Article publié le 21 janvier 2020
Ça part d’une bonne intention : en dénonçant une personne au comportement qu’on considère « problématique », on espère l’empêcher de nuire.
Mais la cancel culture atteint-elle toujours ses objectifs ? Et surtout : à quel prix ?
La cancel culture, c’est quoi ?
Difficile de trouver un équivalent français à ce terme. « Culture de l’annulation » ne signifie pas grand-chose.
On peut aussi parler de « boycott », ou comme Wikipédia de « culture du call-out »… d’autres mots empruntés à l’anglais, car cette dynamique vient des États-Unis.
Tu as peut-être vu passer sur Internet, même dans des contenus francophones, ce genre de phrase :
— Non mais J.K. Rowling elle est canceled, tout le monde le sait. — Après sa dernière vidéo, c’est bon, Jeffrey Star est totalement canceled.
« Canceled », un mot un peu fourre-tout qui veut dire, en gros, qu’une personne a tenu un propos ou accompli une action jugée comme « problématique ».
« Problématique » au regard des luttes pour l’égalité, le plus souvent : ça peut vouloir dire « sexiste », « raciste », « homophobe », « transphobe »…
Mais aussi, selon le contexte, « pas assez écolo », « trop macroniste » ou tout autre terme allant à l’encontre de la pensée dominante dans un groupe militant.
Cependant, cette « cancel culture » s’illustre principalement dans les luttes pour la justice sociale : les mouvements féministes, antiracistes, pour les droits des personnes LGBT, etc.
Être « canceled », ça veut dire quoi ?
Qu’arrive-t-il à une personne « canceled » ? Plusieurs choses :
- Elle est considérée comme « problématique » à tous les niveaux ; il est recommandé de ne plus l’écouter, l’inviter, lui prêter de l’attention
- Elle verra ce propos ou acte « problématique » mentionné encore et encore, peu importe ce dont elle parle ou ce qu’elle fait
- Elle sera l’objet d’une bataille de type « choisis ton camp » : si tu continues à suivre, fréquenter, mettre en avant une personne « canceled », alors tu es toi aussi « problématique », comme si c’était contagieux
Je te propose l’analyse d’une création très pertinente sur la « cancel culture », qui me permettra de dérouler plusieurs points pour t’aider à mieux comprendre.
Canceling, l’excellente vidéo de Natalie Wynn (ContraPoints)
Avec sa vidéo d’une heure quarante intitulée Canceling, la créatrice Natalie Wynn livre une étude sociologique d’un phénomène bien plus violent qu’il n’y paraît.
J’ai décidé de m’appuyer dessus pour te proposer cette plongée dans l’univers de la dénonciation sur Internet.
Qui est Natalie Wynn, de ContraPoints ?
ContraPoints est un ovni sur YouTube. Un ovni indispensable.
Depuis plusieurs années, Natalie Wynn, une Américaine de 31 ans passionnée de philosophie et de sociologie, s’attelle à diffuser sur sa chaîne ContraPoints des contre-discours à la rhétorique bien huilée de l’extrême droite.
Son objectif : répondre avec pédagogie et empathie aux vidéastes américains de l’alt-right qui jouent, bien souvent, avec les peurs et la frustration des hommes pour les transformer en machines à haïr les femmes.
Natalie Wynn est une femme trans qui rencontre un très grand succès sur YouTube en parlant de société et de politique.
C’est assez rare pour être salué, et je ne peux que te conseiller toutes ses vidéos !
Natalie Wynn (ContraPoints) décrypte la cancel culture
Plus récemment néanmoins, sa notoriété a évolué pour des raisons… moins joyeuses.
Plus question de la citer en exemple, ContraPoints est désormais une chaîne « problématique » et Natalie Wynn une personne « canceled », qu’il faut dénoncer publiquement.
Dans sa vidéo Canceling, la créatrice revient sur les raisons pour lesquelles elle est harcelée et insultée depuis plusieurs mois… par des internautes de son propre bord politique.
En bref, une partie de la communauté de gauche lui reproche sa collaboration avec Buck Angel, un homme trans américain, acteur et producteur de films pornographiques, qui milite depuis des décennies pour la visibilité et les droits des personnes LGBT.
