
- Salaire net mensuel après prélèvement à la source : 2 500 €
- Vit avec : sa fille de 4 ans et leur lapin
- Lieu de vie : un appartement dont elle est locataire à Schoelcher, en Martinique
Les revenus de Carole
Carole est assistante de direction dans un grand groupe, où elle est embauchée depuis 4 ans en CDI pour 40 heures de travail par semaine. Avant prélèvement à la source, elle touche 2800 € par mois soit 2 500€ nets. Un salaire qu’elle s’estime chanceuse de percevoir :
« Je m’estime très bien payée par rapport aux salaires moyens ici, en Martinique. Ma direction a été très clairement sensible à ma situation de mère célibataire lors de la négociation de mon salaire ; c’est un groupe avec de belles valeurs familiales et je pense que je n’aurais pas touché autant ailleurs. Dans ma catégorie de métier, les gens sont souvent au SMIC et vu le coût de la vie, c’est très difficile de s’en sortir. »
Son employeur lui verse ponctuellement des primes dont les montants peuvent varier, qu’elle préfère ne pas intégrer à son budget mensuel. Séparée du père de sa fille de 4 ans, dont elle a la garde exclusive, elle perçoit 200 € de pension alimentaire par mois.
« Le père de ma fille vit à l’étranger et ne vient qu’une fois par an, donc je ne connais pas la garde alternée. Mais il a reconnu son enfant, donc je n’ai droit à aucune aide et paie tout au même titre qu’une famille à deux parents ! Je trouve le système un peu injuste avec nous, les mères célibataires… »
Le rapport à l’argent de Carole
Dans la famille de Carole, l’argent n’a jamais été un sujet : elle explique ne jamais avoir manqué de rien.
« Mon père épargne beaucoup et nous a transmis ce besoin de sécurité ; ma mère est plus dépensière et vit au jour le jour ; je crois que je suis un peu des deux !
L’argent ne me stresse pas, je fais attention et garde la tête sur les épaules. Quand il y en a, j’en profite. Quand il n’y en a pas, je fais avec sans me rendre malade. J’ai déjà connu des situations très difficiles et j’ai toujours réussi à m’en sortir. »
Chaque début de mois, elle fait ses comptes et calcule son reste à vivre. Ensuite, elle surveille ses finances chaque jour pour éviter les mauvaises surprises. De manière générale, elle s’estime bien lotie :
« Ma fille ne manque de rien, mais nous ne vivons pas dans le luxe non plus, car en Martinique, tout est cher !
Je ne me plains pas parce que je sais que je suis une mère célibataire plus que privilégiée, et je pense très souvent aux autres en me demandant comment elles font ici. Cela dit, quand je travaille parfois plus de 50 heures par semaines et que je dois peser le pour et le contre avant de m’acheter un top à 20 €, je me dis qu’il y a de quoi se poser des questions… »
Les dépenses de Carole et de sa fille
Carole est locataire d’un appartement F3 de 86 m² depuis quatre ans. À la naissance de sa fille, elle a vendu son appartement F2 devenu trop petit.
« J’espère pouvoir racheter un F3 mais pour le moment, je n’ai pas réussi à me constituer un apport suffisant et les prix de l’immobilier sont excessifs ici. Je vis en ville dans une zone assez résidentielle et cela me pénalise beaucoup : je pourrais acheter ailleurs, mais je suis obligée de rester près de chez mes parents qui récupèrent ma fille à l’école le soir, sinon l’organisation devient compliquée. »
Son loyer est de 883 € par mois charges comprises, auxquels s’ajoutent 250 € de factures courantes (pour l’eau, l’électricité et le gaz). Elle estime que ses abonnements ont un coût mensuel très élevé : 45 € pour accéder à la télévision, 40 € pour son téléphone, et 60 € pour son abonnement internet (fibre).
« Je trouve ce budget trop élevé. Avant, il n’y avait presque pas de concurrence donc je n’avais pas trop de choix, mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas et il faudrait que je regarde ailleurs pour dépenser moins. Je n’ai pas encore eu le temps de m’y pencher. »
Ses frais fixes comprennent aussi 20 € par mois pour sa carte et son compte bancaire, et une centaine d’euros pour les assurances de son logement, sa voiture, et l’assurance scolaire de sa fille.
La cantine de sa fille, où elle déjeune la semaine, lui coûte 80 € mensuels.
