Facebook appartient maintenant au groupe Meta, qui possède aussi Instagram, Messenger et WhatsApp. Un changement de nom qui fleure bon la volonté de changer d’image, de s’éloigner des anciennes controverses et de conquérir de nouveaux publics, bien plus intéressés par d’autres réseaux sociaux (comme Snapchat et TikTok) que par cet ancien mastodonte.
Mais qui dit nouveau nom ne dit pas nouvelles bonnes pratiques ! Le média américain Jezebel, qui a étudié un rapport du New York Times sur le bloquage des contenus publicitaires chez Facebook, nous apprend que la modération du réseau social a encore sévi, notamment du côté de publicités de produits pour femmes en post-partum… avec notamment la censure de culottes et de produits aidant à l’allaitement.
C’est au total soixante entreprises concernant le bien-être et la santé des femmes qui affirment avoir eu leurs publicités bloquées par Facebook. Les produits ont été catégorisés comme « pour adultes ».
Que disent ces bannissements de la modération chez Facebook et sur la plupart des réseaux sociaux ? Petite explication méta de ce qui se passe chez Meta…
Facebook : une modération déficiente et problématique
On peut en effet, à l’instar de Jezebel, s’étonner d’une sorte de double standard concernant leurs produits « pour adultes » (enfin, ce qui est considéré comme tel, parfois à tort) et pour la santé sexuelle. Ne voit-on pas trôner fièrement sur les pages du réseau social des publicités pour préservatifs, on ne peut plus explicites, vantant plaisir et sensations ?
C’est donc bien une modération asymétrique envers les hommes et les femmes qui est à l’œuvre quand il est possible d’afficher des pubs pour des pilules contre les troubles de l’érection et de bloquer celles qui proposent du matériel pour renforcer son périnée après la ménopause.
C’est ici une mosaïque d’algorithmes très complexe qui est en cause — Facebook se défend bien sûr d’avoir blacklisté des mots qui proscrivent ces publicités, comme « ménopause » ou « vagin ».
Mais on a ici affaire à un problème systémique. Le groupe Meta place les efforts de modération ailleurs, sur les armes à feu, le cannabis… Évidemment ce sont des sujets très importants, mais une fois de plus ce sont les femmes qui trinquent, avec leurs corps et leurs problématiques à nouveau invisibilisés.
Les algorithmes seraient-ils sexistes comme l’avançait le livre L’intelligence artificielle, pas sans elles ?
Une pondibonderie questionnable sur le corps des femmes est à l’œuvre, indiquant que leur anatomie et leurs problèmes doivent restés discrets. Cachez-moi ce corps post-partum que je ne saurais voir…
La censure des publicités mettant en scène le post-partum
Ce n’est pas la première fois qu’une publicité pour des produits destinés aux femmes en post-partum est bloquée. Cela avait été le cas en 2021, par le fait de décisions humaines, d’une censure de la chaîne ABC et de l’Académie des Oscars.
On pouvait voir dans cette publicité de produits d’hygiène et de post-partum une femme se déplaçant avec difficultés chez elle, aller aux toilettes, avec en fond les pleurs d’un bébé. La sociologue et militante féministe Illana Weizman avait en réaction lancé le mouvement #monpostpartum puis écrit un livre passionnant dans lequel elle expliquait :
« Pas loin de la moitié de l’humanité passera par cet état de faiblesse physique, de convalescence. Alors, pourquoi censurer une situation aussi banale, bien que complexe et douloureuse ? Qu’est-ce qui est à ce point insupportable dans la mise en scène honnête de la souffrance et du vécu des femmes ? […]
Ayant moi-même traversé cette période du post-partum peu de temps en arrière, je me suis sentie dénigrée. J’ai ensuite pris conscience qu’un autre élément venait renforcer mon courroux, cette censure faisait écho à une autocensure que je m’étais infligée. »
Il est implicitement indiqué que les corps des femmes sont honteux, doivent être dissimulés. Les algorithmes reproduisent une société aux biais sexistes et continuent ainsi à les perpétrer… Il serait temps de briser la chaîne et Facebook devrait s’en préoccuper si le réseaux social de Mark Zuckerberg veut conquérir de nouvelles générations, sans doute plus attentives à ces questions.
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Image en une : © Workin’ Moms/Netflix
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