Vous vous souvenez peut-être de moi : il y a deux ans, j’avais écrit un article à propos de ma première année en résidence étudiante à l’Université McGill au Canada. Eh bien voilà, deux ans plus tard, j’ai fini, j’ai mon diplôme de sciences politiques en poche et je m’apprête, comme tant d’autres diplômés, à partir pour quelques années de stages, de jobs, de voyages, de masters et de « funemployment ».
Et même si j’ai attendu ce jour avec une impatience à peine contenue depuis le début des études, cette fin est, comme prévu, un peu douce-amère.
Elle est douce parce que je vois trois années d’efforts et de dur travail récompensées ; parce que j’ai enfin atteint mon but, parce que le froid, la neige et la glace c’est fini pour quelques temps, et parce que même si je suis censée entrer dans le monde des adultes, j’ai quand même encore quelques années de liberté devant moi pour décider de mon futur.
J’arrive, la France.
Une confiance en soi… et une ouverture sur le monde
Et ce futur m’apparaît de plus en plus positif grâce à toutes les opportunités que ces trois ans à McGill m’ont offertes. J’ai gradué de la dix-huitième meilleure université du monde, je suis bilingue et j’ai un permis de travail canadien. J’ai évolué dans une institution qui me martèle depuis le début que je peux choisir n’importe quelle direction et que tout m’est possible, pour peu que je le veuille assez et que je travaille dur.
Contrairement à ce que la France m’a souvent répété, le Canada me dit que je peux créer des jobs au lieu de les trouver, et qu’au-delà de mon diplôme, ce qui compte ce sont mes rêves, ma détermination et mes choix. J’ai appris certaines valeurs et j’ai eu accès à des opportunités que je n’aurais jamais pensé avoir.
Je suis amie avec des gens qui ont créé leur propre entreprise sur Internet au cours de leur deuxième année et qui sont partis au MIT pour la développer ; je suis amie avec des gens en stage à la Maison Blanche, d’autres qui rencontrent régulièrement des membres du gouvernement canadien grâce à leurs études.
Durant trois ans j’ai été aux côtés d’étudiants venus des quatre coins du monde, des Chinois, Coréens, Japonais, Australiens, Suédois, Syriens, Pakistanais, Néerlandais ou encore Anglais. Plus de 150 nationalités sont représentées à McGill. J’ai vu un garçon de ma résidence découvrir la neige pour la première fois de sa vie, j’ai connu des gens qui mouraient d’inquiétude à cause de la guerre dans leur pays, j’ai connu des gens qui se sont battus tellement dur pour rentrer à McGill.
J’ai été éduquée par des profs qui ont changé pour toujours ma vision des choses, que ce soit en politique, en communication, en littérature et en histoire. J’ai probablement vécu dans une des villes les plus culturellement dynamiques du monde ; c’est un vivier de musique, de groupes et concerts, un berceau de styles tellement différents, un lieu de tournage cinématographique international.
C’est à Montréal que s’est faite toute ma culture musicale et que j’ai rencontré des musiciens géniaux comme Tame Impala, Albert Hammond Jr des Strokes, Ty Segall, les petits mecs de FIDLAR ou ceux de Drowners. Mon esprit s’est ouvert de bien plus d’une façon en trois ans.
Le rêve américain
Aujourd’hui, j’ai passé ma graduation ; j’ai eu droit à la robe et au chapeau carré, j’ai eu droit au défilé devant les familles et les profs au son de la cornemuse (James McGill, le fondateur de l’université, étant écossais), j’ai eu droit aux discours des doyens et des chanceliers, à celui de la major de promo qui disait très justement :
« Nos parents sont et devraient être inquiets non pas à cause de l’incertitude de ce qui va arriver, mais parce que nous arrivons. Nous arrivons et nous allons conquérir le monde et nous allons le changer. »
J’aurais eu droit au lancer de chapeaux si une tempête n’avait pas interrompu la cérémonie en plein milieu, mais techniquement, tout ce qu’on a toujours vu dans les films américains, je l’ai eu — là, c’est le moment ou je me la pète à en crever tellement c’était CLASSE.
