Publié le 19 septembre 2019
J’ai écrit cet article il y a un an, à la suite d’une discussion avec Mary, dont ce texte est le portrait. Pour des raisons éditoriales, je n’ai pas pu le publier plus tôt.
Aujourd’hui, un an après, le quotidien de Mary a un peu changé. Tu trouveras donc en fin d’article quelques mots qui racontent ce qu’elle est devenue.
Bonne lecture !
Mary marque les esprits par un univers atypique, qui se reflète dans son style et sa personnalité.
C’est un petit bout de femme en apparence, mais j’ai appris à connaître son gros caractère au fil du temps. Surtout, j’ai découvert sa passion pour le sexe, et sa façon si transparente d’en parler tout le temps, avec tout le monde.
Mary a 22 ans, et son activité en tant que travailleuse du sexe a commencé il y a 4 ans : show cam, live cam, vente de culottes et envois d’objets sur un site de fétichisme, téléphone rose…
Le mot cam girl est utilisé pour désigner les femmes qui s’exposent sur Internet via une webcam à des fin sexuelles et contre une rémunération financière.
On appelle cam boy leurs pendants masculins.
Mary a testé et teste encore beaucoup de facettes du monde du sexe, par plaisir et passion.
La rencontre d’une cam girl avec sa libido
C’est adolescente que Mary commence à découvrir sa sexualité et sa libido — d’abord par la masturbation, avant d’y inclure des partenaires.
Depuis qu’elle a 15 ans, elle se masturbe tous les jours. Quand elle découvre la pratique, se donner du plaisir lui apparaît comme une libération.
Se toucher l’aide à se réconcilier avec elle-même, à une époque où elle traverse une phase difficile de sa vie.
« La masturbation c’est comme un pont entre mon esprit et mon corps, ce qui les réconcilie, et qui les remet en phase dans des sensations positives.
C’est un exutoire quand je suis fâchée, quand je suis heureuse, quand je suis triste, quand j’ai peur. »
« Quand j’ai commencé, j’étais encore vierge, mais j’avais déjà une bonne libido, et sans trop savoir l’expliquer je sentais déjà le manque.
C’était hyper important pour moi de passer à l’acte avec un partenaire, je sentais qu’il allait se passer quelque chose de beau.
J’ai mis un peu plus de temps que mes copines à faire l’amour, je l’ai fait à 17 ans, et quelques années plus tard tout le reste a suivi. »
En se découvrant, Mary passe par une période de questionnement sur sa libido, qui paraît démesurée, et peut parfois lui donner le sentiment d’être incomprise.
« J’ai parfois eu l’impression que ma libido était anormale, surtout à cause de partenaires masculins qui m’ont dit que j’étais impossible à satisfaire, que c’était un peu étrange…
Je me suis longtemps posé des questions, mais au bout d’un moment, je me suis juste détendue. Je me suis dis que ça ne servait à rien de combattre ma sexualité.
Au final, je suis plutôt contente parce que j’arrive à trouver mon équilibre dans tout ça. J’ai un peu mis ma vie sexuelle sur un piédestal, mais ça ne me déplaît pas, parce que je trouve ça vraiment important ! »
Mary parle de son rapport au sexe comme elle pourrait parler de sa passion pour l’art, ou d’une thérapie. Pour elle, le sexe est beau ; son expression peut aider à se comprendre, avoir une vie saine, et être épanouie.
« Pour moi le sexe c’est très important parce que c’est quelque chose d’hyper intime, qui est propre à notre histoire personnelle, à ce qui a pu se passer dans nos vies.
Si c’est exploré et fait dans le respect, c’est quelque chose qui peut être très beau, très sain, très libérateur.
Pour moi c’est un vrai cadeau, une vraie respiration, et je pense qu’on peut beaucoup reprendre confiance en soi via sa sexualité.
D’où l’importance d’avoir une vie sexuelle heureuse ! »
Premiers pas d’une cam girl dans le fétichisme
Mary a toujours eu une opinion positive des travailleuses du sexe, elle a toujours beaucoup respecté ce choix de vie. Et petit à petit, l’idée s’est immiscée en elle de s’y intéresser de plus près…
Il y a environ quatre ans, un homme entre en contact avec une de ses amies sur le site Internet de vente de vêtements Vinted. Il a une requête un peu particulière, qui ouvrira à Mary la porte des fétichismes.
