On pourrait seulement commencer l’histoire par ce projet, un film hommage aux séries B, réalisé par Quentin Tarantino et Robert Rodriguez. Mais ce serait oublier que toute l’histoire commence en réalité bien des années auparavant, dans l’arrière-boutique d’un vidéo-club californien. On y retrouve le même Quentin Tarantino, quoique plus jeune, dévorant tout le cinéma, de la Nouvelle Vague aux soap operas, en passant par les séries B, devenant rapidement son genre de prédilection.
Par série B, comprendre des films généralement courts, s’accommodant de peu de moyens, ceci souvent compensé par une imagination des plus débordantes. La dénomination n’a donc rien de péjoratif, contrairement à ce que l’on aurait tendance à croire. En réalité, l’appelation trouve son origine dans le nom du terrain d’un studio qui produisait ce type de film. Sur le cadastre était indiqué « B », « A » étant déjà occupé par un studio de production portant bien leur nom d’hollywoodiennes.
Ellipse temporelle. Tarantino est désormais un réalisateur reconnu et réfléchi à son projet. Mais il a besoin d’un second réalisateur. En effet, lors d’une séance de cinéma, on pouvait voir deux séries B, réunies par des publicités. Pour reprendre le concept, il demande donc l’aide de son ami Robert Rodriguez. Mais le film global, intitulé Grindhouse, n’apparaîtra jamais sur les écrans français, le concept étant trop peu connu dans l’Hexagone. Les deux films sortiront en salle séparément, amputés des fausses publicités les réunissant.
Pas de Grindhouse, donc. Mais, la nouvelle oeuvre tarantinesque, Death Proof. En effet, le mascara waterproof des « girls » s’étire sur leur cils. Et le seul homme de l’histoire dispose d’une voiture death proof, résistante à la mort. Mais chez Tarantino, la brosse du mascara peut se transformer en barre de métal. Et ne sort pas gagnant qui l’on pourrait croire.
Ainsi, le film s’ouvre sur une paire de pieds, une constante tout au long du film. La suite nous plonge dans les délires du réalisateur. Ce que l’on peut apprécier chez Tarantino, c’est sa manière de s’amuser, d’user de références qu’il semble partager seulement avec lui-même. Et de tout de même réussir à embarquer le spectateur. Son apparition à l’écran, les références à Kill Bill (le portable de Rosario Dawson délivrant le même air que celui sifflé par Daryl Hannah. Cette même Daryl Hannah qui réapparait un peu plus tard au détour d’une discussion. Zoe Bell, « as herself », doublure de Uma Thurman. Et, la voiture jaune à raies noires. Mais il ne faut pas oublier que la tenue de Uma Thurman était déjà en référence au Jeu de la mort, dans lequel jouait Bruce Lee …). La structure du film, scindé en deux. Coupure suite à l’intervention du shérif, qui après une analyse psychologique fort judicieuse du criminel, décide de ne pas mener l’enquête, et délivre alors un oracle, le criminel réapparaitra. Mais ailleurs.
Et le récit reprend, symétrie parfaite, pendant quelques instants encore, puis. Les fausses coupes, le traitement de l’image, « vieillie », couleurs Technicolor. La musique aussi, une constante chez Tarantino. Qui en profite d’ailleurs pour nous faire découvrir ce groupe au nom imprononçable, Dave, Dee, Dozy, Beaky, Mick and Tich.
Et enfin, les filles, « as ‘The Girls' ». Parce que chez Tarantino, il y a toujours des filles. Pas des jolies potiches dans un coin (ou alors cela se termine mal pour elle, comme Melany dans Jackie Brown). Mais des combatives, ne craignant rien, telles Uma Thurman ou Pam Grier. Et ici un clan entier. Qui peuvent mettre des coups de poings tout en portant un tee-shirt rose où figure un poney. Ou encore s’accrochant au capot d’une voiture avec une ceinture Prada. Tarantino a donné le pouvoir aux filles. (Et peut-être a-t-il donné une nouvelle définition de la féminité ?)
Les filles se tapent dans les mains, « the end », « laisse tomber les filles, laisse tomber les filles, un jour c’est toi qu’on laissera », alors que défilent les photos des victimes. Parfaitement en accord.
Pour conclure, et résumer, un film extrêmement jubilatoire, très drôle, où Tarantino nous fait découvrir ses références. A parodie, on préférera sans doute le terme de pastiche. Et on s’empressera de visionner des slashers et de lire des pulp, pour se plonger encore un peu plus dans l’univers du réalisateur.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
J'ai Planet terror aussi, il va falloir que je le regarde, mais malheureusement j'ai pas toutes les pubs :/