En 2015, les menaces et actes antisémites, anti-musulman•es et racistes ont augmenté de 22%. Il ne s’agit pourtant (malheureusement) que de la partie la plus visible de l’iceberg des discriminations, puisque d’autres manifestations plus subtiles viennent s’ajouter à celles-ci, comme un accès au logement et au travail plus difficiles.
Dans le cadre de la semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme, le gouvernement a lancé une campagne globale, relayée par le hastag #TousUnisContreLaHaine, destinée à s’étendre sur plusieurs mois, en s’appuyant sur la pédagogie pour dénoncer les violences (verbales via des menaces, ou physiques via des agressions) et les discriminations antisémites, anti-musulmans et racistes.
https://youtu.be/x-EaZrnGBV0
Avec une série de spots mettant en scène des violences sur fond sonore de racisme « ordinaire », c’est l’engrenage de tout un système d’oppression qui est mis en lumière : de mots échangés à priori sans conséquences, à des violences extrêmes pour certain•es.
Bien entendu, il n’est pas question de laisser penser que la moindre intolérance mène à des passages à l’acte violents, mais plutôt que la tolérance commence par le langage et la pédagogie.
Comme notre amie l’éducation genrée nous l’a déjà prouvée, les mauvais réflexes et préjugés s’accumulent dès le plus jeune âge, et pour agir efficacement, il est nécessaire d’ouvrir le dialogue à l’école. Najat Vallaud-Belkacem s’est d’ailleurs exprimée dans une interview sur le rôle du Ministère de l’Education dans la campagne.
Le gouvernement n’a pourtant pas oublié l’essentiel : les discriminations, qu’elles soient antisémites, anti-musulman•es, racistes, ou sur la base du genre et/ou de l’orientation sexuelle, font avant tout partie d’un système d’oppression
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Un focus sur la discrimination à l’embauche
La campagne devrait donc s’étendre sur plusieurs mois, et adresse aussi bien les violences qui mettent la vie des personnes discriminées en danger que l’accès au travail.
Chercher à agir sur plusieurs fronts est plutôt une bonne idée, d’autant que dans certains cas, comme pour l’accès au logement, les discriminations restent trop présentes, comme le montre ce reportage signé On n’est plus des pigeons (de 9:50 min à 11:54).
La campagne devrait donc avoir dans son viseur la discrimination à l’embauche, ce troll universel où même être jeune est un défaut… Une réalité que le gouvernement a déjà pu observer, comme l’indique cet extrait d’un rapport officiel de mai 2015 sur les discriminations en entreprise :
Le rapport 2013 du Défenseur des droits souligne qu’en matière de discrimination, l’emploi dans le secteur privé est le principal domaine de réclamation, avant même l’accès au logement. Le premier critère de saisine [i.e. saisie de justice] reste l’origine (25 %), suivi des activités syndicales (14 %), de l’état de santé (13 %), de la grossesse (13 %) et du handicap (10,5 %).
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La crise sociale, marquée par le développement du chômage et de la pauvreté, tend à exacerber les préjugés les plus tenaces, le sentiment de repli sur soi et en définitive l’exclusion de boucs émissaires. Ce faisant, la détérioration du contexte économique et social a contribué à accentuer certaines formes de discriminations, y compris le harcèlement moral, ainsi qu’à en faire apparaître de nouvelles.
Discriminer, c’est un coût en matière de performance pour les entreprises
France Info rapporte que se déroulera dès avril une campagne de testing, par l’envoi de faux CV, afin de déterminer s’il existe une discrimination à l’embauche en particulier envers les patronymes à consonances arabes, selon Jean-Christophe Sciberras, Président du groupe de dialogue sur les discriminations (qui a participé à l’élaboration du rapport de mai 2015 et sait donc déjà que oui).
Une discrimination… absurde, comme le souligne Myriam El Khomri :
Discriminer, c’est aussi une aberration économique, car c’est exclure des personnes compétentes, motivées, parfois les plus qualifiées pour un poste. C’est donc un coût en matière de performance pour les entreprises.
Les mots et le racisme ordinaire ne sont donc pas si anecdotiques que ça, puisqu’ils se traduisent en discrimination (pas si) discrètes, qui continuent d’affecter toute une partie des citoyen•nes, lorsqu’ils ne se transforment pas en violences.
Espérons qu’en traitant le problème à la racine, la campagne du gouvernement parvienne à faire changer les mentalités, ou à défaut, les comportements.
Et toi, que penses-tu de cette campagne ?
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