Article publié le 15 avril 2017 —
Déjà deux semaines que le dernier épisode de la mini-série Big Little Lies a été diffusé, et je suis toujours un peu fébrile quand j’y pense.
Rarement un programme m’aura mise dans de tels états. Durant cette heure finale, je suis passée par toutes les émotions, j’ai dû mettre pause quand j’étais trop stressée, j’ai tapé des pieds puis des mains, retenu mon souffle et soupiré bruyamment.
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Si j’ai été aussi touchée par Big Little Lies, c’est surtout grâce à la force et la complexité de ses personnages principaux. Toutes des femmes, toutes différentes, toutes époustouflantes.
Retour sur une série qui fera date.
Cet article est garanti sans spoilers !
Big Little Lies et ses femmes au foyer pas si désespérées que ça
J’ai mis un peu de temps à rattraper le phénomène Big Little Lies parce que ça ne me tentait pas plus que ça, au début.
Je pensais que ce serait une série similaire à Desperate Housewives ou Pretty Little Liars version quadra — deux programmes qui ne m’ont jamais trop plu. Principalement parce que je ne m’identifiais pas du tout à leurs personnages.
Oh, comme j’avais tort !
Pour rappel, Big Little Lies se déroule dans la petite ville TRÈS friquée de Monterey. Elle se concentre sur les mères de famille qui y vivent.
Ces héroïnes, pour la plupart pétées de thunes, sont parfois mères au foyer, parfois ont un poste à haute responsabilité. Elles s’investissent dans leur famille, la vie de leurs enfants et leur carrière le cas échéant — un équilibre déjà compliqué à maintenir.
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Les apparences leur tiennent à cœur et chacune veut être LA mère modèle, celle qui organise les meilleurs évènements, qui est le plus disponible pour aider à l’école, qui éduque le mieux ses enfants tout en ne négligeant pas son mari…
La série s’articule autour d’un meurtre, et remonte les évènements qui y ont mené.
Particularité fascinante, on ne sait pas, jusqu’au dernier épisode, qui en est la victime, ni qui est coupable.
Big Little Lies, la série qui n’est pas celle que vous croyez
Certes, dans le premier épisode, quand on fait la connaissance des personnages, il y a un vernis très « cliché » sur chacune d’entre elles.
Madeline (Reese Witherspoon) se mêle de tout, Celeste (Nicole Kidman) a une famille trop parfaite pour être honnête, Jane (Shailene Woodley) joue l’innocente nouvelle arrivante mais tait bien des choses, Bonnie (Zoë Kravitz) force le trait de la hippie conciliante…
Mais ces personnages gagnent très vite en complexité.
Madeline sait qu’elle n’arrive pas à ne pas fourrer son nez dans les affaires des autres, et en souffre parfois. Jane a de très bonnes raisons de garder le mystère sur son passé, et notamment le père absent de son fils, le petit Ziggy.
Quant à Celeste, c’est celle qui m’a le plus touchée. Derrière le vernis de son couple parfait se cache une relation abusive terrifiante de réalisme.
Big Little Lies, une ode à la solidarité féminine
Big Little Lies est rythmée par des interrogatoires d’autres habitant•es de la ville au sujet du meurtre. Tou•tes sont unanimes : ces femmes-là, c’est de la nitroglycérine. Une bande de hyènes qui se sourient pour mieux comparer leurs crocs.
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Au début, forcément, c’est par ce prisme-là qu’on les regarde. Mais au fil de la série, on est forcé•e de revoir sa copie.
Les femmes de Big Little Lies sont, avant tout, farouchement protectrices.
De leur famille en premier lieu, de leur foyer, de leur mariage et de leurs enfants. Qu’elles surveillent de très près, avec lesquelles elles sont parfois un peu maman poule, mais on comprend toujours les raisons qui les font agir ainsi.
Protectrices de leurs amies, également. On le voit dès le premier épisode : Madeline accueille Jane, qui vient d’arriver en ville, à bras ouverts, la présente à tout le monde, l’intègre dans cette micro-société si difficile à pénétrer.
Les femmes de Big Little Lies, pour certaines, doivent leur stabilité financière à leur mari, mais bâtissent elles-mêmes leurs vies, et s’entraident toujours en cas de menace, réelle ou supposée.
Ce ne sont pas des hyènes, plutôt des lionnes protégeant leur tribu.
Big Little Lies et ses héroïnes face à la violence du patriarcat
Les femmes de Big Little Lies ne se font pas d’illusion : malgré leur niveau de vie élevé, au-delà de l’aspect financier, les chances ne sont pas de leur côté. Car elles sont des femmes.
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Les femmes de Big Little Lies ont l’air parfaites, immaculées, solides comme des rocs, imperméables à la critique et à la violence qui touche les classes moins aisées.
Mais les femmes de Big Little Lies sont victimes de viol. Cachent sous du fond de teint hors de prix les bleus imprimés par leur mari violent. Sont discréditées à cause de leur genre. Se doivent d’être doublement parfaites, en tant que personnes et en tant que mères.
Les femmes de Big Little Lies sont, elles aussi, victimes du patriarcat.
Et si parfois elles cèdent à cette pression en se battant les unes contre les autres, quand les choses deviennent vraiment grave, ces femmes font front commun.
Ensemble, contre le même oppresseur.
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Big Little Lies, à rattraper d’urgence
Si cette série m’a mis une telle claque, c’est clairement parce qu’elle a joué avec ses propres codes. M’a présenté des personnages que j’ai trop vite catégorisés comme futiles et creux, avant d’inverser totalement la vapeur.
Big Little Lies est une série importante, essentielle.
Parce qu’elle montre la réalité crue d’une relation abusive, de la violence conjugale qui tord les tripes. Parce qu’elle n’utilise pas le viol comme un outil scénaristique, mais comme une réalité. Parce qu’elle prouve l’importance de la solidarité féminine.
Je ne peux que vous conseiller de vous adonner à ces sept épisodes d’une heure, disponibles en replay sur OCS de notre côté de l’Atlantique. Vous en sortirez chamboulé•es, fébriles, si vous êtes comme moi, mais grandi•es, aussi, probablement.
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Les Commentaires
Je ne cherchais pas tellement à voir qui était le tueur et qui avait été tué mais arrivée au dernier épisode, on comprend vite la fin
Mais je trouve qu'on ne met pas assez en lumière le personnage de renata, au début elle est évidemment présenté comme détestable,mais au fil de la série on découvre qu'elle se sent vraiment seule et mal aimée alors que elle aussi est face à l'injustice et à la violence que subit sa fille dans le silence.