La voilà enfin, après des années d’attente, la (presque véritable) suite du culte Bioshock. Car là où Bioshock 2 a été développé par une seconde équipe, le créateur original, Ken Levine, travaillait déjà sur son prochain bébé, Bioshock : Infinite. Montré de salon en salon depuis 2010, le jeu débarque enfin, plein de belles promesses et auréolé d’un succès critique acquis avant même sa sortie.
Si Bioshock premier du nom mettait le joueur dans la peau d’un homme muet dans une ville aquatique, Infinite nous propose de revêtir les habits de Booker Dewitt dans une ville aérienne. Exit Rapture, bienvenue à Columbia, œuvre gigantesque du prophète Comstock. Une courte introduction et nous voilà propulsé dans les cieux à la recherche d’une jeune fille, Elizabeth, prisonnière de ce miracle technologique. Au début du vingtième siècle la ville de Columbia a fait sécession des États-Unis et vole au-dessus des terres, majestueuse et toute-puissante. Mais très vite nous comprendrons qu’une révolte ouvrière gronde et c’est sur fond de lutte des classes que nous retrouvons la jeune Elizabeth. C’est avec elle que nous allons tenter de nous échapper de Columbia. Mais la belle ne se laisse pas forcément faire et sait se débrouiller ; il semblerait même qu’elle puisse ouvrir des failles vers d’autres mondes…
Que ce soit en termes de structure narrative, univers visuel et gameplay, Bioshock : Infinite ne sort pas du schéma utilisé dans le premier épisode. Il faudra progresser en dégommant tout ce qui bouge, y compris des espèces de mini-boss imposants, à l’aide d’armes à feu et de pouvoirs surhumains (appelés cette fois Tonics et non Plasmides) que l’on pourra améliorer dans des distributeurs contre de l’argent glané çà et là. La maniabilité est efficace, les armes répondent bien et il est possible de réellement s’amuser et se forger son propre style en combinant les attaques. Les fondations sont solides et jamais on ne s’ennuie. Il sera aussi question de trouver des potions renforçant de manière permanente la santé ou la magie et d’utilisation des bonus de puissance souvent planqués derrière des portes fermées que seule Elizabeth peut ouvrir. Car la véritable nouveauté de cet opus, c’est la jeune femme. Non seulement elle sait crocheter des serrures, mais elle peut aussi invoquer des défenses venues d’autres mondes lors des combats et proposera régulièrement des trousses de soins et autres munitions s’il vient à nous en manquer.
Elizabeth est également le point fort du jeu. Elle et Booker passent les trois quarts d’Infinite à discuter et on sent la confiance s’installer par-delà les doutes, l’amitié se forger. Sans contexte, les personnages ne sont rien, et en ce sens Columbia remplit son rôle de monde crédible, avec un réel souci du détail, une histoire, des passants qui ont leur mot à dire. Le tout modélisé avec talent, dans ce style steampunk, légèrement cartoon, propre à la série. C’est parce que Columbia est bien travaillée qu’Elizabeth y existe réellement. Ken Levine voulait que le joueur s’attache au personnage féminin, s’investisse émotionnellement, et c’est réussi. Le jeu n’est pas encore terminé que l’on est déjà prêt à tout pour elle. Et c’est de cet attachement dont dépend en grande partie la dernière partie du jeu, le moment où tout est révélé. Préparez-vous à un léger mal de crâne initial, et la tentation d’aller comparer vos propres interprétations sur le Net. S’ensuivront débats et engueulades sur les mérites des dernières minutes. Génie ou supercherie ? Trouver de quel côté notre cœur penche fait partie du plaisir.
À mon sens, Bioshock : Infinite a deux défauts par rapport à l’original, deux points de détail qui l’empêchent de se hisser à la même hauteur. La ville de Rapture, du premier Bioshock
, était le fruit d’une philosophie objectiviste poussée à son extrême, c’était donc d’une certaine façon une utopie. Une utopie parfois monstrueuse et intenable dans la longueur, mais une utopie, là où la ville de Columbia d’Infinite ne répond à aucune réelle logique philosophique. On parle vaguement de Dieu, d’un prophète, de logiques sectaires et de racisme, mais pas de courant philosophique qui donnerait envie. Là où Rapture est séduisante, Columbia n’est que le délire mégalomane d’un fou. Ce petit pincement au cœur lors du premier Bioshock, cette tentation de se dire « Bon sang mais son créateur Andrew Ryan est un génie » n’existe pas dans Infinite.
Ensuite, le twist de mi-jeu du premier Bioshock avait une résonnance métanarrative, il poussait le joueur à questionner ses actions, sa place dans l’univers du jeu ET derrière l’écran. Cela reste la plus grande réussite de Bioshock, ce qui en fait un titre incontournable du jeu vidéo. Et si Infinite semble à un moment s’aventurer sur le même terrain, c’est pour finalement s’achever dans un twist purement interne à son univers.
Bioshock : Infinite a un scénario bien ficelé, qui pousse à la réflexion pour en saisir toutes les ficelles, mais ne tient pas la comparaison avec son aîné. Il n’y a pas de génie, juste du talent, un talent monstre. Tout le reste est aux petits oignons, la direction artistique est magistrale, l’univers vivant, les situations variées et le scénario bien écrit.
Vous n’êtes pas obligé-e-s de jouer à Bioshock : Infinite, pas comme vous êtes obligé-e-s de jouer à Bioshock (oui, oui), mais parce qu’il reste un très bon jeu, ce serait dommage de passer à côté. Un des meilleurs titres de cette année, dont on reparlera en décembre, au moment de faire les comptes, à n’en pas douter.
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Les Commentaires
Ce sont les jeux que je conseille quand les gens me disent "quoi tu passes autant de temps sur ta xbox ?", oui, j'y passe du temps mais regarde cette merveille. Et c'est décidé, à la paris games week de 2013, avec le boyfriend on sera les Lutèces, parce que sérieusement, je suis tombée amoureuse de ces personnages; ce sont eux les génies de Columbia.