Dans sa vidéo Opulence, Natalie a fait appel à Buck Angel pour une voix-off de 10 secondes sur une citation de John Waters parlant du bon et du mauvais goût.
Problème : Buck Angel ne fait pas l’unanimité parmi les personnes LGBT. Tous les gens trans ne se reconnaissent pas dans sa vision de la transidentité.
Et on pourrait se dire que ce n’est pas très grave, puisque l’identité de genre est un sujet si intime qu’il est compréhensible de voir différents « courants » au sein même de la communauté.
Mais son approche a valu à Buck Angel d’être considéré comme transphobe.
Alors même s’il milite pour les droits des personnes trans depuis des décennies, même s’il a été, pour Natalie et bien d’autres, un modèle, même s’il s’implique au quotidien…
Buck est persona non grata. Il est « canceled ». Et par capillarité, Natalie, en s’affichant avec lui, l’est aussi. C’est ce qu’elle explique dans sa vidéo.
La « cancel culture », comme je vais te l’expliquer plus bas, peut faire beaucoup de dégâts chez celles et ceux qu’elle vise.
Pourtant, les intentions de départ sont louables : dénoncer un propos ou comportement, prévenir d’un danger, faire réfléchir… mais la machine à « cancel » s’emballe vite.
Dans sa vidéo, Natalie détaille les 8 leviers à travers lesquels ce mécanisme opère, en quoi il est différent de la « critique constructive »… et comment, souvent sans le savoir, nous y participons.
Les 8 caractéristiques de la cancel culture
« Cancel quelqu’un, ce n’est pas critiquer. Ce n’est pas tenir quelqu’un pour responsable.
C’est une attaque contre un être humain. »
1. La présomption de culpabilité dans la cancel culture
En France comme aux États-Unis, le système judiciaire repose sur la présomption d’innocence.
C’est le principe selon lequel toute personne qui se voit reprocher une infraction est considérée comme innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement démontrée.
Les réseaux sociaux sont, pour beaucoup, un endroit salutaire où la parole des victimes est écoutée, alors qu’elle est trop souvent remise en question (par la police, par la justice, par les proches).
Le revers de la médaille, c’est que toute accusation est considérée comme véridique.
Les victimes qui témoignent DOIVENT être crues, les accusés sont FORCÉMENT coupables.
Pourtant, Natalie le rappelle : pour le bien de toutes et tous, la présomption d’innocence est un droit fondamental qui doit être garanti, dans tous les contextes…
Qu’adviendrait-il si ce principe se retournait contre nous, si une personne mal intentionnée pouvait nous accuser sans qu’aucune preuve n’ait à être apportée ?
Celles et ceux qui « cancel » des gens finissent parfois par être « canceled » eux-mêmes… et goûter à l’amertume d’une accusation qu’on ne peut dévier, contre laquelle on ne peut se défendre.
Je rappelle également qu’accuser quelqu’un sans preuves concrètes, c’est risqué, que ce soit sur Internet ou ailleurs : Sandra Muller, qui a lancé en France #BalanceTonPorc, a été condamnée pour diffamation (elle a fait appel).
2. L’abstraction dans la cancel culture
Les réseaux sociaux ne sont pas connus pour leur propension à créer un débat profond, nuancé et multidimensionnel.
En raison de la limitation de caractères de Twitter par exemple, les internautes ont tendance à simplifier et à faire des raccourcis.
Cette escalade de l’accusation est un biais rhétorique que Natalie Wynn appelle « l’abstraction ».
« L’abstraction remplace les détails concrets et spécifiques d’une revendication par une déclaration plus générique. »
Natalie Wynn cite l’exemple de James Charles, un youtubeur beauté américain très connu. Il a été accusé de draguer des mecs hétéro dans le but de leur « révéler » qu’au fond, ils étaient gay.
Sur les réseaux, ça s’est très vite transformé en « James Charles est un PRÉDATEUR SEXUEL »…
Cette rhétorique, elle m’est familière : je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu qu’une personne ÉTAIT ceci ou cela en raison d’une phrase ou d’un acte complètement monté en épingle, d’un propos déformé.