« Une copine a été contactée par un mec qui voulait lui acheter une culotte. Elle m’en a parlé direct, parce qu’elle s’est dit que ça m’intéresserait, et ça a lancé mon inscription sur un site de fétichisme.
Quand j’ai commencé, ce n’était pas pour vendre quoi que ce soit, c’était plus pour parler avec les fétichistes.
Pendant 6 mois je ne proposais rien, je discutais avec les mecs de comment leur fétiche était arrivé dans leur vie, je leur demandais ce qu’ils aimaient etc. C’était super intéressant ! Et ça l’est toujours. »
Petit à petit, Mary découvre l’univers du fétichisme, qui la passionne et qui est souvent loin de tous les clichés qu’on lui colle.
Même s’il est parfois associé à une déviance sexuelle hard et marginale, la jeune femme se rend compte qu’un fétiche peut être d’une simplicité déconcertante.
Elle découvre des hommes fétichistes des cheveux, des fesses, des cigarettes, de la laine, des pieds, ou des manteaux à fourrure…
Tous les jours, Mary reçoit des demandes de clients pour des commandes singulières et personnalisées, et en apprend de plus en plus sur ses propres envies.
« Pour moi, si le fétiche est bien exprimé, c’est quelque chose de totalement sain. Je pense que c’est plus sain de le vivre que de le garder pour soi.
Tous les fétichistes vraiment assumés que j’ai rencontrés étaient des personnes qui avaient une vie saine et heureuse, parce qu’exprimer son désir c’est un peu la clé du bonheur !
Grâce à eux, j’apprends aussi à découvrir mon propre rapport au fétichisme, et ça me permet de révéler un tas de choses très intéressantes sur moi-même.
J’ai pu comprendre pourquoi j’aimais dominer, pourquoi j’aimais aussi être soumise, ça me donne plein de petits indices sur ma personnalité, sur comment je me suis construite…
Je trouve ça super intéressant ! »
Le travail de Mary consiste à répondre aux clients, parler avec eux, rentrer dans un jeu de séduction, et les inviter dans son intimité.
Elle répond à leurs demandes, qui peuvent aller de l’envoi d’une culotte sale portée plusieurs jours au tournage de vidéos personnalisées, en passant par des shows vidéo en direct.
L’activité de cam girl de Mary
Mary m’explique :
« Outre des show cam privés et publics, je vends aussi tout type de lingerie que j’ai portée, de la classique petite culotte aux collants, chaussettes, soutifs et même chaussures.
Je vends aussi mes cheveux après les avoir rasés, ainsi que mes poils de vulve.
Je fais du téléphone rose et noir (domination), des vidéos customisées ou non, des shows sur mon Snapchat privé, je vends des nouvelles et des poèmes pornographiques que j’écris.
Je propose des sets photo, les sextoys dont je ne me sers plus, des échanges sexuels écrits par mail ou par Skype…
Et la liste est encore longue… Aussi longue que celle de tous les fétiches qui existent !
Pour ce qui est de ma rémunération, c’est 10 € pour 5 minutes en cam to cam, et pareil pour les vidéos personnalisées.
Pour les lives publics c’est différent : je mets des objectifs pour motiver les clients à payer en fonction de ce que je fais (exemple : 20 € et je me mets toute nue).
Pour le paiement, je suis rémunérée directement via mon RIB enregistré sur la plateforme hébergeant mes vidéos, ou en tokens (monnaie virtuelle). »
Les clients de Mary, cam girl
Au fil des années, Mary a fait la rencontre virtuelle d’hommes très différents les uns des autres :
« Je n’ai pas réellement de « client type ».
J’ai des clients de 18 à 60 ans, des handicapés, des valides, des teuffeurs ou des cadres.
Comme mon style est assez niche et tranché, j’ai aussi pas mal de clients qui viennent de sphères plus ou moins alternatives.
Certains clients sont très sereins avec leurs fantasmes, d’autres beaucoup moins ; certains sont seuls, d’autres très entourés… avec quelques gars bizarres de temps en temps.
Leur point commun : ce sont des hommes désirant l’attention d’une femme qu’ils trouvent attirante, qui saura les comprendre, les écouter sans jugement aucun, et qui pourra leur faire passer un bon moment. »
Une semaine dans la vie de Mary, cam girl
« Souvent je me lève entre 10 heures et midi parce qu’il m’arrive de me coucher tard à cause d’une session cam tardive (1 ou 2 heures du matin).
