Nous assistons peut-être à un évènement historique.
Bunny est la chienne la plus célèbre de TikTok. L’engouement qui l’entoure s’explique par le fait que ce canidé communique de manière assez déroutante avec sa propriétaire, Alexis Devine.
Toutes ses vidéos sont postées sur le compte what_about_bunny, et ça vaut le coup d’œil ! Penchons-nous sur ce phénomène et tentons de découvrir s’il s’agit d’une arnaque ou si c’est bien le début de la fin pour la race humaine.
Tout sur Bunny, le chien de TikTok qui « parle »
Alexis, la maîtresse de la chienne, utilise un clavier muni de boutons qui émettent des mots pré-enregistrés et apprend à Bunny à lui répondre.
@what_about_bunnyBunny: Bringing you existential content since dogs could talk ##bunnythedog ##talkingdog ##fypシ ##aac ##WeekendVibes ##doggos♬ original sound – I am Bunny
Elle a été inspirée par Christina Hunger, une orthophoniste qui a utilisé ce même dispositif avant elle avec son chien Stella.
Alexis Devine explique à Brut que sa chienne crée des combinaisons avec les touches de ce fameux panneaux affublé de boutons, et observe la réaction de sa maîtresse, comme si elle attendait une réponse de sa part.
Quand les sons émis ne veulent rien dire, Alexis encourage sa chienne à recommencer, jusqu’à ce qu’il en résulte une phrase ou un mot intelligible.
Cette histoire assez particulière a donc très rapidement attiré l’attention des internautes, et même des scientifiques. Peut-être même que vous suivez déjà Bunny, qui a déjà plus de 5 millions d’abonnés sur TikTok !
Les réactions des internautes face à Bunny le chien qui parle
De cet engouement sont nés des fans ébahis par l’intelligence extraordinaire de la chienne, des vidéos parodiques et humoristiques, des memes, et des réactions virales à certaines vidéos de Bunny qui sont plus déconcertantes que d’autres…
Comme celle où la chienne demande de l’aide et se dit être « inquiète ».
https://twitter.com/jaboukie/status/1331449504281878529
Bunny est à un bouton près d’avoir besoin d’un chien de soutien émotionnel.
Il y a évidemment également des réponses sceptiques, ce qui est bien normal. Car s’il y a une chose qu’Internet nous a appris, c’est à ne pas croire tout ce qu’on y trouve.
Certains pensent que le tout est truqué, et d’autres proposent des réflexions plus nuancées. C’est par exemple le cas d’une vidéo de The Rewired Soul.
Une théorie qui ne date pas d’hier sur le comportement de Bunny
Pour The Rewired Soul, il ne s’agit pas de démontrer que tout cela est monté de toutes pièces, mais plutôt de tenter de comprendre ce qui pourrait éventuellement nous amener à trouver le phénomène Bunny plus étonnant qu’il ne l’est vraiment.
On peut envisager d’une part que les TikToks de Bunny ne montrent que les moments les plus probants et que la moitié du temps, la chienne fait n’importe quoi.
Mais il peut aussi s’agir d’une autre explication. La vidéo rappelle que le « béhaviorisme », c’est à dire l’art de dresser les animaux à faire des choses remarquables, a déjà fait ses preuves notamment par le biais du penseur B.F Skinner.
Cela dit, parler ne ferait pas partie des capacités qu’on a découvertes aux chiens jusqu’à maintenant, et ce fameux dispositif à boutons utilisé par Alexis Devine pourrait en fait nous donner l’impression que les animaux sont « plus intelligents qu’on ne le croit ».
Il est plausible que Bunny communique réellement avec sa maîtresse et que ça ne soit pas truqué, mais ça ne veut pas dire qu’elle comprend la signification des mots qu’elle « prononce » grâce aux boutons.
Un parallèle parlant cité également par The Verge
est celui du Clever Hans Phenomenon. Hans est un cheval qui vivait au début du XXe siècle et à qui son propriétaire aurait appris à résoudre des calculs mathématiques.
Au lieu de boutons, ce sont des pancartes qui étaient utilisées, mais le système était similaire : le cheval pointait vers la bonne réponse lorsque son maître lui posait une question.
Des chercheurs se sont penchés sur le sujet et ont découvert que seul, le cheval ne savait pas indiquer la bonne réponse, et il en a été conclu que Hans lisait en fait des indices subtils, des signaux corporels qu’esquissait son maître et qui le poussait à savoir qu’elle pancarte indiquer.
Il n’est pas certain que le maître l’ai fait exprès. Mais il est possible que même sans le vouloir, son langage corporel face aux pancartes ait indiqué au cheval la bonne réponse. Peut-être que Hans suivait le regard de son propriétaire, ou observait simplement un mouvement du corps discret mais évocateur, et en déduisait à quelle pancarte pensait son maitre.
Dans ce cas là, l’intelligence de Hans et Bunny se trouverait plutôt dans leur capacité d’observation et d’interprétation du langage corporel. Ce qui est très impressionnant aussi, d’ailleurs.
Au final, Alexis Devine n’a elle-même pas affirmé que sa chienne comprenait vraiment le sens des mots sur lesquels elle appuie.
