Dans les annales du Festival de Cannes, une soirée mémorable a eu lieu le 26 mai 2013 lorsque le film d’Abdellatif Kechiche, La Vie d’Adèle, a été couronné de la prestigieuse Palme d’Or. Mais ce qui a rendu cet événement unique dans l’histoire du Festival unique, c’est que cette récompense n’a pas été décernée à une seule personne, mais à trois : le réalisateur Kechiche et les actrices Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux.
Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux : deux prix d’interprétations pour une Palme d’or
Lorsque le jury, présidé par Steven Spielberg, a voulu attribuer le prix d’interprétation à Exarchopoulos et Seydoux en plus de la Palme d’Or, ils ont dû se confronter aux limites imposées par le règlement du Festival.
Plutôt que de laisser cette contrainte amoindrir leur intention, le jury a pris une décision historique en associant officiellement les deux actrices à la récompense suprême du festival.
Gilles Jacob, le président du festival à cette époque avait expliqué :
« Le jury souhaitait attribuer le prix d’interprétation ex æquo à Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, en plus de la palme d’or au film. Le règlement ne le permet pas. Le jury a décidé alors d’associer officiellement les deux actrices à la palme. Une première dans l’histoire du Festival. »
À cette occasion, deux nouvelles Palmes d’Or avaient été spécialement réalisées par Chopard. Lors d’une cérémonie émouvante dans les bureaux parisiens du festival, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux ont reçu leurs trophées avec une gratitude palpable, même en l’absence du réalisateur Kechiche, qui était invité.
Un réalisateur accusé d’agressions sexuelles et de harcèlement moral
Mais derrière les paillettes et le succès du film, se cache une réalité bien moins glorieuse. Et pour cause : si Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux continuent d’être deux des actrices les plus passionnantes du cinéma français, Abdellatif Kechiche a été accusé d’agressions sexuelles en 2018. L’affaire a été classée sans suite pour « infraction insuffisamment caractérisée » en 2020. Peu de temps après Cannes, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux avaient d’ailleurs qualifié le tournage de La Vie d’Adèle d’« horrible » et de « sans fin », insistant sur la « manipulation » que le cinéaste leur a fait subir et sur la violence dont il aurait fait preuve. Adèle Exarchopoulos avait alors confié : « La plupart des gens n’oseraient même pas demander ce qu’il nous demandait, et témoignent davantage de respect. »
Jul’ Maroh, l’artiste transféministe de la bande-dessinée dont est adapté le film a aussi déploré que le réalisateur ait rendu les scènes de sexe, chirurgicales et crues, loin de toute représentation de l’amour et du désir lesbien. Le réalisateur aurait cessé de répondre à ses messages une fois les droits de l’ouvrage cédé et ne l’aurait ni invité à Cannes, ni cité dans les remerciements en recevant la Palme.
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