Déjà que l’accusation est souvent portée sans preuves, dans un schéma de « parole-contre-parole », quand elle s’amplifie en mode téléphone arabe, les choses peuvent très vite déraper !
3. L’essentialisme dans la cancel culture
« L’essentialisme, c’est quand on passe de la critique des actions d’une personne à la critique de la personne elle-même. »
Est-ce que tenir un propos déplacé qui peut être interprété comme raciste, sexiste, homophobe fait de nous des personnes profondément racistes, sexistes, homophobes ?
Si l’on en croit les adeptes de la « cancel culture
» : oui.
Une de tes actions est merdique ? Tu es une merde. Peu importe les valeurs que tu portes au quotidien, peu importent tes engagements passés, peu importent tes excuses, même.
En plus d’être un procédé rhétorique fallacieux, l’essentialisme nie toute capacité de l’être humain à apprendre de ses erreurs.
Pourtant, si nous dénonçons les choses, n’est-ce pas justement parce que nous espérons les changer et rendre les humains plus progressistes ?
En ôtant à chacun et chacune le droit d’évoluer et d’apprendre de leurs erreurs, qu’espérons-nous accomplir ?
Le monde sera-t-il vraiment plus « safe » quand toutes les personnes « problématiques » seront « canceled » ? Qui peut jurer ne jamais, dans sa vie, avoir prononcé un mot ou agi d’une façon qui peut être considérée comme excluante ?
À 15 ans, j’étais « une fille qui n’aime pas les filles », je ne connaissais rien aux problématiques LGBT et je rougis en repensant à certaines de mes attitudes…
Mais j’ai heureusement été en contact avec des gens bienveillants qui m’ont permis d’apprendre et de grandir. Je n’ai pas été « canceled » : j’ai été accompagnée.
Que certains et certaines n’aient pas l’envie ou l’énergie de faire preuve de pédagogie, je peux le comprendre. Mais l’hostilité de la « cancel culture » n’aide clairement pas le vivre-ensemble.
4. Le pseudo-moralisme dans la cancel culture
Qu’est-ce qui peut bien pouvoir justifier que nous rentrions dans une dynamique de destruction de l’autre ?
Le bien commun.
Ce que Natalie Wynn appelle le pseudo-moralisme, ce sont les prétextes que nous trouvons pour justifier d’actes normalement répréhensibles.
Dans les communautés militantes, tout le monde s’accorde pour dire que le cyber-harcèlement est une pratique inhumaine et condamnable…
SAUF lorsque la personne visée est considérée comme « problématique » – un adjectif apposé aussi bien à un streamer aux blagues discutables qu’à une vraie prédatrice sexuelle.
Mais le maintien de l’ordre moral doit-il tout pardonner ? Et surtout : qui en dicte les contours ?
Que se passera-t-il lorsque cette morale ne correspondra plus à la nôtre ?
5. L’absence de pardon dans la cancel culture
C’est un travers de la « cancel culture » que les victimes de harcèlement de masse connaissent malheureusement bien : une fois la machine lancée, aucun acte, aucune parole ne saura tarir la cascade d’insultes.
Une personne dénoncée, « canceled », n’a pas le luxe du pardon. Malgré ses excuses publiques, et même si les accusations se sont avérées être un tissu de mensonges, l’histoire ressortira à chacun de ses faits et gestes.
Un exemple intéressant, je trouve, car il est proche de nous, et qu’il est difficile d’avoir un avis tranché sur la question.
Quand le scandale de la Ligue du LOL a éclaté, Vincent Glad, une des têtes du mouvement, a présenté de longues excuses publiques et a avoué avoir « honte ».
https://twitter.com/vincentglad/status/1094637974304755712
Aujourd’hui encore, un an après « l’affaire Ligue du LOL », à chaque prise de parole, peu importe le sujet, il est ramené à ses fautes passées.
Un exemple tout récent ici :
On peut considérer que ce qu’a fait Vincent Glad est grave, bien sûr. On peut considérer qu’il aurait dû agir avant d’être « démasqué », s’excuser différemment, faire son mea culpa d’une autre façon.
On peut considérer qu’il n’est pas pertinent pour lui de parler de la Ligue du LOL ou de cyber-harcèlement en général, mais ce n’est pas ce qu’il fait dans l’exemple ci-dessus, pourtant le sujet revient sans cesse.
