Ce matin, pendant la réunion de la rédaction, on parlait de quelqu’un qui buzze sur Snapchat, un certain Amine Mojito.
Ce mec s’est fait connaître grâce à ses vidéos où on le voit fesser des filles avec divers objets, que ce soit des ceintures, de l’alcool ou des fruits (oui, des fruits). Depuis, son compte a été fermé mais il reste présent dans l’actualité.
Bref, on a débattu un bon quart d’heure pour savoir si on allait en parler, et si oui, comment. Puis on en est venus à la conclusion suivante : vu que les filles dans ces vidéos sont consentantes… on a pas envie de jouer les donneuses de leçons. Ce n’est pas à nous de leur dire de ne pas faire ça. C’est à elles de décider de leur faits et gestes.
Mojito n’est ni le premier, ni le dernier à se faire connaître pour avoir uniquement proposé un contenu franchement moyen, voire carrément merdique. Avant lui, Mickaël Vendetta ou Nabilla sont devenus célèbres comme ça. Tantôt décriés, tantôt moqués, ils ont quand même atteint leur but premier : celui d’avoir du succès.
Pourtant, je suis d’avis qu’on aurait pu se passer de cela d’une manière bien simple…
Plus on parle de quelque chose, plus on donne envie de le voir
L’une des règles de base est que les gens commenteront presque automatiquement un contenu qui leur déplaît… et resteront plus souvent silencieux s’ils aiment ce qu’ils regardent. Sauf qu’en commentant, que ce soit sur un réseau social ou au cours d’une discussion, on donne de la visibilité à un contenu. Pire, on attise la curiosité de ses pairs.
Parfois, on entend la phrase suivante :
« J’ai vu ce truc horrible sur Internet ! »
À ce moment-là, pour beaucoup, le premier réflexe est de chercher à en savoir, et surtout à en voir plus. Amine Mojito joue sur ça. La curiosité malsaine et le cul, deux éléments parfaits pour attirer l’attention du chaland !
En 2013 déjà, Jack Parker nous parlait du phénomène du hate reading : lire un contenu en sachant par avance qu’il va nous mettre en colère. C’est à la fois addictif et douloureux.. et le pire, c’est que nous sommes nombreux•ses à continuer à faire ça.
Souvenir, souvenir…
Sur YouTube, l’énorme majorité des commentaires critiquent les vidéos d’Amine Mojito… et les font vivre. Du coup, ça lui donne de la visibilité. Et du coup, il obtient ce qu’il cherchait : il fait le buzz.
Amine Mojito a annoncé récemment vouloir arrêter de donner des fessées à des donzelles pour se lancer dans une autre carrière : le rap. Mine de rien, il a d’ores et déjà des milliers de followers ! Il a gagné son pari… quand les personnes qui ont cherché à le pointer du doigt ont surtout perdu de l’énergie.
L’argument du justicier ou « C’est pour le bien des autres »
Les personnes qui vont relayer un contenu pour le critiquer le font souvent pour le condamner publiquement.
Bien entendu, les intentions sont compréhensibles, sauf que… Nous ne sommes ni juges, ni super-héros. Nous nous devons bien entendu de signaler des choses qui sont en dehors de la loi, nous pouvons parler des contenus qui nous semblent injurieux et polémiques.
Oui, ça m’agace aussi quand je vois que Nabilla s’est fait connaître en faisant une blague sur le shampoing. Mais si j’en parle, je renforce son succès ! Pire, si je me plains de sa célébrité, je risque d’attiser la haine envers elle. Personne ne mérite de se faire bâcher par le tout-Internet. D’ailleurs, ce n’est pas mon job d’être la police du bon goût.
Quant à l’argument de dire que c’est une honte pour l’humanité, eh bien… et alors ? À nous de ne pas considérer les people comme des ambassadeurs… et d’encourager les belles initiatives !
Et alors, on fait quoi ?
Certains préconisent de regarder ce spectacle avec beaucoup de second degré. Personnellement, je suis d’avis que le meilleur des mépris reste l’indifférence.
Alors arrêtons de nous offusquer du ramdam que créent les gens qui produisent des contenus discutables. Gardons notre précieuse énergie pour nous intéresser à un produit qui a de l’intérêt : Internet en regorge.
À nous de créer la culture de demain. Il ne sert à rien de dire que « c’était mieux avant », parce que de toute manière, nous ne reviendrons jamais en arrière. Nous ne sommes pas nécessairement passif•ves devant un monde imparfait. Nous pouvons agir, nous pouvons créer, nous en avons les moyens.
N’oublions pas que la société n’est pas un monstre lointain, qu’il s’agit un peu de nous… alors nous pouvons bouger !
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Vous partez du principe que, puisque les filles sont consentantes, il n'y a pas de problème. Et ça, c'est lui qui le dit, rien ne prouve véritablement qu'elles le sont.
Et puis en aucun cas vous ne parlez de son discours ultra misogyne et assumé. Ce mec pense sincèrement que la femme est inférieure à l'homme et que ce n'est pas un problème de les humilier comme il le fait. Son discours est dangereux car certains qui l'entendent n'ont pas toujours le recul nécessaire pour remettre ses paroles en cause. Et comme dit dans d'autre commentaires, certains se mettent à le croire ou à penser que ses paroles et ses actes sont un jeu.
Je pense que quand une action faite par quelqu'un est juste débile, il faut l'ignorer, mais quand cette action est également dangereuse, il faut faire quelque chose contre ça, au moins décrédibiliser son discours.
Enfin bref, ça sert à rien de se dire féministe et de s'écraser de la sorte quand un individu comme ça fait son apparition.