Broken Social Scene, le nouvel album du collectif Broken Social Scene (qui compte parmi ses nombreux membres Leslie Feist ou encore Emily Haines de Metric), n’est pas vraiment du genre dépouillé. Avec ses gadgets, ses effets et ses nombreuses couches de sonorités, ce serait même plutôt une grosse marmite dans laquelle ses membres auraient balancé un nombre incalculabe d’ingrédients. Quiconque a la fibre expérimentale en matière de cuisine sait qu’on peut mélanger les meilleurs ingrédients du monde sans que le tout donne un truc bouffable. Je le sais, j’ai essayé. Le résultat de ce joyeux mélange aurait donc pu être écoeurant ou trop bizarre pour chatouiller le palais, et pourtant pas du tout.
Exemple : tout. Voilà, j’ai fini ma revue. Ha ha ! Bon d’accord, détaillons. Exemple-type : le premier titre, Our Faces Split the Coast in Half, un délice qui culinairement parlant, s’apparenterait à un bavarois au fruits rouges (ne te marre pas : j’ai commencé cette revue au rayon bouffe, j’y reste). C’est à dire une mousse de sonorités et de rythmes légers, un peu d’acidulé apporté par la voix de Feist, et un fond de génoise assez consistant pour supporter le tout (cuivres, cordes etc). Tu peux l’attaquer par la génoise, la mousse ou tout ingurgiter sans faire de détail, le résultat est toujours aussi bon.
Bref. Tout ça pour dire que ce sacré mélange prend sur pas mal de titres. Et donne des résultats assez contrastés. On peut avoir droit à une débauche de saturation sur Ibi Dreams of Pavement (a better day), un morceau théâtral comme une Walkyrie qui aurait bu trop de kro.
On peut avoir droit à des titres insupportablement sensuels, comme Hotel, à des moments de calme comme sur Bandwitch, qui fait un peu l’effet d’une pluie d’été. On peut avoir droit à des morceaux plus speedés comme Superconnected, titre bourré d’énergie, ou Windsurfing Nation, parenthèse lumineuse qui a le don d’hypnotiser l’auditeur.
On peut même se payer de brèves respirations instrumentales aussi délicates que Finish your Collapse and Stay for Breakfast ou Tremeloa Debut, ce titre dans lequel une scie musicale malicieuse nous susurre on ne sait quoi au creux de l’oreille avant It’s All gonna Break, un final remonté de près de 10 minutes (et oui).
Il y a donc de tout et en grande quantité. Et pourtant ça ne manque pas de cohérence. Et pourtant ça ne file pas d’indigestion. Tout ce que ça donne, c’est une étrange impression de sérénité. Entre autres.
La page du groupe.
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