Live now
Live now
Masquer
bug-enki-bilal-critique
Culture

Pourquoi il faut lire Bug, la nouvelle pépite angoissante d’Enki Bilal

La nouvelle bande dessinée d’Enki Bilal, Bug, s’attaque brillamment à un sujet de société incontournable : le numérique !

Cet article a été écrit dans le cadre d’un partenariat avec Casterman. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.

620_mad_aime_bug

2041. Un avenir moins lointain que ce qu’on pourrait croire, si l’on se réfère à la nouvelle bande dessinée d’Enki Bilal, Bug, parue aux éditions Casterman.

bug-enki-bilal

Clique sur l’image pour accéder au site de l’éditeur

Bug, un avenir virtuel qui éclate

Dans cet avenir imaginé par Enki Bilal, la mémoire de l’humanité repose entièrement sur le bon fonctionnement du virtuel.

Les gens vivent à travers leurs écrans, leurs ordinateurs et leurs téléphones, qui sont les seuls témoins de leur passé, et les complices de leur avenir.

Vous sentez venir la catastrophe ? Elle a bien lieu : un bug mondial anéantit toute donnée informatique, qu’elle soit sur un serveur ou sur une petite clé USB.

L’humanité est privée de sa mémoire informatisée, et plus aucun appareil numérique ne fonctionne.

Cela cause la détresse des plus accros, et surtout, cela pose un problème : à force d’être quotidiennement assisté par la technologie, plus personne ne se souvient de rien.

bug-enki-bilal-visuel3

(c)Enki Bilal, Casterman, 2017

Enfin si, il y en a un qui se souvient. Là-haut, dans les confins de l’espace, un homme, Kameron Obb, semble avoir recueilli toute la mémoire de l’humanité.

C’est comme si toutes les datas de l’humanité étaient venues se nicher dans son cerveau. Il devient alors le centre des intérêts, celui des individus bien intentionnés et surtout des plus dangereux..

Kameron Obb est aussi porteur d’un étrange virus extra-terrestre qui a décimé son équipage, mais qui sur lui ne semble avoir que pour effet de former une tache bleue sur sa peau.

D’où vient-il ? Pourquoi est-il préservé ? Pour lui, la priorité est de retrouver sa fille kidnappée.

Une dystopie et une réflexion sur le virtuel

Bug est ce qu’on appelle une dystopie, c’est-à-dire ici un récit qui imagine un avenir pas particulièrement rose et rassurant.

Ce qui touche et qui fait que l’histoire est particulièrement prenante, c’est qu’elle s’intéresse à une pratique de plus en plus répandue dans notre société actuelle, à savoir le « tout numérique ».

À l’heure où il suffit de prononcer « Ok Google » depuis son canapé pour avoir une réponse à une question que l’on se pose, c’est effectivement un sujet d’actualité.

Toutefois, attention, contrairement à ce qu’on pourrait croire à première vue, il n’est pas question de la part d’Enki Bilal de tenir un discours un peu vieux jeu, sur fond de « Les gens ne se parlent plus, ils sont accro à leur écran » ! 

Il imagine les dérives auxquelles une trop grande dépendance au numérique pourrait aboutir, en poussant la situation à son paroxysme.

Or c’est souvent dans l’extrême que l’on peut imaginer des solutions plus modérées pour ne pas sombrer dans ces mêmes travers !

Il interroge également la question de la culture, du patrimoine, de ce qui peut encore rester après une disparition de la mémoire.

Qu’est-ce que « laisser une trace » à une époque où le virtuel prend le pas sur le matériel et ne permet plus d’être mentalement indépendant ?

Vous avez 4h.

À lire aussi : J’ai vécu sans Facebook pendant 5 ans et j’ai survécu !

Une bande dessinée qui mêle les genres

Si Enki Bilal truffe son œuvre de réflexions profondes et invite son lectorat à la projection de soi, mais il écrit avant tout un divertissement.

Bug est une bande dessinée qui prend des allures de thriller sur fond de catastrophes spectaculaires et de phénomènes incroyables.

bug-enki-bilal-visuel

(c)Enki Bilal, Casterman, 2017

Le scénariste et dessinateur maintient un suspense qui tord le ventre, croissant, captivant.