« Les courses peuvent vite devenir un luxe »
En 2015 selon l’Insee, l’alimentation coûtait presque 40 % plus cher en Martinique qu’en France hexagonale. Une différence qui se ressent énormément sur le budget de Carole :
« L’alimentation coûte très cher ici. On doit faire très attention, car beaucoup de choses deviennent vite un luxe vu que presque tout est importé. J’essaye de me limiter à 300 euros par mois maximum mais en général, je dépense plutôt 350 €. C’est énorme vu ce qu’on achète : je mange à l’extérieur le midi avec mes tickets restaurants que je gère plutôt bien, et ma fille est à la cantine. Je n’achète que le nécessaire pour la maison, les goûters et petit déjeuner et le repas léger du soir.
Les prix en supermarché sont hallucinants : rien ne coûte moins de 3 euros. Un camembert Président, c’est à peu près 9 €, les produits d’hygiène sont hors de prix. Pour un gel douche Cadum de 150ml, je paie près de 7 €, un après-shampoing basique, c’est 12 €. »
Elle fait la plupart de ses courses dans des supermarchés ou en ligne, mais au vu des prix très élevés, elle n’y achète plus de fruits ou de légumes frais.
« Désormais, on fait du troc entre amis pour les fruits et légumes : nous sommes nombreux à pouvoir faire pousser des choses, et nous échangeons. »
Elle dépense environ 200 € d’essence par mois pour se déplacer, et décrit les transports en commun de sa ville comme « une galère sans nom ».
Les loisirs de Carole et sa fille
Chaque mois, Carole dépense 40 € pour les cours de danse classique de sa fille. Elle n’a pas de loisirs personnels :
« Avant, j’allais au yoga mais j’ai renoncé à mon abonnement qui me coûtait 80 euros par mois. Je ne fais pas vraiment de folie pour moi, je me prive de tout pour que ma fille ne manque de rien »
Elle compte 200 € de budget pour des sorties et des loisirs avec sa fille :
« On est souvent seules toutes les deux alors je fais tout pour qu’elle ne s’ennuie pas et on sort beaucoup ! Le week-end, on craque souvent sur un fast food ou un petit restaurant, un cinéma / spectacle… C’est un petit plaisir que je ne lui refuse pas. »
Elle compte sur les primes exceptionnelles de son employeur pour se permettre des dépenses un peu plus importantes : vêtements, ou voyages.
« J’épargne la plus grosse partie des rentrées d’argent exceptionnelles pour nous offrir quelques jours de vacances à l’hôtel de temps en temps. Vu le prix des billets, depuis sa naissance, nous n’avons réussi à partir qu’une seule fois… en Guadeloupe, à 45 minutes d’avion ! Ce qui m’a tout de même coûté plus de 1 000€ pour trois jours. »
L’épargne de Carole
La mère célibataire épargne chaque mois sur différents produits financiers pour protéger sa fille :
« Je mets 16 € par mois pour un capital garanti à mon décès, 115 € par mois sur une assurance-vie, et 60 € sur une assurance décès »
Une fois ses frais fixes, son épargne et ses dépenses courantes passées, s’il lui reste du budget, il passe souvent dans les petits imprévus : une paire de chaussures à changer, une invitation à sortir, ou un centre aéré pendant les vacances scolaires.
Elle possède aussi une épargne disponible sur laquelle elle ne verse pas d’argent régulièrement, seulement en cas de rentrée d’argent exceptionnelle. À l’avenir, elle aimerait pouvoir acheter un appartement, ou faire un investissement immobilier.
Merci à Carole d’avoir répondu à nos questions !
Règlement de comptes accepte tous les types de budgets et de profils. N’hésitez pas à participer en nous envoyant un mail avec une brève présentation à l’adresse [email protected].
Nous vous répondrons avec la marche à suivre !
Crédit photo de Une : Sai de Silva / Unsplash
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Les Commentaires
Mais je vois ce que tu veux dire par vérité détourné mais bon le coût de la vie dans les DOM TOM reste quand même très élevé par rapport à la métropole.
Et franchement vu que je connais pas la vie exacte de la personne qui a témoigné (ses horaires, à quel heure elle récupère son enfant), je vais éviter de la juger car par manque de temps aussi, je vais pas faire mes courses (drive ou non) à Leclerc quasiment tout le temps.