Jordan Peele l’a prouvé au monde entier avec Get Out : l’horreur est un terreau particulièrement fertile pour faire éprouver au spectateur l’enfer du racisme. En septembre, Disney+ a de quoi attirer notre attention avec une série mêlant thriller et féminisme intersectionnel. Au programme de Black Girl : dix épisodes de 30 minutes à peine qui décortiquent avec finesse le croisement entre sexisme et racisme (ou misogynoir) dans le monde de l’entreprise.
Gage de qualité, Black Girl nous vient tout droit de la plateforme de streaming américaine Hulu. La série est adaptée du best-seller de 2021 The Other Black Girl, que l’on doit à l’autrice afro-américaine Zakiya Dalila Harris. Preuve de sa popularité, il n’aura fallu que deux ans pour que ce roman à succès soit adapté pour le petit écran, pour un résultat plus qu’à la hauteur
Black Girl, de quoi ça parle ?
Black Girl résonnera pour de nombreuses femmes racisées ayant fait l’expérience du monde de l’entreprise, et c’est ce qui la rend si marquante. Nella (Sinclair Daniel) adore son job : elle travaille dans une prestigieuse maison d’édition new-yorkaise. Pourtant, son quotidien n’a rien de radieux car elle s’avère être la seule employée noire de la boîte et se retrouve régulièrement ciblée par le racisme et la fétichisation de ses collègues.
C’est avec soulagement qu’elle apprend qu’Hazel, une autre femme afro-américaine, rejoint son entreprise. Alors qu’elle voit d’abord en elle une alliée et une amie, Nella va rapidement déchanter lorsque des évènements inquiétants commencent à envahir sa vie. Hazel (Ashleigh Murray) semble dissimuler son vrai visage et Nella commence à suspecter qu’un complot se trame dans son dos…
La voix de scénaristes racisées
Aux États-Unis comme en France, Black Girl s’est imposée comme l’une des pépites de la rentrée. Il faut dire que la série impressionne par sa capacité à glisser de la comédie au thriller, de l’humour à l’angoisse. On s’interroge même sur la dimension paranormale de ce qui nous est raconté, alors même que la dimension bien réelle du racisme en entreprise est dépeinte avec une justesse qui ne laisse pas indemne.
Si la série est une réussite, ce n’est pas par hasard. Bien que fictionnelle, son histoire est le fruit de l’expérience de l’autrice Zakiya Dalila. Dans les colonnes du Los Angeles Times, l’écrivaine a confié que l’idée de son roman lui était venue alors qu’elle était elle-même employée d’une prestigieuse maison d’édition. Elle raconte qu’un jour, elle est tombée nez à nez sur une autre femme noire qu’elle n’avait jamais vue avant, dans les locaux de l’entreprise. Elle confie avoir commencé l’écriture de son roman après avoir décidé de quitter son emploi, alors que la rencontre avec cette femme noire a continué de la travailler :
« Je me suis dit : pourquoi je suis aussi excitée de croiser cette femme ?’ Et puis les hypothèses farfelues sont venues. Et si c’était un robot ? Ensuite, j’ai eu l’idée de ce livre et je me suis lancée. »
L’autrice, qui signe aussi le scénario de la série, a travaillé collectivement avec d’autres scénaristes racisés :
« Je me souviens très bien d’avoir discuté avec tout le monde de ce que nous voulions tous voir dans la série, mais aussi de nos propres expériences personnelles sur un lieu de travail avec des patrons, mais aussi avec une autre personne noire. »
L’horreur n’est jamais aussi marquante que quand elle n’est pas causée par des fantômes ou des démons, mais des oppressions systémiques bien réelles. Disponible sur Disney+ depuis le 13 septembre, Black Girl en est une nouvelle preuve, addictive.
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