Je ne travaille pas tous les jours. Tout dépend où j’en suis au niveau de mes revenus mensuels, et si je sens que j’ai besoin de faire une pause ou pas.
Être cam girl c’est énormément de communication : je bosse mes réseaux sociaux tous les jours pendant plusieurs heures.
J’essaye de faire au moins 8 heures de cam par semaine, mais je ne suis pas une fille très stable sur mon rythme de vie, donc je ne le fais pas toujours.
J’ai parfois des rendez-vous fixés avec des clients, mais je fonctionne plus à l’instant, ce qui implique que je passe pas mal de temps devant mon ordi.
Il y a également des plages horaires qui marchent mieux pour les show cams publics (de 20 heures à minuit souvent) et des durées minimum pour un live (2 heures minimum).
Mais c’est un choix de le faire ou pas : il m’arrive de diffuser à 14 heures et de couper au bout de 1h30. »
Être cam girl par passion, et non par contrainte
Parfois Mary reçoit des demandes contraires à son éthique ou à ses limites, et dans ces cas-là elle n’hésite pas à refuser.
Elle ne se force jamais, n’opère jamais sous la contrainte, et tient à ce que son travail soit toujours fait avec envie et excitation. Complètement indépendante, elle choisit ses horaires en fonction de sa vie personnelle et de ses envies.
Si Mary a choisi de faire de sa passion pour le sexe un travail, ce n’est pas pour retomber dans la contrainte et s’obliger à faire quelque chose qui ne lui plaît plus !
« Quand j’ai vraiment commencé à répondre à des commandes de fétichisme et à faire de la cam en direct, j’étais vendeuse en prêt-à-porter masculin.
C’était horrible, je détestais ça. Mais je continuais parce qu’il fallait quand même que je gagne de l’argent, j’avais un loyer à payer.
À un moment donné, je me suis rendu compte qu’à côté de ce boulot que je détestais, je faisais quelque chose qui me plaisait vraiment, et qu’il valait mieux tout plaquer pour exercer à 100 % cette passion.
J’ai vraiment besoin d’être passionnée par ce que je fais, je ne peux pas me lever pour faire quelque chose que je n’aime pas.
Là je me lève, et je suis super contente parce que je ne sais jamais ce que je vais faire de ma journée.
J’ai toujours hâte de voir quel client va me contacter, mes activités peuvent être super surprenantes, et c’est ce que j’aime ! »
Quel avenir professionnel pour une cam girl ?
Mary sait qu’elle ne pourra pas faire de la cam toute sa vie ; elle est bien consciente qu’elle doit réfléchir à des projets professionnels à long terme.
Pour autant, la jeune femme ne se voit plus faire un travail « conventionnel ».
Elle a déjà plusieurs projets en tête : se lancer dans le film pornographique indépendant, organiser des soirées libertines en France ou encore se lancer dans le travail du cuir ou du bois pour créer une ligne de vêtements BDSM ou de sex toys !
Cam girl… puis prostituée ?
Mary a déjà pensé à la prostitution, mais elle y a renoncé.
Non pas par souci d’éthique, de pudeur, ou de peur, mais simplement par souci d’organisation, et parce qu’elle a réalisé que le facteur du virtuel jouait beaucoup dans son plaisir.
« Ça m’a déjà traversé l’esprit de me prostituer, parce que je dissocie beaucoup le sexe des sentiments, mais je me suis rendu compte que je n’en avais pas envie.
Moi ce que j’aime dans la cam c’est que je ne me maquille pas du tout, je mets mes gros colliers à pics, je préfère pouvoir rester confortablement au chaud dans mon petit univers.
Je me suis aussi rendu compte par la cam que j’adore être désirée, un peu par n’importe qui… mais dans la réalité ce n’est pas du tout la même chose !
À titre personnel, évidemment j’ai certains goûts et certaines attirances. Dans le réel ça devient beaucoup plus difficile de gérer tout ça.
Dans le virtuel, il y a l’écran, je m’en fiche que le mec en face m’attire ou pas, ce qui compte c’est le jeu qu’on a.
C’est du jeu fétiche que naît mon plaisir, donc l’écran est super important pour moi dans la relation que j’entretiens avec mes clients. »
Cam girl, vie privée et intimité
Mary a toujours très bien dissocié sa vie intime et privée de sa vie professionnelle.
