Publié le 20 février 2018
Je souhaite à tout le monde d’avoir son propre Bon Iver. Cet artiste ou ce groupe qui, peu importe ce qu’il t’arrive, sera là pour t’accompagner avec sa musique.
Le groupe vient de sortir deux nouveaux titres Hey Ma et U (Man Like) qui annoncent probablement un quatrième album — je danse La Macarena intérieurement tellement je suis contente.
L’occasion pour moi d’écrire des pavés pour te conter mon amour infini pour eux.
Sauf que je n’avais jamais vraiment réfléchi à pourquoi la musique de Bon Iver compte autant pour moi. C’est ancré en moi.
Je ne me souviens même plus comment j’ai découvert leur musique. Probablement via la B.O. de Grey’s Anatomy, parce que c’est à travers les séries que j’ai découvert la moitié des musiques que j’écoutais au lycée.
Ce qui est sûr, c’est qu’à partir du moment où For Emma, Forever Ago est entré dans ma vie, j’ai toujours eu une musique vers laquelle me tourner quand j’avais besoin d’une catharsis.
Bon Iver, compagnon de tristesse
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas le moins du monde Bon Iver, For Emma, Forever Ago est probablement l’un de disques les plus déprimants de l’histoire de la musique.
Il a été écrit par Justin Vernon, le chanteur et compositeur de Bon Iver, pendant une retraite de trois mois au fin fond du Wisconcin, où il a eu le temps, lui-même, de faire sa propre catharsis par la musique.
Sur la fin de mes années de lycée, je n’attendais qu’une chose : partir de chez ma mère, parce qu’elle vivait avec une personne que je ne supportais pas. J’ai toujours été très sensible, je pleure beaucoup, souvent, pour un rien et pas grand chose.
Et toute la tristesse et la colère que je ressentais parfois, je l’entendais dans tous les morceaux de cet album. Je ne faisais pas attention aux paroles, tout ce qui m’importait c’était ce que la musique me faisait ressentir. Et quand j’étais triste ou en colère, c’était la musique parfaite.
Je prenais un manteau, des écouteurs, mon lecteur MP3 et je partais me promener au bord de la mer (parce que j’avais la chance d’habiter au bord de la mer) en écoutant Bon Iver — et en pleurant, sinon, ça compte pas.
Quand je suis triste, j’ai besoin de l’être pleinement, de vivre cette émotion là.
For Emma, Forever Ago m’a accompagné dans ma dernière rupture compliqué. C’est moi qui aie quitté mon mec à l’époque, mais je venais de mettre un terme à trois ans de relation.
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J’avais clairement besoin d’extérioriser, alors… J’ai mis un sweat, pris mon casque et je suis allée me poser sur un ponton au bord de la Loire pour pleurer tout ce que je pouvais en écoutant Bon Iver (oui, il y a un pattern, clairement).
Ce disque a accompagné toutes mes crises, plus ou moins graves soient-elles. Il m’a permis d’accentuer les émotions que j’avais besoin de faire sortir de moi, pour ne pas imploser.
L’effet hypnotisant de la musique de Bon Iver
En 2014, ça fait deux ans que Bon Iver a sorti son deuxième album éponyme, que j’ai aussi écouté en boucle et dont tous les morceaux m’ont à nouveau transcendé.
Sauf que cette fois, le groupe a annoncé qu’il allait « faire une pause ». En langage artiste, on sait tous ce que veut dire « une pause ». Si tu ne le sais pas, laisse-moi te le dire :
« On ne fera plus de musique pour l’instant, et probablement plus jamais, bisous bye. »
Autant te dire que, le jour où ils ont sorti Heavenly Father, pour la bande originale de Wish I Was Here de Zach Braff, que je m’en souviens encore comme si c’était hier. J’étais dans le grenier de mon oncle et ma tante à Paris, où je passais la semaine pour le travail.
