Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Camille qui a accepté de décortiquer ses comptes pour nous.
- Prénom : Camille
- Âge : 32 ans
- Profession : Directrice d’un centre de demandeur d’asile
- Salaire net avant prélèvement à la source : 1 947,69 €
- Salaire net après prélèvement à la source : 1 782,34 €
- Personnes (ou animaux) vivant sous le même toit : son chat Hercule
- Lieu de vie : Auxerre (Yonne)
La situation et les revenus de Camille
Camille occupe depuis un an et demi le poste de directrice dans un centre de demandeurs d’asile. Elle est en CDI dans cette entreprise privée à but lucratif.
« Je travaille pour un bailleur social mais pour être tout à fait transparente, ma structure accueillant des demandeurs d’asile elle ne dégage aucun bénéfices. Je suis ravie d’avoir quitté mon emploi précédent pour revenir dans le social. Je gère une petite équipe de 3 collaborateurs et nous accueillons 90 hébergés. »
Célibataire, la jeune femme est propriétaire depuis février 2020 d’un appartement dans le centre-ville d’Auxerre, d’une superficie de 68 m2.
« Je n’ai pas eu de problème pour acheter seule, j’avais toujours eu ce projet et j’ai mis de côté pendant des années dans ce but. Lorsque j’ai eu une augmentation dans mon précédent travail, je me suis rendue dans ma banque et nous avons discuté du taux, du prix des assurances, des échéances… J’étais assez au clair sur combien je voulais mettre tous les mois et le taux que j’ai eu est très avantageux, je m’en rends bien compte. Pour la recherche, ça été un peu plus compliqué, il y avait à l’époque peu de biens et on me proposait systématiquement des maisons alors que je cherchais clairement un appartement. Je m’y suis tout de suite sentie bien dans celui que j’ai acheté, et c’est toujours le cas aujourd’hui. »
Bien que très heureuse dans son travail, Camille ne s’estime pas bien payée pour les responsabilités qui sont les siennes. « Mais je le savais en changeant de travail. »
Aujourd’hui, elle touche un salaire net de 1 947,69 €. Une fois l’impôt sur le revenu prélevé, il lui reste 1 782,34 €, auxquels s’ajoutent 175 € de « primes réparties sur toute l’année et de tickets restaurant ».
Si elle touche un salaire moindre que celui qu’elle avait dans son précédent emploi, Camille a toutefois gagné en qualité de vie.
« J’ai tous mes week-ends, je ne travaille plus les jours fériés et quand je pars du travail, je n’y pense plus. Mais au vu de l’inflation des prix, les fins de mois sont difficiles. Je me considère dans la moyenne basse et je sais que pendant mes études et surtout pendant mon Master, on nous vantait des salaires auxquels nous pourrions prétendre une fois sortis diplômés, la réalité du terrain est bien différente. »
Le rapport à l’argent de Camille et son organisation financière
Camille a grandi dans une famille « où on ne parlait pas trop d’argent », mais elle n’a pas eu le sentiment de manquer de quoi que ce soit. Économe, elle a, dès qu’elle a commencé à faire des petits jobs d’été, mis la moitié de ses salaires sur un Plan Épargne Logement (PEL). Ce qui lui a permis de réaliser son premier achat immobilier seule à 30 ans.
« J’avais 40 000 € d’apport, si je n’avais pas mis de côté, cela n’aurait pas été possible. Mes parents mettaient aussi 50 € par mois sur ce compte jusqu’à mes 20 ans et dès que j’ai commencé à gagner de l’argent, je l’ai alimenté à hauteur de 100 à 250 € par mois. J’étais très fière d’avoir pu mettre autant de côté. »
Pourtant, malgré les économies qu’elle a réalisées au fil des années, Camille a dû faire face à des difficultés financières.
« En quittant mon emploi précédent, j’ai perdu 400 € net de salaire. L’année 2022 a été extrêmement compliquée financièrement sans l’aide de ma famille, je ne m’en serais pas sortie. Je pense que le problème c’est que j’ai gardé le même train de vie alors que financièrement, il y a un énorme écart. Avant, je n’attendais pas la paye chaque mois, aujourd’hui chaque dépense compte et j’attends les primes avec impatience. »
Elle se définit comme « une acheteuse compulsive » (« Je n’aime pas attendre quand je veux quelque chose, je l’achète ») mais lutte contre cette mauvaise habitude.
« Je budgétise avant chaque achat. Je suis rarement à découvert, sauf gros imprévus. Je regarde mes comptes tous les jours, parfois même plusieurs fois par jour. »
Pour ne plus se retrouver dos au mur, Camille a aussi mis en place des stratégies qui s’avèrent payantes.
« Je demande aussi plus facilement un échéancier pour mes paiements (assurance, devis…) et depuis 4 mois, j’ai mis en place le système des enveloppes. Ça a changé ma façon de dépenser et mon rapport à l’argent.
