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8 ados privilégiés des « beaux quartiers » suivis pendant 15 ans

Pendant 15 ans, la réalisatrice du documentaire Les Bonnes Conditions a suivi 8 adolescents nés « avec une cuillère en argent dans la bouche ».

Publié le 23 juillet 2019

Ils sont nés dans les beaux quartiers de Paris, leurs parents ont fait Sciences Po ou l’ENA… Bref, ils ont « tout pour réussir ».

Un documentaire Arte disponible sur YouTube suit de l’intérieur le parcours de huit adolescents privilégiés, du lycée à leur entrée dans la vie active

https://www.youtube.com/watch?v=KjmRoVZKx6U

Les Bonnes Conditions, portraits d’ados privilégiés

Sorti en 2017 et désormais visible sur YouTube, Les Bonnes Conditions recueille les confessions de huit adolescents.

Ils ont 16 ans au début du documentaire, en 2003. Ils sont en seconde au lycée Victor-Duruy, le seul établissement public du 7ème arrondissement, un quartier très chic de Paris.

Ancienne élève du même établissement, la réalisatrice Julie Gavras les a suivis pendant 15 ans, dans leur parcours scolaire et jusqu’à leur premier job. 

Loin des stéréotypes, elle dresse des portraits intimes des futures élites, tout au long de cette période déterminante de leur vie.

Les Bonnes Conditions, une saga sociale

Ces jeunes des beaux quartiers n’échappent pas aux tourments de l’adolescence et aux questionnements autour de leur orientation.

Futures élites de la nation, ils se livrent avec confiance à la caméra de Julie Gavras, elle qui a fait Khâgne et des études de droit pour satisfaire ses parents, avant de vivre sa passion pour le cinéma.

Entre pression familiale, reproduction sociale et aspirations personnelles, le film ménage le suspense : les huit ados seront-ils à la hauteur des « bonnes conditions » qui leur sont données ?

À lire aussi : Tout ce que tu devrais savoir avant tes 16 ans (et même après)


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

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Avatar de Donoma
20 août 2019 à 01h08
Donoma
ben moi bien contente d'être allée dans mon college de ZEP (ou ZSP comme on les appelle maintenant), lycée publique, puis fac publique (en ayant des parents classe moyenne). Déjà les années collège ont été les plus belles de ma vie, sans hésitations, je revivrais jamais des amitiés si intense et l'impression de redécouvrir le monde. Le lycée c'était un peu plus normal, mais j'avais aussi beaucoup de liberté et des fréquentations diverses.

Le truc drôle c'est que... J'ai souvent été la très bonne élève et ne comprenait pas bien les souffrances ou les difficultés que d'autres personnes pouvaient avoir en cours.

Puis arrivée au Master, où je suis partie à l'étranger. Bim. Le choc. D'un coup c'est devenu très dur.

Je suis censée être dans une des meilleurs facs du monde, donc j'imagine que le fait que j'ai tout fait public jusqu'à maintenant et une fac de lettre plus que moyenne à Bordeaux joue. Mais c'est marrant de passer de l'autre côté du miroir, de vraiment galérer en cours, de se sentir inférieure culturellement et intellectuellement aux autres. De jamais oser prendre la parole en cours parce que les autres te regardent avec des grands yeux écarquillés sans comprendre ce que tu leur dit. C'est là que j'ai vraiment saisi l'ampleur de l'habitus... Si t'as pas reçu les codes de l'élite ben tout simplement les gens ne te comprennent pas, ils s'attendent à des références précises et pas à ton propre bricolage culturel -- qui peut très bien être aussi valide soit dit en passant. Mais y'a juste un truc qui colle pas, un truc qui te fait sentir comme une parfaite idiote, et qui te bouffe jusqu'à ce que tu te retrouve en retard sur toute la classe car tu te prends trop la tête sur le moindre petit devoir (à psychoter sur le moindre mot ou référence que j'utilise parce que mes profs vont la trouver pas assez côtée, etc) pour avancer correctement.