On peut considérer qu’un an, ce n’est pas assez long pour « purger sa peine ».
Le souci, c’est que cette peine n’a pas de limites précises, qu’elle n’a pas été décidée par l’appareil judiciaire, qu’elle est appliquée par des inconnus et inconnues — qui ne sont, le plus souvent, même pas les victimes directes de la Ligue du LOL.
Le souci, c’est qu’il n’y a pas de « to-do list » pour ne plus être « canceled ». Une fois apposée, l’étiquette reste.
6. La cancel culture, c’est contagieux
Être « canceled » est une maladie qui se propage à une vitesse folle. La preuve : il suffit qu’une personne soit dénoncée pour que tout ce qu’elle touche soit contaminé !
Ses amis, ses proches, ses collaborations sont passées au crible et pris à partie.
Natalie Wynn est « canceled » parce qu’elle a travaillé avec Buck Angel, qui est considéré comme transphobe par certaines personnes.
Et ces 10 secondes de collaboration semblent avoir donné le droit à des gens de réclamer une désolidarisation, d’exiger des excuses de la part de toutes celles et ceux qui connaissent Natalie Wynn, de près ou de loin.
Récemment, c’est Marion Séclin qui a fait les frais de cette mécanique.
Parce qu’elle suit le compte Instagram @violenteviande, considéré par certains et certaines militantes comme « problématique », Marion a été la cible d’insultes, de moqueries, de messages privés comme publics la sommant de s’excuser et de se désolidariser.
Elle qui défend au quotidien le féminisme, elle qui a largement parlé du cyber-harcèlement qu’elle a subi, a été « canceled ». Par des gens de « son propre camp ».
7. La vision manichéenne dans la cancel culture
Selon Natalie, un autre biais de la « cancel culture », c’est le manque total de demi-mesure.
Ses défenseurs agissent dans un monde binaire, manichéen, peuplé de personnes soit bonnes, soit mauvaises, sans qu’aucune nuance ne puisse être apportée.
Ce pote pas haineux, mais pas super éduqué, qui fait une blague homophobe sans forcément se rendre compte de sa portée, deviendrait aussi infréquentable qu’un mec qui tabasse un couple gay.
Et comme être « canceled », c’est contagieux, on se retrouve à être sommées de hurler avec la meute, car se taire, ce serait collaborer, excuser, soutenir. Là encore, peu de nuance !
Comme si ne pas participer à un cyber-harcèlement, c’était soudainement… ne pas bien militer.
Barack Obama lui-même évoquait ce souci dans un discours dont voici un extrait :
« Le monde est complexe, plein d’ambiguïtés.
Des gens qui font des choses vraiment bonnes ont aussi des défauts. Des gens contre lesquels vous luttez aiment tendrement leurs enfants, et ont des points communs avec vous. »
8. La souffrance provoquée par la cancel culture
Natalie Wynn est un modèle de résilience qui dit ne pas se reconnaître dans le « discours de la victime ».
Depuis qu’elle a commencé à publier ses vidéos pédagogiques, elle ne compte plus le nombre de menaces de mort, d’insultes et d’intimidations qu’elle a reçues de la part de militants violents d’extrême-droite, de nazis, d’homophobes, de transphobes.
Et pourtant, c’est le fait d’être dénoncée, reniée et trashée par les militantes de son propre camp qui l’a mise à terre pendant plus d’un mois.
Elle témoigne :
« […] au cours des dernières années, j’ai été harcelée par des nazis, j’ai été harcelée par des féministes transphobes, j’ai été harcelée, j’ai été doxxée [pratique qui consiste à révéler les données personnelles d’un individu en vue de lui nuire, NDLR], j’ai été menacée, j’ai été agressée sexuellement.
Et la douleur d’être « canceled », d’être totalement saccagée par d’autres personnes trans en ligne a été plus intense pour moi que tout le reste combiné. »
C’est aussi ce que Mymy, l’actuelle rédactrice en chef de madmoiZelle, expliquait sur son blog dans un billet publié un an après #badmoizelle, une vague de dénonciation du magazine ayant eu lieu sur Twitter :
« Chères camarades féministes si safe, si inclusives, je ne vous ai pas vues vous soulever quand certaines d’entre vous m’ont souhaité de me pendre.