Ce soir-là, je découvre Heavenly Father et c’est, à nouveau, la débandade. J’ai probablement pleuré (à ce moment de l’article, tu devrais avoir compris que c’est ma marque de fabrique).
Mais ce dont je me souviens surtout, c’est mon état d’excitation à l’idée de découvrir un nouveau titre, de retrouver la voix de Justin Vernon sur une chanson que je n’avais jamais entendue auparavant.
J’ai écouté Heavenly Father en boucle toute la soirée, et peut-être une partie de la nuit. J’ai arrêté tout activité, j’étais juste pétrie d’amour pour ce morceau dès la première écoute.
C’est avec ce genre de titre que tout ton corps réagit, ça me faisait quelque chose à l’intérieur. Dans les tripes, le cœur, la cage thoracique, j’étais remplie d’un sentiment indescriptible.
C’est vraiment très dur d’expliquer cette émotion, comme si en écoutant cette chanson, tout s’envolait. Il n’y plus que toi et la musique et tu ne veux plus que ça s’arrête.
J’ai donc dû écouter ce titre jusqu’à 2h du matin, en boucle, avant de me faire une raison face aux bâillements répétés de ma mâchoire.
Encrer Bon Iver en moi
En 2017, Bon Iver sortait son troisième album, 22, A Million. Quand j’ai vu la pochette du disque, avant même de l’écouter, j’ai su que je me ferai tatouer l’un des symboles de l’artwork.
Peu m’importait d’aimer ou non le disque, quand j’ai vu la cover de Eric Timothy Carlson, j’ai su ce que j’allais me faire tatouer. C’était évident.
Je voulais une chaise à l’envers sur la cheville, à côté de la malléole. L’autre symbole, pour l’autre cheville, sera la porte et le tabouret fumant à côté.
Maintenant, tu peux jouer à Où est Charlie ?
Finalement, l’album est sorti avant que je me fasse tatouer. J’ai eu le temps de l’écouter et même si ce n’était pas mon préféré des trois, j’ai quand même fait ces tatouages, parce que vu toutes les larmes que j’ai versé sur leurs chansons, c’était mérité.
Bon Iver en live : la concrétisation
J’ai réalisé un de mes rêves de bucket list en septembre 2017 à la Salle Pleyel à Paris. J’ai enfin vu le groupe en concert.
J’appréhendais beaucoup, parce que c’est une musique très personnelle. J’ai énormément de souvenirs et d’amour gravés dans les mélodies et les paroles de leurs chansons.
C’était un peu effrayant de devoir partager ça avec une assemblée de centaines de personnes, je ne voulais pas que cette musique soit gâchée, elle est trop précieuse.
Dès les premières notes du premier morceau, j’ai pleuré. Ça arrivait enfin. Après toutes ses années à écouter Bon Iver dans ma chambre ou dans mon casque, j’avais enfin Justin Vernon devant moi en train de chanter ses chansons.
Franchement, ça valait bien les 46€ investis dans ma place.
Au final, qu’est-ce que j’ai vraiment envie de raconter avec cet article à part ma vie, vous allez me dire ?
L’importance de la musique. Très sincèrement, c’était assez dur d’écrire cet article, parce que même si tous les gens qui me connaissent savent que j’aime Bon Iver, c’est toujours dur de mettre des mots sur la musique qui nous touche vraiment.
Bon Iver, c’est mon monument, mon autel des émotions en musique.
Et j’espère que cet article t’aura donné envie d’écouter leurs albums, mais surtout, j’espère que tu vas te demander quel·le artiste te fait ressentir autant de choses ?
Peu importe ce qu’en pense le reste de l’univers, qu’est-ce qui te bouleverse et te transcende en musique ?
Que ce soit Harry Styles, Kendrick Lamar, Rammstein ou Carlos, l’important c’est que ça te fasse quelque chose, ici (imagine-moi en train de pointer mon index sur ton cœur).
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Moi, celle qui me remue à l'intérieur, qui me fait frissonner, parfois pleurer et qui me fait bondir le cœur c'est Tracy Chapman