Sa diffusion n’a pas atteint un score très glorieux. Et on s’en réjouit. Seulement 304.000 téléspectateurs et téléspectatrices ont donné une chance au film Unplanned, propagande anti-IVG grotesque et cousue de désinformation diffusée ce lundi 16 août sur C8.
On vous épargne bien sûr de perdre deux heures de votre précieux temps en vous invitant à lire notre savoureux et graphique résumé de ce navet.
Lundi, la diffusion était précédée d’un court message (relayé sur Twitter par le média Les Jours) — comme si pour atténuer la levée de boucliers, C8 essayait de se dédouaner et n’assumait finalement qu’à moitié sa position de diffuseur d’une œuvre. Un peu tard, un peu hypocrite, et surtout un peu vain, comme démarche.
Diffuser Unplanned, un délit d’entrave à l’IVG ?
Au lendemain de sa diffusion, le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations a publié un communiqué dénonçant la diffusion du film par la chaîne C8 :
« En acceptant de diffuser ce type de programme, la chaîne de télévision se rend solidaire des mouvements anti-choix et se rend coupable du délit d’entrave condamné dans notre pays. Basé sur des faits réels, ce film met avant tout en avant des contre-vérités scientifiques et induit inexorablement le spectateur en erreur. »
Délit d’entrave, vraiment ? Ce n’est pas tout à fait juste. La portée du texte de loi sur le délit d’entrave à l’IVG voté au printemps 2017 avait en effet été largement tempérée par le Conseil constitutionnel.
Il avait alors bien précisé que « la seule diffusion d’informations à destination d’un public indéterminé sur tout support, notamment sur un site de communication au public en ligne, ne saurait être regardée comme constitutive de pressions, menaces ou actes d’intimidation au sens des dispositions contestées, sauf à méconnaître la liberté d’expression et de communication. »
L’actuelle loi semble donc insuffisante dans ce cadre précis de la diffusion en prime time d’un film, aussi problématique soit-il.
Bientôt un examen de la part du CSA
Alors sera-t-il possible d’une façon ou d’une autre de sanctionner C8 pour avoir diffusé une œuvre à la portée aussi dangereuse ?
Selon l’AFP, le CSA a reçu plusieurs saisines concernant Unplanned. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel ne pouvait en aucun cas agir avant diffusion du film et n’avait pas le pouvoir d’en exiger l’annulation.
Sollicité par le Huffington Post, l’autorité qui exerce une surveillance et une régulation de l’audiovisuel en France a déclaré qu’elle « procédera à un visionnage du film diffusé à l’antenne et examinera les saisines reçues » :
« En cas de manquement aux obligations légales, réglementaires et conventionnelles auxquelles il est soumis, le CSA interviendra auprès de l’éditeur. »
Plusieurs associations — le Planning familial, l’Association nationale des étudiant.e.s sages-femmes ainsi que l’Association Nationale des Sages-Femmes Orthogénistes — ont dénoncé le film et sa diffusion en France, mais ont aussi fait part de leur demande : « la réévaluation du sigle “moins de 10 ans” en “moins de 18 ans”, ainsi que la diffusion d’un documentaire expliquant le déroulement de l’IVG en France ou l’intervention des trois associations sur C8 dans les mêmes conditions que la diffusion du film. »
Une autre organisation, l’Association Nationale des Centres d’Interruption de Grossesse et de Contraception, a elle aussi profité de ce moment de mobilisation pour demander l’allongement de deux semaines du délai pour avoir recours à une IVG, une proposition de loi portée par la députée Albane Gaillot.
Affaire à suivre, donc…
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