Bunny a été entraînée à apprendre sur quel bouton il faut appuyer pour demander quelque chose. Elle reconnaît une sonorité et un emplacement, elle sait où il faut appuyer : ce qui ne veut pas dire qu’elle comprend la signification du mot en lui-même.
Même sans aller aussi loin que cette théorie du langage corporel, l’entraînement de Bunny n’est peut-être finalement pas si différent que lorsque l’on apprend aux chiens des ordres comme « assis » ou « couché ».
Un chien sait par exemple que quand on dit « assis » il faut s’assseoir, parce qu’il sait que cette sonorité prononcée avec cette intonation veut dire qu’il doit poser son arrière train au sol et attendre sagement.
Le système utilisé par Bunny paraît fou parce qu’au final, il donne l’impression que le chien prononce des phrases, mais il est tout à fait possible que pour lui, ce soit juste « quand j’appuie là, ma maîtresse me donne ça ».
Les scientifiques se penchent sur le cas de Bunny, le chien qui parle
Des chercheurs du Comparative Cognition Lab à San Diego expliquent qu’ils ne s’agit pas de savoir si les chiens peuvent communiquer avec les mots, mais aussi de découvrir comment fonctionne cette communication pour eux, et ce qui fait que Bunny parvient à s’exprimer avec ce dispositif.
D’après The Verge, Federico Rossano, chercheur au Comparative Cognition Lab, s’est saisi du phénomène et une équipe est actuellement en train d’étudier la chose sur plusieurs chiens.
Chaque maître qui participe a reçu des instructions sur la façon de configurer les boutons de son dispositif, en commençant par des mots comme « dehors » et « jouer ».
Des caméras ont été installées à coté de ses tableaux personnalisés, avec pour but de filmer en continue et de s’assurer que les moment capturés en vidéo ne sont pas sélectionnés. Les images sont ensuite envoyées au laboratoire où les chercheurs les passent au peigne fin et décodent ce qu’ils voient.
Ils examinent également à quel point ces animaux présentent des comportement généralement considérés comme exclusivement humains, comme la conscience de l’espace-temps ou encore la capacité de faire des observations et de raconter des choses.
Par exemple, on voit dans les vidéos de Bunny qu’elle demande parfois « Où, papa ». Les scientifiques cherchent à savoir si cela signifie qu’elle se demande réellement dans quel endroit il est, ou si elle remarque juste qu’il n’est pas dans la pièce. Deux choses qui ne demandent pas les même capacités de compréhension.
@what_about_bunnyShe is so pure? ##pupper ##aac ##bunnythedog ##tiktokdogs ##fypシ♬ original sound – I am Bunny
De même, lorsqu’un chien appuie sur « Eau, dehors » les chercheurs tentent de savoir si c’est-ce parce que le canidé remarque qu’il y a de l’eau dehors, ou si il demande de sortir pour aller boire de l’eau. La remarque témoignerait d’un comportement très humain, tandis que la demande correspondrait à ce que l’on a l’habitude de voir faire un chien ; simplement, au lieu de se planter devant la porte du jardin pour nous faire comprendre qu’il veut aller boire, il fait sa demande en appuyant sur des boutons.
Dans certaines vidéos, Bunny appuie sur les boutons « matin », « soir », « midi »…. Les chercheurs tentent donc d’étudier l’utilisation de ces boutons par les chiens afin de découvrir s’ils sont capables d’avoir la notion du temps.
@what_about_bunnyBig brain concepts ##NeedToKnow ##bunnythedog ##tiktokdogs ##talkingdog ##fypシ ##communication♬ original sound – I am Bunny
Pour l’instant, les études sont toujours en cours et il n’y a pas eu de grosse révélation ni d’annonce bouleversante sur le sujet.
Au final, il est tout à fait plausible que les vidéos de Bunny ne soient pas truquées, mais la réponse n’est pas aussi simple que ça. Car la vraie question n’est pas seulement de savoir si les chiens peuvent converser ou pas, mais plutôt de comprendre les mécanismes de cette communication pour eux et ce que ça dit sur l’avenir de notre communication avec eux !
Bref, c’est la porte ouverte à des recherches vraiment intéressantes et intrigantes sur les animaux de compagnie.
En espérant que tout cela ne débouche pas sur un scénario à La Planète des singes, dans lequel on se rendrait compte que les chiens commencent à devenir conscients d’eux-même, réalisent qu’ils sont saoulés de nous et décident de s’allier pour renverser l’humanité.
Les Commentaires
Je pense qu'il y a effectivement l'esprit de déduction du chien pour des trucs qu'on observe genre je le rappelle : je l'attache, on remarque que l'attache automatique lors d'un rappel pousse certains chiens à justement ne pas revenir sachant qu'il y aura attache. On conseille donc de varier les deux solutions : attacher et parfois rappeler sans attacher. J'ignore à quel point ils sont intelligents mais comme dit dans l'article " assis couché " démontre très bien ça.
Après selon moi en terme de communication avec nos canin on peut déjà commencer par arrêter de produire et d'utiliser du matériel coercif et aller regarder les dernières études sur le comportements canin et les bienfaits de l'éducation positive