Parler de son père, c’est quelque chose de sensible. Qu’on l’aime, ou pas. Peut-être parce qu’on est un prolongement de lui, (litt), ou bien qu’au fond, c’est la première matrice masculine qu’on a eue (ou pas) dans la vie.
A l’occasion de la fête des pères, on pourrait te servir une liste des cadeaux à faire ou à ne pas faire à son pôpa, avec en tête des « faut pas » le tire-bouchon pour sa collection, la Smartbox, le rasoir électrique ou la pute. Mais ça serait trop facile de se moquer, d’autant que si ça se trouve, je vais moi-même offrir une crème hydratante au mien. Ce qui serait plus original, c’est qu’on profite de dimanche pour se mettre en phase avec soi, ce qui passe par se mettre en phase avec papa. Qu’il soit là, ou pas…
Je suis prête à avoir une vraie discussion avec mon papa parce que j’ai réalisé que j’étais devenue une grande fille. D’un côte ça fait bizarre, parce que je ne pourrai plus jamais monter dans ma chambre, claquer la porte et mettre de la musique d’arabe à 130 décibels si les choses tournent mal. Mais ça me réjouit quand même de savoir que cette fête des pères se passera différemment des autres. Pas de cadeau emballé le matin et pas de bise mollassonne au début de l’apéro, vers 11h45. Cette année, mon cadeau, c’est la sincérité et le recul.
Si j’ai du mal à commencer c’est parce que je le connais. J’aurais beau lui dire mille gentillesses, il ne retiendra que le bémol que j’aurai évoqué. Il va froncer la bouche et regarder au loin, comme les capitaines de bateau qui repensent au matelot qu’ils ont perdu en mer. Normalement c’est à ce moment-là que moi je flanche, que je dis pardon je voulais pas te faire de peine, et que j’ajoute « oublie, t’es le meilleur ». C’est fou comme une relation avec son père peut-être délicate. Autant quand on se fâche, les insultes, les objets et la nourriture peuvent voler, autant quand il s’agit d’être sincère, le courage se planque comme un chat quand y’a de l’orage.
Donc papa, voilà ce que je voudrais te dire :
Pendant une journée, du matin au soir, j’aimerais être à ta place. Non pas pour faire une taille 48 ou porter des sandales avec des chaussettes en dessous, ni pour dire « croc croc » quand je résouds un problème de géothermie, ni même pour savoir ce que ça fait de s’appeler Robert. Non. J’aimerais être dans tes sandalettes pour avoir ta vision des choses. Comprendre par exemple pourquoi tu braves la mort en mangeant 500 g de pistaches chaque soir ou ce qui te pousse à aller chercher dans le congélateur quand tu as perdu tes clés.
En étant dans tes pompes, papa, je remonterais le temps. J’irais voir qui de toi ou moi a lâché l’affaire le premier au début de mon adolescence, et j’en profiterais pour essayer de comprendre quelle sorte de pudeur nous a empêché de parler d’autres trucs que la pluie, le beau temps et la musique de Radio Nostalgie.
Mais il faut que tu saches une chose, c’est que je veux pas d’un autre papa, même pas Michael Kyle de « Ma famille d’abord ». Je le recalerais parce que de sûr, les bonnes choses que tu m’as transmises, lui les maîtrise pas.
Et voilà comment je voulais te souhaiter bonne fête papa.
Love and respect,
ta fille.
Bon voilà, j’ai commencé, maintenant c’est à toi de mettre en forme ce que tu aimerais dire à ton papa !
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