— Article initialement publié le 23 décembre 2015
Au cas où tu ne t’en souviendrais pas, je me permet de te faire un petit rappel : C’EST BIENTÔT LE NOËL. Et dans la tradition, qui dit Noël, dit cadeaux.
Oui mais voilà, tous tes proches ne sont pas forcément très doué•e•s lorsqu’il s’agit de trouver des présents cool et utiles… Bravo, hein, bravo.
Mais comme c’est une petite attention qui vient souvent du coeur, pour laquelle la personne en question a réfléchi au moins quelques secondes et dépensé quelques euros, il faut la remercier.
Même si tu penses qu’elle ne le mérite pas vu qu’elle t’a offert une serpillère fantaisie.
Et si tu ne sais pas tellement jouer la comédie, voici un petit guide tout plein de mauvaise foi pour te montrer comment réagir face à des cadeaux décevants, et savoir dire « merci » !
Parce qu’après tout, l’esprit de Noël, c’est bien de ne penser qu’à ses propres petites contrariétés, non ?
Non ?
La fausse compréhension
Nous y voilà. C’est le réveillon de Noël chez ta grand-mère et l’heure des cadeaux est déjà arrivée.
Chacun dégaine donc son paquet (sortie de son contexte, cette phrase est déplacée), sa petite enveloppe (ce n’est pas une métaphore) et son sac rempli de surprises (ça n’est toujours pas une image, arrêtez un peu), pour s’échanger bises et petits présents.
C’est alors que ton Tonton Pintade (que tu appelles comme ça parce qu’il ressemble étrangement à une volaille) s’avance vers toi pour te tendre ton cadeau. Tu le déballes, le sourire aux lèvres, jusqu’à découvrir l’objet du désir : une boîte de cotons-tiges.
Sérieusement, oncle Pintade ?
Ok, c’est une édition collector à paillettes, mais ça reste des cotons-tiges.
Face à ce cher Jean-Michel Pintade, je te propose une première solution : feindre la compréhension. En gros, joue la comme Beckham mauvaise foi à fond.
Commence donc par arborer ton plus beau sourire forcé, mais en essayant de l’emplir de compassion. Et commence à dire quelque chose du genre :
« Non, vraiment, merci c’est très sympa, et puis, c’est super utile — et quand on y réfléchit c’est quand même vachement dur de trouver un cadeau pour tout le monde ».
En gros, montre-lui de façon tout à fait passive-agressive qu’il a MERDÉ.
Et s’il ne comprend toujours pas, rajoutes-en une couche à base de « C’est original, au moins, merci beaucoup, Tonton Pintade… C’est sûr que ça ne ressemble à aucun autre cadeau ».
La culpabilisation
La tournée des surprises continue : c’est au tour de ta Tatie Jésus (que tu appelles comme ça parce qu’elle ressemble étrangement à Jésus) de s’avancer dans ta direction, un paquet à la main.
Tu balances les cotons-tiges de Pintade derrière le canapé pendant que celui-ci ne regarde pas dans ta direction, histoire d’être tout à fait prête à recevoir ce nouveau cadeau.
Mais tu n’avais pas prévu que cette année, ta tante, prise d’un élan d’originalité (il sembleraient qu’ils se soient donné le mot avec Oncle Volaille), a décidé cette année d’investir pour toi dans un parfum de supermarché…
Tu n’es pas du genre à faire des jugement de valeur sur les fragrances, mais il faut quand même avouer que celui-ci sent particulièrement mauvais.
Comme si le Nez qui l’avait composé avait juste foutu au hasard des odeurs dans un flacon sans se soucier de l’harmonie.
Le parfum qui pue : une allégorie.
Que faire dans ce cas-là ? Eh bien je te propose à nouveau de jouer de la mauvaise foi, mais en la poussant un peu plus loin ce coup-ci, histoire de carrément culpabiliser Tante Jésus, qui, après tout, l’a bien mérité avec sa fragrance que tu ne verrais même pas pschitter dans tes toilettes.
Commence donc par prendre un air lassé mâtiné d’une pointe de tristesse, et à lui dire « Non mais un parfum Tatie, ça se choisit, il faut que ça me corresponde, tu crois vraiment que cette odeur de choucroute de la mer est raccord à ma personnalité ? ».
Souffle le chaud et le froid, en lui disant ensuite « Mais c’est quand même gentil, merci d’avoir pensé à moi… ».
