Claude et Marie Verneuil forment avec leurs quatre filles l’archétype de la famille traditionnelle française : de bons catholiques vivant dans une petite ville de province. Lui est notaire, elle s’est consacrée à l’éducation de ses filles, parties faire leurs études à Paris.
Les quatre filles Verneuil ont bien été élevées dans la tolérance et l’amour du prochain, des valeurs essentielles de la religion catholique. Personne n’est raciste dans cette famille, et c’est tout naturellement que les filles, sorties de leur petit cocon campagnard, ont fait à la villes des rencontres très diverses.
Le film débute par les mariages des trois premières filles de la fratrie :
- Isabelle (Frédérique Bel), l’aînée, est avocate. C’est sur son lieu de travail qu’elle fait la connaissance de son mari, avocat lui aussi; Rachid Benassen (Medi Sadoun).
- Odile (Julia Piaton) est dentiste. Elle a épousé David Benichou (Ary Abittan), un entrepreneur en quête d’un projet viable. Le caractère bien trempé de la cadette tranche résolument avec celui de l’hypersensible Ségolène : c’est l’artiste de la famille, casée avec Chao Ling (Frédéric Chau), banquier et chinois.
Voilà donc déjà trois fillées mariées, avec trois hommes de confessions et d’origines différentes des « traditions » chères aux parents Verneuil.
Alors lorsque Laure (Élodie Fontan), la benjamine de la famille, tombe amoureuse de Charles (Noom Diawara), elle prend bien soin d’insister sur LE point qui devrait séduire sa mère, désespérant toujours de pouvoir marier une de ses filles à l’église : Charles est catholique ! .
« Elle a vu ses soeurs partir au feu, mais elle voit quand même que ses parents sont à deux doigts du suicide ! », raconte Julia Piaton, rencontrée en compagnie d’Élodie Fontan et d’Émilie Caen pour la promo du film. « Elle va leur annoncer qu’elle se marie bientôt, avec un catholique – contrairement à ses soeurs ! – mais elle va omettre de leur préciser qu’il est noir… Jusqu’à la fameuse rencontre ».
Une des scènes les plus drôles du film, contenant ma réplique préférée – que je ne vous spoilerai pas, petit•e•s chafouin•e•s, allez donc au cinéma !
Une comédie libératrice et décomplexante sur les préjugés
Christian Clavier et Chantal Lauby campent des parents en prise avec la contradiction profonde entre l’éducation à la tolérance inculquée à leurs filles, et leur inconfort face à la manière dont elles se sont approprié ce précepte.
Les Verneuil ne sont « pas racistes », ils sont attachés à une certaine idée de la famille, et confrontés aux choix de leurs filles, ils sont bien obligés de « faire avec ». Ils sont un peu à l’image de la société française actuelle, partagée entre une arrière-garde qui « défend des valeurs » et sa frange progressiste, qui embrasse ces valeurs en pratique
.
« Le discours officiel dans la famille, c’est la tolérance, l’amour du prochain. On est les champions du mariage mixte en France, c’est extrêmement répandu ! On représente une certaine normalité pour notre génération, je ne sais si on se rend compte que pour nos parents, ça pose un problème. Dans le film, c’est l’accumulation qui les amène à la rupture. Ils prennent sur eux, mais c’est difficile » explique Émilie Caen, à propos de son personnage Ségolène Ling-Verneuil.
Le couple Verneuil et ses gendres sont tous perclus de préjugés sur les communautés dont ils ne connaissent que les stéréotypes. Mais qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? moque allègrement les représentations racistes des uns et des autres, et on en rit franchement parce que personne n’est épargné. Comme le souligne Julia Piaton :
« Toutes les communautés ont des préjugés les unes sur les autres, évidemment c’est une comédie donc tout ça est appuyé avec force. C’est pour ça que ce film est décomplexant, et qu’on a aimé le faire aussi, c’est que tout le monde en prend pour son grade. C’est super libérateur. »
Ni politique, ni moralisateur, Mais qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? est une comédie très réussie, sur un sujet de société. À voir en famille, surtout si vous avez un tonton raciste qui a tendance à plomber l’ambiance au déjeuner dominical !
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