Elle n’a aucun souci à mettre une limite entre les deux ; selon elle, c’est même obligatoire pour garantir sa sécurité et garder le contrôle sur son activité !
« Je protège extrêmement ma vie intime.
Ça peut paraître paradoxal parce que j’expose beaucoup mon intimité sexuelle, mais personne ne sait rien sur mes proches, sur ma vie privée.
Je pense qu’il faut vraiment dissocier les deux, et savoir mettre des limites avec les clients. Quand je sens que certains glissent un peu trop dans l’affectif, je mets un stop tout de suite.
Je rappelle que je ne suis qu’une fille d’Internet, et que je n’ai absolument aucune importance dans leur vie. »
Être cam girl, sous pseudonyme
« Dans ce métier, sauvegarder sa vraie identité est très important. Il ne faut JAMAIS divulguer son prénom, son nom de famille ou son lieu de résidence.
Pour recevoir des cadeaux d’admirateurs, il existe les wishlists : on passe par un site tiers, les hommes n’ont jamais accès à l’adresse postale.
J’utilise un pseudonyme et j’ai aussi un faux « vrai » nom pour les clients les plus curieux.
J’ai commencé ce travail à 20 ans, et jamais je ne regretterai cette expérience, mais je ne me suis pas lancée au hasard. J’ai étudié longtemps les différents sites Internets qui existent pour comprendre de quoi il en retournait.
Je travaille à visage découvert, donc j’ai bien pensé aux conséquences, et surtout je me suis fixé des limites claires que j’ai toujours respectées.
J’y suis allée à mon rythme. J’ai fait ce que j’avais envie de faire, ni plus ni moins. »
Assumer d’être cam girl
Depuis que je la connais, j’ai toujours vu Mary assumer pleinement son activité avec ses potes, et parler ouvertement de ses expériences.
Elle est consciente de sa chance d’avoir un entourage amical qui ne la juge pas et l’accepte comme elle est, même si certains proches lui ont déjà exprimé leurs angoisses.
« Quand j’ai commencé, j’ai eu quelques réactions négatives, mais pas jugeantes : plutôt inquiètes.
Avec le temps, comme je parle beaucoup de mon activité, ces proches ont vu que je n’étais pas en danger, qu’il n’y avait pas lieu d’avoir peur pour moi.
J’ai même changé la vision de certaines personnes sur le travail du sexe ! »
Dire à ses parents qu’on est cam girl
Il y a quelques temps, Mary a fait le choix de parler à ses parents de son métier de cam girl, de peur qu’ils ne le découvrent par eux-mêmes.
Malgré son assurance et son amour de son travail, tu t’en doutes : elle a mis plusieurs mois avant de rassembler assez de courage pour se jeter à l’eau…
« Ça a été super dur, j’ai eu très peur.
Quand j’ai pris la décision de le dire à mes parents, il m’a fallu au moins deux ou trois mois à me ronger le cerveau avant d’oser sauter le pas.
J’ai des parents ouverts, mais j’avais quand même peur qu’ils me virent de la maison, qu’ils m’excluent de leur vie.
Au final, c’est… à moitié passé.
Dans le sens où ils m’ont dit que j’étais grande et que je faisais ce que je voulais de ma vie, mais l’idée ne leur plaît pas vraiment.
Je suis quand même super contente de l’avoir dit parce que maintenant tout le monde est au courant, et j’aime pouvoir assumer ma vie, avec cette partie de moi dont je ne dois pas avoir honte, donc ça m’a fait du bien. »
Être cam girl, et le couple
Depuis qu’elle a commencé son activité, Mary n’a jamais été en couple. Mais à vrai dire, elle n’a été en couple qu’une seule fois dans sa vie, pendant 1 mois et demi !
Elle a une vision des relations très libérée, et ne tient pas à rentrer un jour dans un duo amoureux conventionnel.
« À un moment de ma vie, j’ai beaucoup réfléchi à la question du couple, même avant de devenir cam girl. À ma façon de voir les choses.
J’en suis venue à la conclusion que le jour où je me remettrai avec quelqu’un, ce sera forcément pour former un couple libertin et échangiste.
Je crois à fond au polyamour, je suis bisexuelle, et je ne pourrais me priver ni d’un mec, ni d’une fille. Donc peu importe si je me mets en couple avec un mec ou une fille, je sais que j’aurai besoin de l’autre !