Une éducation difficile mais géniale
J’écris dans l’avion du retour et je réfléchis à ces trois ans, je repense à ce que j’étais en arrivant à Montréal et ce que je suis aujourd’hui en en repartant. C’est un peu mieux rangé dans ma tête aujourd’hui. Je suis plus que jamais sûre de ce que je veux dans la vie. Je connais la valeur du travail dur, je connais la tolérance (et ça n’a pas été le plus facile), je connais certains combats et je connais l’adaptation aux conditions difficiles.
J’ai enquillé une nouvelle culture, des gens très différents, une vie dans une autre langue, l’absence de charcuterie et de fromage (on a tendance à sous-estimer la douleur), le froid extrême durant huit mois de l’année et le stress ÉNORME et CONSTANT de l’université, tout ça d’un coup.
Mais j’ai été bien aidée dans tout ça. J’ai aussi connu les amitiés, les pecan pies de Second Cup, les soirées à Café Campus le mardi soir et la vie en coloc dans mon petit appart. Ces trois années ont été spéciales à de nombreux points de vue. Le campus va me manquer, mes colocs me manquent déjà, Tim Hortons et son grand café à un dollar va me manquer, les ventes de samosas à 2$ les 3 qui nourrissent 38 000 étudiants pendant des mois, l’Open Air Pub en septembre et au printemps, les pique-nique sur le parc du campus quand il fait encore beau…
Être à quelques heures de bus seulement de Boston, Philadelphie, de New York ou de Toronto va me manquer aussi, tout comme l’accent québecois (d’autant qu’il s’est doucement infiltré dans mes intonations), ainsi que le sentiment d’appartenir à quelque chose, à un endroit, même si on s’y sentait parfois seul-e, même si on n’y était pas toujours heureux-se.
J’ai le sentiment que McGill, ce n’est pas seulement une école : c’est une communauté, des traditions, des habitudes et des trucs qu’on est les seul-e-s à comprendre, comme la haine universelle envers Service Point, l’horreur de la colline des Education et Stewart Bio buildings, ou le tunnel salvateur entre Leacock et Mclennan en plein hiver.
Des rêves plein la tête
Aujourd’hui, je veux vivre à New York, en Australie, à Vancouver, Portland ou Seattle, ou peut-être à San Francisco, et à Toronto aussi. Je veux être photographe de concerts, je veux monter ma propre entreprise de Relations Publiques dans le marketing musical, je veux travailler à l’ONU pour la cause des femmes dans le monde, je veux aller surfer à Bali et rendre visite à ma coloc qui est en échange à Hong Kong, et puis à ma copine qui est en stage à Berlin, celle qui sera en stage à Los Angeles en janvier.
Aujourd’hui, j’ai des rêves plein la tête, des envies tout autour du ventre, des souvenirs sans prix, des amis qui seront toujours là et un bagage sacrément solide pour commencer la « vraie vie » — tout ça grâce à McGill, et grâce à mes parents qui m’y ont envoyée et ont toujours cru en moi. Même si rien n’est certain, j’ai un sentiment de possibilité sans fin en fait, et c’est le plus beau cadeau que ces trois ans m’ont offert.
La question qui est revenue le plus souvent ces dernières semaines autour de moi, c’était « So, what’s next? ». Je ne peux pas prédire l’avenir, mais je pense que whatever is next, ça sera vraiment chouette et je serai prête !
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Les Commentaires
Et pour l'hiver, ça dure désormais en général de décembre à mars et certains hivers peuvent être plus rigoureux que d'autres (aujourd'hui, facteur vent compris, on se les gèle à -33 Celsius). Cependant, si vous êtes bien habillés, vous n'avez rien à craindre!... vous pouvez également vous foutre de la gueule des ados qui ne sont pas vêtus adéquatement et qui eux se plaignent en disant: ''Y fait frette!!!'' (Bref, il fait hyper froid)