Lorsque j’ai entendu parler d’une série comique se déroulant dans un commissariat, avec des épisodes 20 minutes et Andy Samberg dans le premier rôle, ma première réaction a été la joie intense. La deuxième, cependant, a été la réserve — je m’attendais à voir Samberg en faire des caisses, abuser sur les grimaces et les blagues salaces et à voir défiler gag potache sur gag potache, dans une ambiance beauf et lourdingue.
Dès les cinq premières minutes du pilote, j’ai compris que ma première intuition avait été la bonne.
https://www.youtube.com/watch?v=D1UzmW77F30
Brooklyn Nine-Nine, c’est l’histoire de Jake Peralta, le flic le plus doué de son département, mais qui se comporte comme un ado et qui ne prend pas grand chose au sérieux. L’arrivée d’un nouveau capitaine va le forcer à modifier un peu son comportement et à accepter de faire preuve de rigueur et de professionnalisme… pour mieux faire le con derrière, parce qu’après tout, nique la police hein.
Autour de lui se trouvent :
- Le Sergeant Jeffords (Terry Crews, toujours excellent), qui a beaucoup de mal à retourner sur le terrain depuis la naissance de ses jumelles, puisqu’il est terrifié à l’idée de mourir et de les rendre orphelines
- Amy Santiago (Melissa Fumero), la collègue de Jake qui rêve de pulvériser son record d’arrestations et de grimper les échelons en gagnant l’approbation de son nouveau patron
- Charles Boyle (John Lo Truglio) qui joue la caution « mec awkward qui enchaîne les bourdes et qui nous fait tellement de peine qu’on aurait bien envie de lui faire un câlin mais en même temps pas trop »
- Rosa Diaz (Stephanie Beatriz), la flic badass qui fait peur et qui peut te casser en deux en un regard (et dont Charles est follement amoureux)
- Et surtout, mon personnage préféré, Gina Letti (Chelsea Peretti), la secrétaire complètement perchée, très portée sur le cul, qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui met tout le monde mal à l’aise de façon assez régulière.
La relation entre Jake et Amy pose la même question que 80% des séries policières — à savoir « Est-ce qu’il vont continuer à se tirer dans les pattes ou est-ce qu’ils vont finir par se pécho dans la cellule de dégrisement ? ». Mais avec seulement deux épisodes diffusés à l’heure où j’écris ces lignes, la question la plus importante reste celle de l’issue du pari qu’ils ont fait — si Amy réalise plus d’arrestations que Jake, il devra lui donner sa voiture. Si c’est Jake qui gagne, il remporte un rendez-vous galant.
Mais très vite, dès la deuxième partie du pilote, l’intrigue s’élargit, les histoires et les relations se croisent, et le couple Jake/Amy passe au second plan
— ce qui permet de constater, en peu de temps, la richesse potentielle de la série et de ses personnages.
Comme on est quand même dans une série policière, il y a des enquêtes, des crimes, des courses poursuites, et (pour l’instant, en tout cas) les blagues ne tournent pas autour des victimes. Il aurait été très facile de tomber dans la comédie ras-les-pâquerettes avec des flics qui font joujou avec les cadavres et qui prennent les gens pour des cons, mais ce n’est pas le cas.
Même si les blagues ne font pas toujours dans la dentelle, ça reste toujours assez intelligent, bien foutu, bien amené et efficace pour qu’on passe outre la source même du comique de chaque situation.
Le rythme est d’ailleurs assez intéressant : les blagues, passent, s’enchaînent, se superposent, mais ne s’étendent pas pendant des plombes dans la lourdeur et la répétition. Ils ont compris qu’on était pas cons et qu’on pouvait saisir chaque blague en vol, sans avoir besoin qu’on nous la répète trois fois ; et si on la rate, tant pis, on y reviendra plus tard.
L’autre point rafraîchissant de Brooklyn Nine-Nine, c’est la diversité du casting, et surtout le fait qu’elle ne soit pas particulièrement mise en scène dans la série (on ne fait pas référence à l’origine ou à l’orientation sexuelle de chaque personnage à la moindre occasion, comme c’est souvent le cas dans les séries comiques — 2 Broke Girls, c’est toi que je vise). Le fait qu’un personnage soit homosexuel ou noir ou hispanique, ou même féminin ou masculin, ne le définit pas.
Encore une fois, je me base sur deux épisodes seulement, mais j’espère vraiment que ça va continuer dans cette voie, c’est drôlement appréciable.
Il y a également une certaine tendresse dans la série, entre Jake et son supérieur, mais aussi entre Charles et Rosa, et également à chaque fois que Jeffords ouvre la bouche. Les personnages ne sont pas uniquement là pour servir d’accessoires aux vannes des scénaristes, ils se sont payé le luxe de leur offrir des personnalités et des coeurs en bon état de marche. Il est donc tout à fait possible de s’attacher à la petite équipe en deux épisodes de 20 minutes, sans trop faire d’efforts.
Ce qui est sûr, c’est que c’est mon cas, et que si la série continue sur cette lancée, je risque de passer le reste de la saison à essayer de convaincre la Terre entière de lui donner une chance.
À commencer par vous.
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