M’ont dit : « j’espère que tu souffres ». Se sont réjouies de ma détresse et de ma peine. M’ont souhaité de disparaître de la place publique, de perdre mon job, de bien fermer ma gueule.
Pour toujours.
Chères camarades féministes promptes à dénoncer le harcèlement scolaire, moral, sexuel, je vous ai vues vous lécher les babines, guettant devant l’entrée de ma tanière que je mette le moindre orteil dehors pour y asséner un coup de griffe, un coup de croc.
« Supprime ». Un tweet, un compte, et puis ma propre existence, parfois. »
À la fin de sa vidéo, Natalie Wynn rappelle que le cyber-harcèlement est complètement ancré dans le réel et que ses conséquences sont catastrophiques.
Perte d’abonnés, diffusion de rumeurs infondées, perte de contrats, attaques aux amis et à la famille, conséquences sur le mental… Le coût du « cancel » est considérable.
Quelles leçons tirer de la cancel culture ?
Si le fait d’être trashé publiquement est heureusement un phénomène qu’une minorité de gens connaîtront dans leur vie, la vidéo de ContraPoints nous concerne toutes et tous.
Car elle rappelle la responsabilité que nous tenons dans le harcèlement en ligne et dans la diffusion de rumeurs, la condamnation publique d’êtres humains et des procédés rhétoriques fallacieux qui les accompagnent.
Marion Séclin en parlait déjà dans sa conférence TEDx au sujet du cyber-harcèlement sexiste dont elle a été victime : quand on se tait face à de telles actions, on participe, même passivement.
Quand on regarde des gens harceler et qu’on ne dit rien parce qu’ils sont « de notre camp », est-ce qu’on ne cautionne pas, d’une certaine façon, leurs actions ?
Quand on ajoute une énième moquerie, une énième critique à quelqu’un qui en reçoit déjà des centaines, est-ce qu’on agit vraiment « pour le bien commun » ?
Je suis ressortie de cette vidéo de ContraPoints avec deux questions : ai-je déjà été le flocon de neige qui ne s’est pas senti responsable de l’avalanche ? Dès lors, où se situe mon curseur moral ?
Quelles hypocrisies me suis-je déjà racontées pour ne pas être rejetée par la meute ?
Plus je vois les dommages collatéraux de la « cancel culture » et les vies qu’elle écorche dans mon entourage, plus je doute de son efficacité.
Comment rediriger toute cette énergie vers le véritable ennemi, le plus dangereux, celui qui se réjouit de nos désunions, celui qui discrimine, harcèle, agresse, attaque notre intégrité, notre identité, le bien commun, notre vie en société ?
Pas celui qui a un mot de travers alors qu’il tente de rendre le monde un peu meilleur, mais bien celui qui tabasse, insulte et tue ?
À nous d’en écrire la réponse. À moi, et à toi, aussi.
Que faire face à la cancel culture ?
Changer les choses, ça peut commencer par ne pas céder à la première personne qui nous exhorte à nous « décider » sur un sujet, par exemple.
Tu n’es pas obligée d’avoir un avis sur tout, tu n’es pas obligée d’être « pour » ou « contre ». La nuance, c’est aussi avoir le courage de dire : je préfère ne pas me prononcer.
Tu peux aussi dire clairement que tu ne cautionnes pas les méthodes de cyber-harcèlement, même quand elles sont utilisées « au nom du bien commun ». Que tu ne veux pas en rajouter sur une personne déjà assaillie de toutes parts.
Ce ne sont que quelques-unes des façons dont tu peux limiter, à ton niveau, les effets de la « cancel culture » !
Tu en trouveras d’autres dans mon article : Comment éviter de s’énerver sur Internet. Tu peux aussi en ajouter dans les commentaires.
J’ai hâte en tout cas d’avoir ton avis sur tout ça, et sur cette « cancel culture » — j’ai déjà vu des lectrices de madmoiZelle en discuter sur le forum, il y a tant de choses à en dire !
À lire aussi : « Parole de concernée ? », ce réflexe militant et excluant que je ne supporte plus
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