Non, Brigitte n’est pas que la défenseuse des animaux, celle qui s’insurge contre le meurtre des phoques « pour faire bander les chinois », selon ses propres termes . Mais oublions un instant la vieille dame et ses positions sujettes à controverse (pour rester polie), et attardons-nous sur la Brigitte des 50’s, celle autour de qui la Terre tournait, avant que la célébrité ne la fasse devenir chèvre, et qu’elle décide de s’en occuper toute sa vie.
Déesse vivante des années 50, Brigitte Bardot est à ce moment-là la plus femme du monde. Sensuelle, aguicheuse…
Sa danse folle dans Et dieu créa la femme, durant laquelle elle arrache sa jupe et dévoile des jambes fort gracieuses, a choqué toute la France. Alors se sont créés deux camps : ceux qui la diabolisaient et ceux qui l’adulaient. Elle a participé à libérer la femme, et instauré un nouveau code de séduction et de beauté dans les mœurs françaises.
Pour cela, elle mérite bien qu’on se penche de plus près sur ses belles-années.
De Bardot à BB…
Brigitte est un concept. Un oiseau tombé du nid et récupéré par des hommes qui feront d’elle ce qu’ils attendent. La Bardot tombera ainsi amoureuse d’un nouvel homme à chaque rôle. Elle est comme ça, elle aime bien changer. La consécration, elle la doit à Roger Vadim – le veinard – qui l’expose au monde en 1956. Elle devient, sous sa main, la Juliette de Et Dieu créa la femme, qui fera fantasmer toute une génération. La femme-enfant, à la moue boudeuse, apparaît nue et séduit des hommes avec affront. Elle est provocante, sulfureuse et assume une sexualité libre et épanouie.
Elle énerve, cette blondasse. Physiquement, c’est une bombe. Elle a compris comment faire marcher les hommes, et le pire c’est que ça fonctionne. BB, c’est l’ancêtre de L’île de la tentation, en moins vulgaire et en un seul personnage. Symbole de la jeunesse qui s’oppose aux règles des relations amoureuses, elle s’exclame : « Je ne savais pas que l’amour était une maladie ! En tout cas, j’aime ça ! ». Son insolence désespère les anciens, fait jubiler les jeunes et affole les hommes. Bien joué, BB !
Brigitte la sublime
Gainsbourg en est fou. Les mecs tombent comme des mouches. Bardot, c’est la moue et l’allure espiègle mais c’est aussi un style. A ses débuts, on la connaît en ballerine et corsaire. La taille est très marquée, ça tombe bien elle a celle d’une guêpe. Les jupes crayon subliment ses gambettes (tiens, ça revient pas à la mode ça ?).
Puis naît la choucroute, et BB lance la mode de la coupe bombée à l’arrière de la tête. Tu ne croyais quand même pas qu’Amy Winehouse avait trouvé ça toute seule ! Elle a tout compris de la séduction et en joue avec ses vêtements, comme dans Et Dieu créa la femme, lorsqu’elle porte une robe-chemise et ouvre tous les boutons du haut, pour suggérer sa poitrine. On pourrait appeler ça une allumeuse, mais Brigitte a ce don étonnant de donner l’impression que rien n’est fait exprès… Genre, « je suis sublime sans m’en rendre compte, c’est naturel ». Tsss.
On dit qu’à l’apogée de son succès, toutes les femmes voulaient lui ressembler (les mauvaises langues rétorqueront qu’aujourd’hui, ce n’est plus le cas, mais je fermerai les yeux et répondrai par la non-violence à cette injure intolérable). Elle a dû lancer toutes les coupes de cheveux à la mode depuis, du dégradé aux longues boucles qui tombent dans le dos. Son maquillage, c’est idem. Qui n’a jamais tracé fébrilement un œil de biche noir corbeau ? (D’ailleurs, si c’est ton cas, cavale immédiatement sur le cours particulier du traçage d’eye-liner par Linda.)
Brigitte est copiée par les stars (n’est-ce pas Kylie Minogue ?), forte du succès de son large bandeau, de ses bottes sexy et de son pull marin.
Sa mythique scène dans Le Mépris de Godard, où elle soûle son Michel Piccoli de mari en lui demandant s’il aime ses fesses, ses épaules et son front, est aussi reprise par Chanel et son Rouge Allure. Bien entendu, elle y est plus sublime que jamais. Ben voyons.
Brigitte la sauveuse
Elle nous a aidé à nous libérer. Après elle, ça a été plus simple d’être à le fois libertine et appréciée. Grâce à BB, les femmes ont fait un ourlet à leur jupe. Et un ourlet qui fait passer du mi-mollet aux genoux, crois-moi c’est un progrès que certains pays mettront trois siècles à mettre en place. Alors pour sa contribution à la libération de la femme et pour son style inimitable, son courage et ses yeux félins, Brigitte est une sacrée madmoiZelle, c’est sûr.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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