À l’heure où la censure d’Instagram autour des tétons féminins frise le ridicule, rappelons-nous que le corps des femmes dans l’art revient de loin…
Carmencita, 1ère vidéo censurée des États-Unis
Emily F. Rothman, professeure à l’Université de Boston, travaille en particulier sur les médias sexuellement explicites et leur impact sur les adolescents.
Au cours de ses recherches, elle est tombée sur cette archive de 1894 qui est considérée comme le premier film censuré aux États-Unis.
https://twitter.com/emrothman/status/1214917086729965568?s=12
D’après l’historien C. Musser, cité par la Library of Congress qui a mis l’extrait en ligne sur YouTube, cette danseuse espagnole nommée Carmencita fut la première femme à apparaître devant une caméra Edison.
Et oui, le numéro de cette gente dame qui danse en corset et froufrous a été considéré comme pornographique par certains et a précipité le débat autour de la censure.
Un pasteur de Boston estima notamment qu’elle était immorale et fit interdire sa diffusion dans les cinémas.
Pourquoi Carmencita était jugée porno ?
Dans son livre Straight : Constructions de l’hétérosexualité au cinéma, Wheeler W. Dixon rapporte que ce bref extrait documentaire était jugé comme « hautement sexuel », donnant lieu à de longs articles enthousiastes par des reporters masculins.
À la même époque, cet homme en slip qui contracte ses muscles pour le plaisir de la caméra Edison n’est pas inquiété de son côté.
En 1894 comme aujourd’hui, il semble que seul le corps des femmes puisse être accusé de susciter la tentation. Rien de nouveau sous le soleil, donc.
Historiquement, les contenus jugés sexuellement explicites ont été les plus visés par la censure, spécialement lorsqu’ils mettent en scène des femmes, et on peut imaginer les conséquences que cela a eu sur les représentations du plaisir féminin.
Peut-être qu’en 3020, la censure des tétons paraîtra aussi désuète que celle des chevilles de Carmencita…
Et toi, choquée par ce qui était vu comme choquant dans le passé ?
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