La vie est aussi ingrate que la vésicule biliaire d’un cafard vérolé, ne le nions pas. La preuve : nous sommes obligés d’offrir, régulièrement et avec le sourire s’il te plaît, des cadeaux à des individus fort peu recommandables – individus auxquels nous préférerions offrir une bouse de vache lyophilisée plutôt qu’une boîte de macarons Ladurée.
Lectrices, lecteurs, indignons nous : l’heure de la révolte a sonné au clocher de la colère, et il est grand temps de renverser la dictature du cadeau-qui-coûte-une-journée-de-smic-offert-à-belle-maman-pour-Noël-sinon-elle-va-encore-raconter-qu’avant-j’étais-un-homme. Pour votre plaisir, ou votre futur Noël, voici quelques pistes qui devraient réjouir votre petit coeur et votre mince porte-monnaie.
À ta belle-mère
Mais pourquoi tant de haine ? Charlette-Eulalie, maman adorée de ton/ta dulciné-e, te voue une haine féroce. Après t’avoir comparé-e à la moitié des insectes répugnants que tu as disséqués en classe de 5ème (cancrelat, lombric, cloporte, etc.), la bougresse a conclu un pacte avec le diable pour que l’amour de sa vie, son fils, te quitte avec perte et fracas. Et en plus, elle sent la naphtaline.
Ce que tu lui offrirais si elle ne t’avait pas vouée à une mycose carabinée : Un ouvrage de psychanalyse appliquée sur les mères castratrices. Ou un reportage sur les mantes religieuses, si ta vilaine belle-mère a passé un bac S.
Ce que tu devrais lui offrir, pour lui défriser le brushing : Ta belle-mère étant un hideux croisement entre Cruella et Paris Hilton dans trente ans*, tu peux lui offrir un caniche albinos teint en rose sans l’ombre d’un scrupule. Non content de hurler à la mort toute la sainte journée et de produire en un an l’équivalent du poids de la tour Eiffel en déchets canins, le caniche vit longtemps. Très longtemps. Avec un peu de chance, il l’enterra peut-être.
*Mes plus sincères excuses si tu as désormais une image mentale peu ragoûtante clouée au cervelet. Pense à des chatons, ça ira mieux.
À ton patron radin
Après avoir fait 5 ans d’études, accompli 23,4 stages non-rémunérés et brûlé 239 cierges à Sainte Oniseppe, patronne des martyrs de l’orientation, tu as enfin trouvé un CDD payé au SMIC dans un supermarché béarnais. Mais ton patron, non content de te payer en francs, t’assomme de travail et se fout des 35 heures comme de sa première fiche d’impôts. Tu as déjà brûlé plusieurs poupées vaudou à son effigie.
Ce que tu lui offrirais s’il ne te faisait pas travailler comme un esclave stakhanoviste : Un beau livre, qui s’appellerait Comment traîner son employeur aux prud’hommes ou Le droit du travail pour les nuls.
Ce que tu devrais lui offrir, pour le voir devenir aussi rouge que ton compte bancaire : Le portefeuille des danaïdes, vague bout de cuir si rapiécé qu’il laissera choir tous ses chers soussous.
Aux enfants de ta collègue tyrannique
Ta collègue est, avec les cafards et le rap français, le pire fléau que l’on aie infligé à l’humanité depuis la peste bubonique. De sa bouche en cul de poule ne sort que mépris et ragots – d’ailleurs, elle a été raconter à tout le service que tu entretenais une relation très privée avec la plante verte en plastique du bureau.
Ce que tu lui offrirais si elle ne te brisait pas les ovaires en mille morceaux : Un bon pour un mois de vacances dans le Craonnais – ce sera toujours ça de gagné pour ton ulcère.
Ce que tu devrais lui offrir pour qu’elle te lâche les escarpins : À l’arbre de Noël du bureau, offre à son affreuse progéniture une batterie flambant neuve – ou bien une flûte à bec, si le spectre du sadisme vient à hanter ton esprit. Torturée par les odieux sons de ton merveilleux cadeau, ta charmante collègue tombera en dépression nerveuse et/ou commettra un infanticide. Elle est pas belle, la vie ?
À ta petite soeur de 14 ans
Depuis le début de son existence, ta petite soeur n’a cessé de pourrir la tienne. Tu as d’abord été incommodée par la puanteur de ses couches, la laideur de ses Barbies, la débilité de ses dessins animés favoris, sa propension à te voler tes jouets / fringues / CD / accessoires de maquillage / étrennes / jeux vidéo divers. Puis est venu le drame : ta soeur s’est entiché d’un chanteur très peu fréquentable, à la densité acnéique inversement proportionnelle à son talent musical.
Ce que tu lui offrirais si elle n’écoutait pas Justin Bieber du levant au couchant : Un poster avec des dauphins roses dessus, pour voiler l’hideux faciès de Justiiiiiiiiiiiiiiiin qui veille sur sa chambre d’un regard lubrique.
Ce que tu devrais lui offrir pour la remettre dans le droit chemin : Un flacon d’acide auditif, qui occirait radicalement son ouïe. Ou bien un détecteur de bouses musicales, qui, à la manière d’un détecteur de fumée, répandrait une pluie diluvienne dans sa chambre au moindre « Baby, baby, baby ouuuuuuuuuuuuuuuh« .
À ton prof sadique
Alors que tu n’étais qu’une innocente élève de sixième, ton prof de français a annoncé à toute la classe que ton QI était négatif car tu ignorais tout des subtilités de la mimésis et de l’oeuvre d’Honoré d’Urfé. Après t’avoir copieusement insultée – en latin, sinon ce n’est pas drôle, il t’a demandé de réciter l’alphabet à l’envers – et en grec ancien s’il vous plaît. Traumatisée, tu as arrêté l’école à onze ans.
Ce que tu lui offrirais s’il ne t’avait pas comparée 341 fois à un mollusque : Une boîte de chocolats avec des citations de latines dessus. « Memento mori », par exemple.
Ce que tu devrais lui offrir, pour lui faire bouffer son gaffiot tout cru : Un CD de Booba non traduit en français médiéval. Pour l’achever, tu peux aussi lui offrir le dernier Marc Levy -cela étant dit, je ne cautionne pas son trépas par crise cardiaque / suffocation / pendaison.
Et toi, quels cadeaux infâmes rêves-tu d’offrir à tes pires ennemis ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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