Là où c’est d’autant plus brillant, c’est qu’Enki Bilal ne nous laisse pas non plus dans un état accablé trop longtemps !

Il serine ses dialogues d’

un humour efficace, principalement à travers des propos tenus par des personnages anonymes venant commenter leur situation de façon absurde, ce qui arrache inlassablement un sourire.

À lire aussi : Transferts, une dystopie troublante à découvrir ce soir sur Arte

Une construction cinématographique par le dessin

Enki Bilal, en plus d’être auteur de bande dessinée, est aussi cinéaste. Il a réalisé des long-métrages de science fiction, tels que Bunker Palace Hotel ou Tykho Moon.

Enki Bilal a donc une sensibilité à l’image particulière, pointue. Il pratique le découpage et le montage dans ses bandes dessinées de la même manière qu’elle peut être mise à l’œuvre au cinéma.

Dans Bug, la construction du récit répond à cette même exigence cinématographique de la bonne transition, de l’effet d’attente.

C’est d’ailleurs ce qui participe très activement au suspense mentionné plus haut et qui faut qu’on ne s’ennuie pas une seule seconde, tandis que les pages se tournent comme on passe d’un plan à un autre.

Même si les points de vue se multiplient et que les personnages prennent tour à tour le contrôle de l’intrigue, le livre ne perd en rien sa fluidité pour gagner toujours plus de magnétisme.

bug-enki-bilal-visuel2

(c)Enki Bilal, Casterman, 2017

Par ailleurs, le style très réaliste du dessin d’Enki Bilal rend le récit d’autant plus fort, où le procédé d’identification aux personnages est pour le moins central.

Cet aspect s’ajoute à l’harmonie totale de l’œuvre, qui ouvre à la réflexion en dépeignant un monde futur et pourtant terriblement familier.

C’est un fait : Enki Bilal maîtrise l’art sociétal à la perfection, et propose avec Bug une dystopie qui vaudrait le coup d’être décortiquée dans n’importe quel cours de philosophie tant elle pose des questions importantes.

Cette création à partir de notre quotidien nourrit la réflexion, sans être ouvertement politique. Il interroge, propose ses pistes de réflexion, mais avant tout, il divertit tout en nous montrant, peut-être, ce que pourrait être notre avenir ?

Pour te procurer la bande dessinée Bug, rendez-vous sur Place des libraires !

À lire aussi : Comment répondre aux gens qui disent « Ah non, moi j’aime pas la science-fiction » ?


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.

Plus de contenus Culture

Capture d’écran 2024-11-05 à 16.53.34
Culture

Comment bien choisir sa liseuse : le guide pratique pour les amoureux de lecture

[Image de une] Horizontale (26)
Vie quotidienne

Black Friday : le guide ultime pour trouver l’aspirateur laveur fait pour vous et enfin mettre le Swiffer au placard

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-15T163147.788
Livres

Samah Karaki : « C’est la culture sexiste qu’il faut questionner, pas la présence ou l’absence de l’empathie »

[Image de une] Horizontale (24)
Culture

3 raisons de découvrir Agatha, le nouveau thriller psychologique à lire de toute urgence

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-16T173042.478
Culture

Louise Chennevière (Pour Britney) : « La haine de la société pour ces femmes est immense. Cela m’a donné envie de la décortiquer. »

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-17T105447.652
Culture

Pourquoi on a adoré Culte, la série qui revient sur la création de Loft Story ?

4
© Charlotte Krebs
Féminisme

Mona Chollet : “Se sentir coupable ne mène vraiment à rien”

3
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-09-19T102928.481
Santé mentale

« Toutes ces musiques ont été écrites sous antidépresseurs » : Lisa Pariente raconte sa dépression

[Image de une] Horizontale (18)
Vie quotidienne

Ménage de rentrée : la serpillère 2.0 existe et avec elle, vous allez mettre le Swiffer au placard 

Geek Girl
Mode

Cette série Netflix à binge-watcher en une soirée est numéro 3 en France et dans le monde

La pop culture s'écrit au féminin