Je me suis rendu compte que mes dépenses étaient bien supérieures à mes revenus. Devoir payer en espèces et regarder combien j’ai d’argent dans mon portefeuille rend mes dépenses plus réelles : c’est palpable et visuel. Si je pars en courses, mais que je n’ai que 20 € dans mon portefeuille, ma limite est claire et définie. Ce système me convient, car je m’accorde toujours des dépenses plaisir, et mes fins de mois sont plus souvent dans le vert. »
Les dépenses de Camille
Pour son appartement dans le centre-ville d’Auxerre, Camille rembourse chaque mois 634 € d’emprunt immobilier. Il s’agit de son principal poste de dépenses. À celui-ci s’ajoute la taxe foncière, d’un montant de 125 € mensuels.
Suivent les diverses factures courantes : 123,09 € d’électricité et 111,61 € de charges. Soit un total de 234,70 €.
Pour l’assurance de son prêt, Camille débourse chaque mois 11 €. Elle règle 45 € par mois d’assurance auto et 218,47 € par an d’assurance habitation. Ce qui revient, lissé sur l’année, à 18,20 € par mois.
En revanche, elle n’a aucun frais bancaire. « Je suis passée à une banque en ligne: boursorama pour ne plus en avoir. »
Pour se déplacer, la jeune femme utilise sa voiture personnelle. Mais comme elle roule peu, un seul plein par mois lui suffit. Cela lui revient à 80 €.
Enfin, ses frais de communication sont modérés. Pour un abonnement téléphonique et sa box internet, Camille paye 55 € par mois.
« Le problème des tickets resto, c’est qu’ils ne sont pas acceptés dans les magasins ‘discount’ »
En vivant seule, Camille n’a pas un gros budget alimentaire : en moyenne 175 € par mois.
« Je fais principalement mes courses chez Lidl et, grâce à mes tickets restaurant, je vais une fois par mois chez Picard et je dépense 25 € pour les légumes et la viande. Le problème des tickets resto, c’est qu’ils ne sont pas acceptés dans les magasins ‘discount’ et que le magasin qui les accepte près de chez moi est bien plus cher. »
Fière propriétaire d’un chat prénommé Hercule, la jeune femme n’hésite pas à dépenser pour son bien-être : environ 75 € par mois.
« Je compte dans cette somme les croquettes, la litière et ce que je mets de côté pour une visite par an chez le vétérinaire. »
Concernant les dépenses dites « féminines », Camille les apprécie à environ 150 € par mois. Cela comprend principalement la pose de vernis semi-permanent et l’épilation au laser, qu’elle budgète grâce au fameux système des enveloppes.
« Jusqu’à présent, je dépensais 25 € tous les mois pour le vernis semi-permanent et j’avais 50 € de budget épilation, mais je viens de me lancer dans l’épilation définitive, donc je dépense 155 € sur 3 mois pour 8 séances. »
Ce budget conséquent est compensé par un petit poste pour le maquillage : 8 à 11 € pour du rouge à lèvres.
« Pour les protections hygiéniques, je suis passée depuis longtemps aux culottes menstruelles et je n’en ai pas racheté depuis un moment. »
Niveau contraception, elle achète des préservatifs.
Les dépenses loisirs de Camille
En tant qu’acheteuse compulsive, Camille reconnaît avoir du mal à réduire ses dépenses en vêtements. Elle y consacre un budget moyen de 100 € par mois. « Pourtant, je sais que j’en ai suffisamment. » De manière générale, « les achats un peu impulsifs pourraient être réduits », concède la trentenaire.
Outre les vêtements, elle évalue son budget loisirs à 250 € par mois. Cela comprend les sorties, les voyages lissés sur l’année et le sport.
« J’aime sortir avec mes amis, aller au restaurant et surtout voyager. Je ne me vois pas réduire ces dépenses mais pour les sorties, j’arrive plus facilement à dire à mes amis que financièrement, c’est compliqué. Alors on repousse ou on se reçoit les uns chez les autres. Pour les restaurants, les tickets restaurant m’aident beaucoup. »
Sa dernière grosse folie est un voyage aux États-Unis avec sa sœur. « Ça m’a mise en grande difficulté financière mais je n’ai aucun regret ! »
L’épargne et les projets d’avenir de Camille
Pour Camille, le système des enveloppes a vraiment été salvateur. Alors qu’elle n’arrivait plus à épargner depuis son changement de poste, elle a réussi à mieux gérer son budget.
« Ce système a occasionné une prise de conscience, il m’a permis de réduire les dépenses superflues et surtout de me refaire une épargne chose que je ne pensais plus possible. J’arrive à épargner entre 50 et 150 € par mois. En ce moment, je mets de côté pour les cadeaux de Noël, et également pour une place pour les Jeux Olympiques. »
Dans un futur proche, ce sont des voyages qui vont occuper Camille : elle prévoit de se rendre à Vienne, en Crète ou en Grèce l’année prochaine.
« Pour l’avenir, je serai complètement propriétaire de mon logement d’ici onze ans et je verrai si je rachète ou pas un bien pour mes vacances en Bretagne. Je suis bien plus heureuse dans ma vie actuelle malgré le fait que j’ai plus de petits soucis financiers qu’avant dans mon ancien travail. »
Merci à Camille de nous avoir ouvert ses comptes !
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Les Commentaires
Mais comme ce genre d'article est "mal écrit" on ne se rend pas forcément compte.
Car ça parle d'une catégorie de dépenses, puis une autre mais en fait c'est le décorticage de la catégorie décrit plus haut ou plus bas.