Autant on apprécie les séries-doudou lorsqu’on a le moral dans les chaussettes (ou pas d’ailleurs), autant parfois on aime bien se prendre la tête sur des questions existentielles. Et l’anthologie britannique Black Mirror est sans pareil pour qui veut prendre conscience de la place que les nouvelles technologies ont prise dans nos vies… et surtout de leurs éventuelles dérives.
Mais c’est comme tout dans la vie : il faut binge watcher varié. Et les récits d’anticipation n’ont pas le monopole de la prise de tête ! Science-fiction, série en costumes ou d’horreur : il y en a pour tous les goûts. Voici quelques programmes qui mettent en perspective l’humanité, son essence et son histoire.
Real Humans, pour philosopher en suédois
La série de science-fiction suédoise Real Humans (Äkta människor en version originale) dépeint une société où humains et androïdes — surnommés hubots — semblent cohabiter en harmonie. Ces derniers ont l’apparence de citoyen lambda, mais sont en réalité destinés à réaliser des tâches spécifiques pour lesquels ils sont conçus : un hubot baby-sitter pour s’occuper du petit dernier, un hubot programmé pour le care pour tenir compagnie aux personnes âgées…
Une douceur de vivre promue par les progrès technologiques qui ne masque pas toutes les inégalités. Certains opposants accusent les hubots de voler le travail des humains, les vrais, et se regroupent en un collectif : Real Humans.
Diffusée sur ARTE en 2013, Real Humans soulève la question éternelle : qu’est-ce qu’être un être humain ? Une interrogation largement explorée par la science-fiction, mais dont on apprécie ici l’aspect contemporain. Dans la série se glisse même une métaphore sur les oppressions subies par les personnes racisées, travaillant en grand nombre dans le secteur du care…
Taboo, pour la noirceur de l’âme
Créée par l’acteur Tom Hardy, épaulé dans sa tâche par Steven Knight (auquel l’on doit Peaky Blinders), Taboo se déroule dans sous l’Empire colonial britannique, en 1814. Lorsque James Delaney revient d’un mystérieux séjour en Afrique pour réclamer son héritage : une île achetée du vivant de son père au large du Canada, que plusieurs puissances coloniales aimeraient obtenir pour mieux accéder à la route de la Soie.
Si vous n’êtes pas fan de l’acteur Tom Hardy, passez votre chemin : taciturne, râleur, opaque… il est peu aisé de s’attacher à James Delaney. D’autant plus que, attention petit spoiler, le personnage est amoureux de sa sœur biologique, interprétée par Oona Chaplin !
Oui, ça fait beaucoup, mais en même temps, il y a avait un indice dans le titre.
Le visionnage de Taboo est une expérience télévisuelle sulfureuse qui vaut le détour. Dommage qu’à la gloire de Tom Hardy, la série délaisse ses personnages secondaires, notamment féminins, et qu’elle surjoue un peu trop l’immersion historique via des références réductrices à « l’Afrique ».
Ares, pour questionner l’héritage de l’Occident
La première série Netflix néerlandaise est sortie en catimini début 2020, mais elle vaut le détour.
Cette série d’horreur se concentre sur le personnage de Rosa, une étudiante métisse en médecine qui jongle entre ses études et sa mère malade dont elle s’occupe seule. Elle est introduite dans une confrérie secrète réunissant l’élite de la nation, où la quête de pouvoir n’a pas de limite…
« Ne vous êtes-vous jamais demandé comment il était possible qu’un petit pays comme les Pays-Bas devienne aussi riche et puissant ? » : débutant comme une œuvre psychologique, la série évolue au fil des épisodes vers le fantastique, s’interrogeant sur la part sombre de l’histoire néerlandaise.
Visuellement dérangeante, parfois violente, Ares nous pousse à nous questionner sur ce que doivent nos nations à la colonisation et l’esclavage.
Voilà de quoi vous faire patienter en attendant une hypothétique saison 6 de Black Mirror — son créateur ne se voit pas réaliser de nouveaux épisodes déprimants en plein Covid… et même si l’impatience est là, il a sûrement raison. Une pandémie plus Black Mirror, c’est trop !
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