Pour la génération de mes parents, le mariage était associé à une institution réactionnaire composée uniquement d’aiguilles plantées sous les ongles. Mais l’époque est révolue où avoir plus de douze ans + savoir touiller une salade suffisait à montrer qu’on pouvait sauter le pas. Exit aussi les unions arrangées (bon, pour celles dont les parents ne sont pas des psychopathes), les soucis de contraception te forçant à passer dans l’urgence devant le maire (c’était monnaie courante une génération plus tôt), ou les épousailles par dépit parce que tu es une Catherinette.
Retournement de mode oblige, aujourd’hui, dire oui est redevenu cool. La faute à des institutions, justement, moins embêtantes : le divorce est bien accepté, personne ne vous oblige à vous marier, et Internet fait buzzer des cérémonies du troisième type. Plus question de faire passer le contentement de mamie avant le sien. On peut se marier dans un jardin, déguisée en Chewbacca, sans les parents… le plus important est devenu, tout simplement, d’en avoir envie. Et de se sentir prête.
1) En avoir envie… ou en avoir besoin. C’est le point le plus simple et le plus compliqué. L’envie ne tombe pas du ciel, elle dépend de la situation des potes, de la pression sociale, du mec en question, de sa confiance en l’avenir, de son âge et probablement des phases de la Lune. On peut se marier pour dix mille raisons, pratiques ou ésotériques, bonnes ou mauvaises. Essayez d’être claire envers vos motivations : le flip de la trentaine, vraiment ? Et vous ferez quoi, pour vos quarante ans ? S’il s’agit de faire plaisir à la famille : ils voudront quoi, ensuite ? Le mariage ne sera pas moins solide sous prétexte qu’on l’a fait, mettons, pour la thune ou pour obtenir un permis de séjour – mais autant ne pas se raconter d’histoires.
2) Avoir sécurisé un prince charmant consentant.
En l’absence de mariage gay ou de PACS avec une paire de talons-aiguille, la noble institution du mariage passe par le choix d’un partenaire humain et du sexe opposé. Qui doit dire oui. On est surtout bonne à marier quand un mec nous trouve assez géniale pour vouloir passer le reste de sa vie / quatre mille euros de divorce, avec vous. (Un homme terrorisé peut aussi dire oui, mais c’est moins bien.)
3) Avoir réalisé ses fantasmes de célibataire. Sauf si vous optez pour le fameux « contrat de mariage ouvert avec option amants » (ce qui constitue rarement le rêve des petites filles et qui demeure incompatible avec l’amour possessif absolu de notre culture romantique), le mariage signe la fin du célibat. Ce plan à trois à l’arrière d’une volvo, vous y renoncez pour toujours ? Vraiment ? L’autre solution, c’est de le réserver pour votre enterrement de vie de jeune fille. Mais voulez-vous enterrer cette jeune fille en vous ? Certaines laissent les extravagances de célibataire derrière elles avec joie… pendant que d’autres regrettent.
4) Accepter de se faire appeler madame. Et de vieillir, un peu, au moins dans l’imaginaire social. Une femme mariée n’est pas aussi glamour qu’une femme célibataire ou juste en couple, parce qu’elle est moins disponible. En vous passant la bague au doigt, vous renoncez au moins en apparence à une partie de votre liberté et de votre pouvoir de séduction. Ce qui peut se faire dans la joie. Mais pas sans y avoir vraiment réfléchi. A 20 ans j’étais persuadée que mon potentiel de chasse serait révolu à 25. A 33 ans, je commence à me dire que des hommes me trouveront belle jusqu’à ce que j’en aie 90. 5) Etre prête pour le marathon. Aux Etats-Unis, on appelle Bridezillas ces femmes qui se transforment en Godzilla l’année précédant le grand saut : elles veulent tout contrôler et terrorisent leur entourage avec des questions absurdes sur la taille idéale d’un bristol, tout en essayant de perdre 20 kilos et de revisiter la valse sauce techno. Sans en arriver là, un mariage même pourri demande de l’organisation (aller à la mairie, remplir des papiers, ne pas oublier le décapsuleur pour les cannettes de bière). Et un sens héroïque du compromis. Je pense qu’on est aussi prête à se marier quand on accepte de passer le lendemain de la cérémonie à nettoyer une salle des fêtes rendue dégueulasse par des amis forcément ingrats :)
Alors, le mariage ? Rêve ou cauchemar, maintenant ou plus tard… ou jamais ? Parce qu’on peut tout à fait ne jamais être prête – en apesanteur au-dessus des contrats et des liens, des mademoiselles et des madames, pas concernée par les accusations d’immaturité. Ne pas être prête au mariage, c’est sans doute être prête à quelque chose de différent !
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