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Big Fish : le classique (réconfortant) de la semaine pour briller en société

Big Fish est une fable généreuse signée Tim Burton, conteur devant l’éternel. Un film sur l’affection filiale ou vivent librement les sorcières, les géants, les loups-garous et l’amour immortel. Entre réalité et fantasmagorie, Burton laisse planer l’ombre de la délicatesse.

Publié le 21 octobre 2017

Tim Burton me suit un peu partout, caché dans mon iPad.

Je fais semblant de l’ignorer, mais je le trimballe toujours avec moi. Dans mes valises, dans mon sac à main, dans ma clé USB.

Je disperse quelques miettes de ses merveilles sur ma vie, pour ne jamais oublier qu’il existe.

J’ai rencontré le cinéaste aux mille visages il y a 20 ans aujourd’hui, quand il s’est imposé dans ma vie et mon imaginaire avec Vincent, son court métrage animé en noir et blanc.

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Depuis j’ai ri devant Beetlejuice, pleuré devant Edward aux mains d’argent, et surtout, SURTOUT, j’ai aimé tendrement Big Fish.

Tu peux d’ailleurs te procurer cette merveille pour la modique somme de 7,99 € sur Amazon.

Big Fish, ça parle de quoi ?

Edward Bloom est un père aimant mais fantasque. Son fils William adorait écouter les histoires merveilleuses qu’il lui contait lorsqu’il était petit. Seulement voilà, William est désormais adulte, il est même marié, et ne supporte plus les histoires de son père.

Pour lui, elles ne sont que fadaises. Mais Edward étant atteint d’un cancer dévastateur, William retourne à son chevet, après des années d’absence.

Enfin disposé à écouter son père, William et sa femme (Marion Cotillard) le laissent conter l’histoire de sa vie, en essayant de discerner le vrai du faux.

Big Fish est tiré d’un livre

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J’étais persuadée pendant de longues et belles années d’innocence, que Big Fish était le fruit de l’imagination de Tim Burton.

Que nenni !

Ce film délicat porté par Ewan McGregor, Albert Finney, Jessica Lange, entre autres talents, est en fait la libre adaptation du roman Big Fish : A Novel of Mythic Proportions, signé par l’auteur Daniel Wallace.

Un livre qui empreinte quelques uns de ses éléments à L’Odyssée d’Homère.

Et tu veux une anecdote croustillante ? Quelques temps après la parution du roman, un certain Steven Spielberg a contacté l’auteur pour une possible adaptation ciné.

Mais c’est finalement Burton qui a eu les droits !

Big Fish divise lors de sa sortie

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Parlons peu, parlons bien.

Big Fish

est sorti en 2003 et a largement divisé la critique et le public.

C’est que vois-tu, Burton a connu une gloire toute puissante au début de sa carrière. Aussi adulé par les adolescents prépubères que par les cinéphiles les plus pointus, rien ne semblait pouvoir entraver le succès du cinéaste.

Frankenweenie, Pee Wee, Vincent, Edward aux mains d’argent, Ed Wood ou encore Mars Attacks (meilleur film de l’univers) étaient nés sous une lumière salvatrice.

Puis il y a eu Sleepy Hollow et La planète des singes. Et la créativité de Burton s’est effritée, en même temps que sa popularité.

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Aussi, en 2003, quand Big Fish a vu le jour, la critique ainsi que le public étaient colères. Bon ok, pas colères mais frileux. Allait-on encore leur pondre un film à la qualité douteuse ?

Pour beaucoup, la réponse était positive.

Partout sur le net fleurissent des critiques négatives comme sur le site de l’intransigeant Télérama, du plus souple Monde et de l’acerbe Cahiers du cinéma qui trouvent ce nouveau film mièvre, peu créatif et feignant.

Et que dire des magazines Web qui le descendent sans vergogne !

Pour d’autres au contraire (Le Point, L’Express, Première), Big Fish est l’oeuvre tendre et réfléchit d’un artiste désormais loin de ses frasques. Un artiste qui a mûri.

Au diable les détracteurs de Big Fish ! Moi, peut-être comme vous, je pose toujours le même regard bienveillant sur Edward et ses amis.

Edward Bloom, un personnage burtonesque

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La première fois que tu as vu Big Fish, Edward t’as fait penser à quelqu’un ? Rien de plus normal. Il est l’incarnation du personnage signature du cinéma burtonesque.

Je m’explique : Burton compose souvent ses personnages principaux de la même manière. Il les veut solitaires et fantasques.

Ainsi, Edward Bloom partage ses traits de caractère avec Ed Wood, Pee-Wee, Edward aux mains d’argent, Beetlejuice, et Vincent. Tous trainent leur solitude à leur manière. Certains comme un fardeau, d’autres comme une liberté.

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Et tous, absolument tous, sont mus par le rêve.

En les créant fantaisistes et un rien évaporés, Tim Burton les place en décalage avec la société.

Ce qui les rend fragiles, mais terriblement attachants. A travers le récit de personnages plein de failles mais tout de même merveilleux, Burton prône la tolérance et fait un cinéma qui flirte avec le social.

Et c’est rafraîchissant !

Big Fish, quand Burton répond à ses propres questions

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Il me faut vous reparler de Vincent, le court-métrage de Burton.

Vincent, c’est un gosse de 7 ans obsédé par Vincent Price, immense acteur de films d’épouvante. L’enfant passe son temps à imaginer d’horribles histoires, seul dans sa chambre.

La frontière entre réalité et fantasme est pour lui très floue, sorte de voile transparent difficile à saisir.

Burton pose une question essentielle : vaut-il mieux vivre dans un conte que l’on se narre seul ou affronter la réalité, bien qu’elle soit parfois dépeuplée de toute merveille ?

Big Fish est la réponse aux interrogations d’un Vincent qui se rêvait Price.

Même à la fin, il faut oser rêver. Pour noyer la faucheuse dans l’humour, la couleur, la joie, dans ce que l’on veut finalement.

Même sous les lumières artificielles de l’hôpital qui va voir Edward s’éteindre, la vérité se teinte d’imaginaire et adoucit la finalité.

Alors Burton fonce et habille ses siamoises de robes lumineuses, fait briller Jessica Lange et sauter enfin l’immense poisson.

Réalité et fantasme se mêlent, s’entremêlent et se réconcilient. La frontière entre l’une et l’autre n’existe plus. Plus rien ne compte que la beauté.

Et dans le dernier souffle d’un Edward gigotant, la promesse d’un cinéma qui restera merveilleux.

À lire aussi : L’Empire des sens, le classique (érotique) de la semaine pour briller en société


Les Commentaires

7
Avatar de Mijou
19 août 2019 à 09h08
Mijou
J'adore ce film !

C'est peu le film "de la maturité", un film plus apaisé, plus ancré dans le réel aussi finalement, tout en faisant la part belle à l'univers de Burton (et il est remplit de clin d'oeil à toute sa filmo !) et en restant extrèmement poétique et tendrement drôle.
A sa sortie, j'ai même eu "peur" que ce soit le dernier et que Burton prenne sa retraite, parce que ce film sonne comme une conclusion, un hommage à ses personnages et/ou acteurs fétiches.
(Remarque il aurait peut-être du, prendre sa retraite, parce que les films qui ont suivi, heu...)

Je pense d'ailleurs que ce n'est pas anodin que Johnny Depp n'y soient pas à l'affiche...
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