Jusqu'à maintenant la vie a été OK mais ces dernières années de master vraiment très dures. Traîner avec des milieux favorisés non ça me fait pas de bien du tout. Ca me fait sentir comme une merde et ça me fait me questionner sur mon identité et mes intérêts. Ca me fait complexer de pas avoir voyagé dans 10 000 pays, de pas partir dans 3 pays différents par vacances, de pas parler plus que 2 langues couramment, de pas avoir lu Schopenhauer, Nietzsche ou même Marx, ça me fait dévaloriser mes propres intérêts et passions qui sont pas vus comme assez "noble", ça m'énerve de les voir perplexe quand je leur dis que travailler en tant qu'assistante technique dans un lieu de spectacle m'irait très bien. Comme quelqu'un l'a dit auparavant, eux leur mode de défaut c'est de se projeter dans des postes de l'élite ou haute bourgeoisie, et en fait ils se rendent même pas compte que pour d'autres gens même s'ils travaillaient 15 fois plus qu'eux ils arriverait à des positions moitié 'inférieure' quoi. Du coup ça les fait halluciner que tu veuilles pas être écrivain, philosophe, chercheur, artiste ou je ne sais quoi. Et moi je leur répond que la vie c'est pas Disney land, avant de dire "oh wait"... Pour eux ça l'est, plus ou moins.

Bref 3 années (bien sûre j'ai du en retaper une haha) vraiment dures psychologiquement, surtout ces temps ci où j'attends qu'une chose c'est de me casser et plus jamais revoir aucun de ces gens là.

Et vous savez ce qui m'a fait tenir dans ces moments là ? Pas mes camarades qui viennent de milieux bien plus privilégiés que moi (non, eux ils ont détruit ma confiance en moi, par leur attitude de petit club supérieur, et par leur air constant de se demander ce que je faisais là). Ce qui m'a sauvé c'est de repenser à ces années d'enfance/adolescence avec mes potes qui m'ont donné une vraie leçon de vie à cette époque. Parce qu'ils enchaînaient les galères mais qu'il restaient forts. Parce que je reçois des nouvelles de temps à autres et qu'ils ont réussis à s'en sortir après être passé par des violences familiales, conjugales, viols, addictions, et toutes les horreurs que vous pouvez imaginer. C'est marrant de voir que c'était rester dans un coin de ma tête, y'a pleins de phrases ou de moments qu'on a traversé ensemble qui me revenait, et ça me faisait me dire "MEUF, arrête de t'apitoyer sur ton sort, tu sais ce que c'est la vraie vie, tu sais comment affronter des trucs durs, tu vas pas laisser un système élitiste et classiste te faire oublier ça, et te faire penser que tu vaux moins que ces gens là". OK si j'avais fait lycée privée prépa (j'avais largement les notes d'ailleurs, je me suis battue avec mes parents car je me suis toujours sentie mieux parmi des milieux plus normaux/populaire) j'aurais peut être adopté les codes, et finis par avoir un de ces jobs en consulting qu'ils montrent dans le reportage. Mais en regardant ces gens dans le reportage je me suis dit que encore une fois ce complexe d'infériorité est débile. Parce que je détesterait avoir leur vie franchement. Donc j'ai rien à leur envier. Hopefully j'aurais mon diplôme qui est quand même un bon diplôme, j'ai eu bac mention TB, et à côté de ça je me suis amusée, j'ai vécu des choses inestimables relationellement parlant, j'aurais pas beaucoup de sous et pas un métier aussi valorisé socialement... MAIS.. rien me fait peur dans la vie, je pourrais partir en Russie demain (d'ailleurs c'est un de mes projets haha) ou aller faire un reportage dans un quartier sensible, je pourrais vivre un mois avec 50 balles, je me sens armée dans la vie et prête à me défendre et ce depuis que j'ai 20 ans, et ça c'est vraiment mes potes de milieux 'défavorisés' qui à vous lire sont censés me """"""tirer par le bas"""""" qui me l'ont apporté

Sorry pour le pavé mais ce que j'ai lu m'a beaucoup touché. Et no offence mais je trouve ça grave d'être autant anti-mixité et pro-compétition surtout sur ce forum. Et surtout la violence n'est pas l'appanage d'un seul milieu, elle se pratique juste différemment. C'est pas les mecs de quartier qui mettent le monde à feu et à sang, hein. C'est votre très chère élite.
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