« The Heart Wants What It Wants » chante Selena Gomez. Elle a grandi dès l’âge de 14 ans sous l’œil des caméras de Disney, pour la série Les Sorciers de Waverly Place, avant d’être mitraillé par les paparazzis depuis ses relations hyper-médiatisées avec Nick Jonas, Taylor Lautner, et surtout Justin Bieber de 2011 à 2014. Entre temps, elle avait déjà commencé à casser son image de petite fiancée parfaite de l’Amérique puritaine en bazardant son anneau de chasteté en jouant dans Spring Breakers du réalisateur indé volontiers trash Harmony Korine en 2013 et en s’émancipant de son groupe Selena Gomez & The Scene pour se lancer en solo avec l’album Star Dance. L’échec commercial de ce dernier aurait pu expliquer le fait qu’elle ne parte pas le défendre en tournée, mais, en 2015, elle explique à Billboard :
« On m’a diagnostiqué un lupus (une maladie auto-immune chronique) et j’ai suivi une chimiothérapie. C’est la véritable raison de ma pause. Je risquais de faire un accident vasculaire cérébral. »
Depuis, l’artiste s’impose en chantre de la santé mentale et physique et de la vulnérabilité. Et le nouveau documentaire Selena Gomez : My Mind & Me, disponible depuis le 4 novembre sur Apple TV+ le confirme.
Selena Gomez : My Mind & Me, un documentaire sur 6 années de vie
C’est Alek Keshishian qui réalise ce docu vérité filmé durant six ans au plus près de l’ancienne héroïne Disney. Celui qui a travaillé pour la première fois avec elle pour le clip de « Hands to Myself » brille déjà dans cet exercice puisqu’il avait signé Truth or Dare, qui plongeait dans la tournée de Madonna de 1991, devenue culte. Six années durant, on suit Selena Gomez au fil de ses remises en question professionnelles, à l’aune de ses problèmes de santé mentale et physique. Car en plus de son lupus, l’artiste a été diagnostiquée dépressive et bipolaire en 2019, ce qu’elle a rendu public dans le but de contribuer à déstigmatiser les troubles psychiques. Le documentaire se termine d’ailleurs par l’invitation de Selena Gomez à la Maison Blanche afin d’y réfléchir à la mise en place d’un programme de santé mentale pour les jeunes.
Le documentaire esquisse de nombreuses difficultés de santé rencontrées par l’artiste, qu’elle a détaillées auprès du média Rolling Stone, notamment le fait que le rein qu’elle a reçu par greffe ne durera pas plus de 30 ans, et que les médicaments qu’elle prend pour sa bipolarité l’empêcherait de porter d’éventuels enfants. Mais Selena Gomez compte bien avoir une progéniture malgré tout : « c’est une chose très importante, très présente dans ma vie […], qu’importe comment je suis censée les avoir, je le ferai ».
Qui est Francia Raisa, celle qui a donné son rein à Selena Gomez ?
Autour de la greffe d’organe, c’est un autre scandale qui entoure la sortie de ce documentaire sensible et puissant. En effet, dans le cadre du marathon promotionnel pour Selena Gomez : My Mind & Me auquel s’adonne en ce moment l’artiste, celle-ci a notamment évoqué le fait qu’elle estimait ne pas avoir de véritables amis dans l’industrie du showbusiness mis à part Taylor Swift. Face à une publication Instagram qui sortait cette phrase de son contexte, l’amie de longue date qui a donné un rein à Selena Gomez en 2017 a commenté publiquement un laconique : « intéressant ».
Il n’en fallait pas plus pour qu’un déferlement de cyberharcèlement de masse se déclenche contre la chanteuse, accusée d’ingratitude. Et ce alors même que cela fait des années qu’elle exprime à plusieurs reprises sa reconnaissance éternelle envers Francia Raisa, actrice et danseuse. En décembre 2017, alors qu’elle recevait un prix sur la scène des Women in Music Awards, Selena Gomez a notamment déclaré, en larmes, durant son discours de remerciement :
« Merci beaucoup tout le monde. Pour être honnête, je pense que Francia devrait recevoir cette récompense, car elle m’a sauvé la vie. »
« Francia should get this award…she saved my life. » – Selena Gomez
Watch her full #womeninmusic acceptance speech: https://t.co/isSIXf6NLa pic.twitter.com/6Tv2z6jJai
— billboard (@billboard) December 1, 2017
Une polémique sur la forme qui éloigne du fond du problème soulevé par le documentaire
On peut donc regretter la façon dont de parfaits inconnus ont pu ainsi tomber sur Selena Gomez dont les propos ont de toute évidence été tronqués ou du moins ne reflétaient pas le fond de sa pensée, tant elle a d’ores et déjà fait montre de sa gratitude envers son amie. Elles partagent même un tatouage reprenant la date du don d’organe en question. On peut également se désoler qu’une telle affaire qui devrait rester privée puisse provoquer un tel emballement médiatique, au point d’occulter le fond du documentaire pourtant si important puisqu’il visait à sensibiliser aux questions de santé mentale et en déstigmatiser les enjeux. D’autant plus que Selena Gomez y faire part d’une vulnérabilité rare, y confiant ses pires douleurs, craintes, et angoisses, notamment autour de ses difficultés à devenir mère. Voir que cela sert aux pires haters pour l’attaquer a de quoi révolter.
Sans glamouriser la résilience pour autant, gageons qu’elle parviendra à rebondir, comme l’a déjà fait si souvent l’autrice de Revival (titre de son deuxième album solo paru en octobre 2015). À l’écoute des paroles de son nouveau single, judicieusement titré « My Mind & Me », on peut effectivement s’attendre à ce que Selena Gomez sorte bientôt un nouvel album, introspectif, cathartique. À l’image de ce courageux documentaire salvateur.
Regardez le documentaire Selena Gomez : My Mind & Me sur Apple TV+
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Crédit photo de Une : Apple TV+
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