Elle n’avait que 16 ans. Brianna Ghey, une adolescente transgenre, a été retrouvée morte poignardée samedi 11 février en plein après-midi dans un parc de la banlieue de Manchester, en Angleterre. Deux suspects, un garçon et une fille de 15 ans, ont été placés en garde à vue. Alors que plusieurs ONG alertent sur une progression inquiétante de la transphobie au Royaume-Uni, une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes du décès.
Un crime ciblé ?
Si l’enquête n’en est qu’à ses prémices, aucune hypothèse n’est écartée. Au lendemain du meurtre, les enquêteurs évoquaient déjà une attaque ciblée. Des propos depuis nuancés par le responsable en charge du dossier : « Il n’y a, pour l’instant, aucune preuve permettant d’affirmer que les circonstances de la mort de Brianna Ghey sont liées à la haine », a-t-il affirmé au micro de la BBC.
Une connaissance de Brianna Ghey a néanmoins confié au quotidien iNews que cette dernière était victime de harcèlement : « Je sais que certaines personnes n’étaient pas gentilles à son égard, elle se faisait harceler, et avait une santé mentale fragilisée. »
Un traitement médiatique sur fond de transphobie
Comme le déplore le site britannique Dazed, la plupart des médias mainstream relayant l’affaire ont d’abord passé sous silence le fait que Brianna Ghey était trans. Un mécanisme courant. Pour Dazed : « Dans un contexte où la transphobie continue de gagner du terrain au Royaume-Uni, il est important d’honorer et de reconnaître la transidentité de Brianna Ghey. »
En effet, comme le révèle l’ONG Stop Hate UK, la communauté trans est le groupe le plus ciblé au sein de la communauté LGBT+. Les derniers chiffres de l’association sont parlants : En 2020-2021, la police britannique a enregistré 2 630 crimes haineux contre des personnes transgenres, soit une augmentation de 16 % par rapport à l’année précédente. Ce nombre est encore largement sous-représentatif, car, sur 108 100 réponses à l’enquête, 88% des personnes trans n’ont pas signalé les incidents les plus graves. Par ailleurs, 48 % d’entre elles ont déclaré ne pas être satisfaites de la réponse de la police lorsqu’elles ont signalé ces incidents graves.
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Les personnes trans davantage visées
L’ONG révèle également que les personnes trans sont plus susceptibles d’être victimes de menaces de harcèlement physique ou sexuel ou de violence que la communauté LGBT dans son ensemble. Et d’ajouter : « La plupart des incidents transphobes signalés à Stop Hate UK étaient des abus verbaux, des comportements menaçants, du harcèlement et des comportements abusifs, tels que le fait de se faire insulter en criant, de recevoir des questions invasives ou inappropriées ou d’être harcelé par des voisins, des collègues ou des inconnus. »
En France, les statistiques sont aussi alarmantes : selon l’association Stop Homophobie, les personnes trans représentent 60% des discriminations visant les personnes LGBT. « Elles ont été, pour 85 %, victimes d’un acte transphobe et 37% d’entre-elles en ont subi plus de 5 dans leur vie. 59% ont reçu des insultes et 27% ont été victimes de harcèlement » révèle l’association dans une tribune de mai 2021.
Le meurtre de Brianna Ghey vient donc allonger la longue liste des personnes trans assassinées chaque année dans l’indifférence la plus totale.
Crédit photo de Une : Capture d’écran YouTube.
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