— Cet article a été écrit dans le cadre d’un partenariat avec The Book of Ivy (chez Lumen Éditions). Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
Article initialement publié le 3 mars 2015
On n’arrête plus le succès des livres dystopiques pour ados. Amy Engel, auteure américaine, surfe sur la vague en sortant son premier roman, le tome 1 d’une série prometteuse : The Book of Ivy. Hé oui, même la version française, publiée aux éditions Lumen, a droit à son titre en anglais.
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L’histoire raconte la « mission » d’Ivy Westfall, et commence au moment où elle s’apprête à épouser le fils du président lors d’un mariage arrangé. Il est jeune, il est beau, il a les yeux verts et il sent probablement le sable chaud (chabadabada), mais voilà : son but à elle, c’est de le tuer. Vous sentez venir la suite, n’est-ce pas ?
Et pourtant. Retour sur un premier roman qui a su s’éloigner des clichés habituels.
The Book of Ivy : à la suite d’une guerre nucléaire dévastatrice…
Oui, voilà une histoire qui s’annonce joyeuse dès la quatrième de couverture ! Mais en même temps, on parle d’une dystopie. Suivez un peu. Bref, des dizaines d’années dans le futur, le plus loin possible on espère, une guerre nucléaire a éclaté et décimé la population mondiale. Les quelques survivants des États-Unis se sont rassemblés, mais l’être humain étant ce qu’il est, ils ont tout de même réussi à se foutre sur la gueule.
Ainsi, cinquante ans plus tard, une petite nation s’est reformée en autarcie, et est gouvernée par la famille Lattimer, ressortie victorieuse du conflit qui avait éclaté. Ce jour-là, ce qu’il reste des Westfall, la famille qui a perdu face aux Lattimer, s’apprête à donner en mariage leur plus jeune fille, Ivy, au fils du président Lattimer. (Il s’appelle Bishop. On ne peut pas tout avoir dans la vie.)
Les mariages arrangés sont monnaie courante. Cette tradition a pour but de maintenir la paix dans une nouvelle société divisée en deux clans à la suite du grand conflit : celui des Westfall (les perdants, les pauvres) contre les Lattimer (les vainqueurs, les riches). On marie ainsi des filles du premier à des garçons du second pour que leurs enfants — qu’ils doivent avoir, cela va de soi — réunissent les deux clans.
Et quel meilleur symbole, cette année-là, que de marier la dernière-née des Westfall au fils des Lattimer ? Sauf que les Westfall refusent de se soumettre, et Ivy n’a pas exactement pour mission de faire des bébés à Bishop (ce NOM bon sang) (ce NOM) : elle a trois mois pour suivre à la lettre le plan établi par son père et sa soeur aînée, et finir par tuer le fils du président.
The Book of Ivy, un Roméo et Juliette dystopique ?
Évidemment, on s’en doute beaucoup plus vite que la jeune Ivy : ça va être moins facile que prévu. Or, contrairement à ce que l’on pourrait penser de la part d’un roman pour ados de nos jours, pas parce que Bishop est l’archétype du beau gosse sympa ou parce qu’il a un prénom pas facile à porter.
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Au moment où elle rejoint sa nouvelle maison avec son nouveau mari, Ivy est pour la première fois coupée de sa seule famille, son père et sa soeur, et livrée à elle-même. Très vite, on s’aperçoit à quel point elle manque de recul. Elle est loin d’être bête, mais elle a grandi dans l’ombre de l’amertume de son père, a été élevée dans le seul but de venger sa famille et, quasiment coupée du reste du monde de la ville jusqu’à son mariage, elle se lance dans la vie la tête remplie de la seule version de l’histoire de son père.
Fatalement, une fois confrontée à la vraie vie, elle commence à se poser des questions, à avoir du temps seule pour réfléchir, et à douter. Bishop n’est même pas le monstre qu’on lui avait servi. Alors qu’elle s’attendait à être violée lors de sa nuit de noce, comme toutes les autres mariées, il la respecte et essaie d’apprendre à la connaître comme une personne normale.
Vous l’aurez compris, The Book of Ivy décrit une société « chacun pour soi », qui s’accroche à l’idée de survie au détriment de l’individu. Bon, et puis soyons honnêtes, au détriment de l’individu de sexe féminin qui, plus que jamais, ne sert guère plus qu’à fournir des bébés.
Le point de vue d’Ivy est donc intéressant car, de fataliste, il passe à révolté. Sa relation avec Bishop se développe comme n’importe qui s’y attend, puisque « histoire d’amour torturée » figure déjà sur la quatrième de couverture. Pour autant, on ne peut pas se contenter de voir ce roman comme un nouveau Roméo et Juliette, dans le sens où sa vision des choses ne change pas qu’à cause de lui. Elle est déchirée entre sa famille et ce qu’elle perçoit désormais comme « juste », au risque de la trahir.
On peut être amoureuse et ne pas oublier de se servir de sa tête pour autan…- et The Book of Ivy est probablement plus un thriller psychologique qu’une douce romance. J’attends de voir la suite !
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