À ce moment, lève des yeux tristes type Chat Potté vers elle : si mes calculs sont bons, elle devrait te faire un chèque quelques minutes plus tard pour que tu puisses t’acheter un petit quelque chose en plus.
Oui je suis machiavélique.
Un portrait de moi pris sur le vif il y a quelques années.
Si elle n’attrape pas son portefeuille tout de suite, ne t’avoue pas vaincue, et parle un peu fort avec tes autres proches de ce parfum « qui ne sent pas très bon, mais après tout c’est l’intention qui compte à Noël ».
Normalement, ça devrait marcher. Sinon, évoque à haute voix les gens radins.
Se mettre à pleurer
Petit bilan de mi-parcours. Tu te retrouves donc avec des cotons-tiges à paillette et un parfum qui pue. Bon. Espérons que la suite sera un peu mieux… dans tous les cas, j’ai d’autres tours dans ma hotte.
Mais gardons l’espoir, parce que Noël c’est ça les bons sentiments.
Voici venir ta Mamie Cor de Chasse (que tu appelles comme ça parce qu’elle ressemble étrangement à un cor de chasse), munie d’un sac qui a l’air rempli de choses plutôt cool. Peut-être pas une voiture ou un appartement, mais sympa quand même.
Et c’est ainsi que tu te retrouves avec un coffret de boules à neige fantaisies représentant les spécialités des 13 nouvelles régions françaises. Bon au moins, ta grand-mère est à jour niveau géographie, c’est pas négligeable.
Sérieusement, Mamie Cor de Chasse ?
Sauf que là, c’en est trop : les deux coupes de champagne que tu t’es enfilées un peu plus tôt aidant, les larmes te montent aux yeux.
Deux solutions s’offrent ici à toi : soit tu laisses couler des larmes sincères, et donc tu renvoies une rafale de culpabilisation mais sur Mamie Cor de Chasse cette fois-ci (elle pourra ouvrir une cellule de soutien psychologique avec Tatie Jésus), soit tu décides de l’épargner un peu en mentant, et en faisant semblant que ce sont des larmes de joie.
Si tu choisis la seconde option, je te préviens : tu risques de recevoir chaque année des cadeaux de ce style. C’est à double tranchant.
Laisser éclater sa colère
Cette soirée de Noël tout à fait éprouvante touche bientôt à sa fin ; tandis que tu te demandes ce que tu as bien pu faire à l’univers pour avoir aussi peu de chance, ton Cousin Taille-Crayon (que tu appelles comme ça parce qu’il ressemble étrangement à un taille-crayon) pointe le bout de son nez, un cadeau dans la main.
Allons-bon. Qu’est-ce que ça va être cette fois-ci ? Une brosse pour les vécés ? Une peluche qui joue du Patrick Sébastien quand tu appuies dessus ?
À ce stade, tu t’attends au pire. En déballant ton présent, tu te rends compte que le cadeau de ce cher Taille-Crayon n’est pas si mal que ça…
Enfin, le serait si on était encore dans les années 90. Parce que ce qu’il t’a offert, cette andouille, c’est un Discman.
Un D I S C M A N.
Voilà, tu es à bout. Des cotons-tige, des boules à neiges, un parfum qui pue et maintenant un Discman ?! Tu pètes allègrement un câble et te mets à hurler sur tout ce qui bouge, en premier et surtout sur ce pauvre cousin Taille-Crayon.
Tu le regardes, les yeux pleins de mépris, et lui assènes : « Un Discman, Taille-Crayon, un DISCMAN ? T’as pas l’impression qu’il y a un petit problème ? NOUS SOMMES EN 2015 TAILLE-CRAYON, plus PERSONNE n’utilise de disque et encore moins de baladeur CD ».
La dernière solution que je te proposes ici est donc de laisser éclater ta rage, quitte à gâcher Noël… mais bon, en même temps ils t’ont cherché, avec leurs cadeaux nuls.
Tu peux toujours t’en aller dignement, en passant par la fenêtre comme dans les films d’action pour faire une sortie spectaculaire, après avoir fait bouffr à Pintade ses cotons-tiges, aspergé Tatie Jésus de son parfum-qui-pue, et indiqué à Mamie Cor de Chasse que ses boules à neige, elle pouvait se les foutre où tu penses. Ça fera de quoi papoter pendant la fin de soirée.
Et Joyeux Noël, mes enfants !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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