J’aurai aussi besoin de partager mon activité avec la ou les personne(s) avec qui je serais : la cam, et le porno indépendant bientôt, par exemple. »
Mary ne se projette pas du tout en tant que mère : elle veut se faire stériliser depuis plusieurs années. Elle attend 30 ans parce que tous ses proches lui conseillent de patienter, sinon elle l’aurait déjà fait il y a deux ans !
Note bien que c’est uniquement son expérience personnelle : la jeune femme ne pense pas qu’une activité de travailleuse du sexe soit forcément incompatible avec une vie de couple et une vie de famille.
Le lien entre cam girl et violences sexuelles
Pendant toute notre discussion, Mary évoque plusieurs fois la nécessité pour elle de contrôler son corps, sa sexualité. Elle m’explique que son activité lui a permis de s’approprier son corps et se sentir actrice dans son intimité.
Quand je lui parle de violences et agressions sexuelles, elle m’explique qu’elle se sent chanceuse de n’avoir jamais connu ça.
« J’ai la chance de n’avoir jamais été agressée sexuellement. J’ai subi une seule fois un attouchement dans la rue (un homme m’a touché les fesses) mais je ne l’ai pas vécu vraiment violemment.
Je suis vraiment reconnaissante envers ma bonne étoile.
Je sais qu’il existe une théorie selon laquelle des femmes qui sont victimes de viol, par exemple, ne respectent plus leur corps, se donnent à tout le monde, et vont vers les métiers du sexe…
Personnellement je profite juste du fait d’avoir une sexualité ouverte, et je compte continuer à faire mon petit trajet dedans en démontant les stéréotypes. »
Choisir d’être cam girl, c’est féministe ?
Pour Mary, faire le choix d’être travailleuse du sexe, c’est un positionnement féministe en soi.
Mais elle se confronte parfois aux avis opposés, de personnes qui considèrent qu’elle participe à la réification des femmes, à la sexualisation de leurs corps.
« Il y a peu de temps j’ai discuté avec ma grand mère, qui sait que je suis cam girl, et m’a demandé où était passé mon féminisme !
Elle fait partie des premières féministes à être descendues dans la rue pour protester. Sa vision, c’est que je satisfais juste des mecs qui me demandent de faire ce qu’ils veulent pour de l’argent, même si je n’en ai pas envie.
Du coup je lui ai expliqué tout ce que je viens de te dire : que personne ne m’a jamais forcée, que j’ai beaucoup repris confiance en moi grâce à ce travail, que j’ai repris la main sur mon corps…
Que pour moi, tout ça s’ancre parfaitement dans la veine du féminisme moderne et pro-sexe.
Je fais ce que je veux : c’est mon choix, il est assumé, et il est fait pour les bonnes raisons ! »
Mary, cam girl et sex-positive
Mary est un électron libre. Elle est bien entourée, et à seulement 22 ans, elle regarde ses choix de vie avec beaucoup de recul et de réalisme !
Véritable ambassadrice de la sexualité positive la jeune femme en parle beaucoup autour d’elle et permet parfois à son entourage proche et moins proche de parler de sujets tabous.
Elle permet aussi à certaines personnes d’avoir un aperçu de l’intérieur d’un milieu, celui du travail du sexe, auquel on greffe souvent beaucoup de clichés et de on-dit !
« Aujourd’hui, je ne suis plus cam girl.
Au bout d’un peu plus de 4 ans j’ai commencé à m’ennuyer de plus en plus, je sentais le besoin de nouveauté.
Mon obligation d’être omniprésente sur les réseaux et de devoir les multiplier, afin d’avoir toujours plus de vues, de clients, m’a blasée jusqu’à rupture.
C’est un milieu hyper compétitif dans lequel je ne me retrouvais plus. Je n’ai plus envie de jouer à ce jeu-là.
Je continue à m’exercer au shibari et à créer du porn art en peinture et collages. Et j’apprends à travailler le cuir, avec lequel j’ai envie de faire toutes sortes d’objets BDSM !
Maintenant j’habite la magnifique région qu’est l’Ardèche, en colocation avec 5 amis adorables, je vis ma toute première relation sérieuse, avec un mec qui connaît et accepte mon chemin particulier et comprend ma grande hypersensibilité.
Au final, je ne suis pas en couple libre, car je découvre peu à peu l’affect et tout ce qui l’accompagne… mais nous restons un couple avec une sexualité non-conventionnelle tout de même. »
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