Au début, on ne remarque que les gros traits du tableau : des couleurs sombres et chaudes, une voix grave et presque lasse qui rappelle celle de Stuart A. Staples, le chanteur des Tindersticks, ou le parler d’un Leonard Cohen.
Ce n’est qu’au fil des écoutes qu’on s’habitue à la relative obscurité que favorise la voix et les textes de Matt Berninger et c’est là que Boxer émerge vraiment. On remarque la beauté des arrangements, riches de violoncelle, de cuivres, de flûte, de claviers, de chœurs. Sur Squalor Victoria, une batterie presque militaire contrarie des cordes plaintives. Start a War débute sur quelques cordes discrètes puis s’enrichit et se densifie avec la délicatesse d’un nuage de sucre autour d’un bâtonnet de barbe à papa. Ada traverse une mer de piano (au clavier : Sufjan Stevens) qui charrie des nappes de banjo, de chœurs et de cuivres…
Plus les titres passent, plus ils gagnent en relief et plus l’émotion prend le pouvoir. J’ai un faible pour la lumière qui s’échappe de Gospel et la poésie de ses textes (I got two armfuls of magazines for you/I’ll bring em over/so hang your holiday rainbow lights in the garden/hang your holiday rainbow lights in the garden and I’ll/I’ll bring a nice icy drink to you). J’ai le béguin pour Green Gloves, dont la mélancolie vient me pincer par vagues, presque en traître. Et je goûte la noirceur onctueuse de Squalor Victoria.
Dans mes disques du moment, il me faut régulièrement un album un peu sombre, pour aller avec mon humeur de cyclothymique. Le dernier avait pour nom Neon Bible d’Arcade Fire. Depuis quelques semaines – et sans pour autant le détrôner – Boxer a pris le relais. Alors je vais encore mettre un 4 cœurs. « Stellou, t’aimes tout ce que t’écoute ou quoi ? » me diras-tu, suspicieuse. Non, ma pauvre amie : je n’arrive à parler que de ce que j’aime, c’est tout
Le site officiel
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.