Ce qui n’était à l’origine qu’un défi pourrait bien devenir un exemple à suivre. En juin dernier, le Think Thank Autonomy invitait 61 entreprises britanniques à tester la semaine de 4 jours. Carton plein : 92 % des entreprises participantes ont dit souhaiter maintenir cette organisation. Preuve qu’une autre manière de travailler est possible.
Des chiffres très concluants
Mardi 21 février, Autonomy, a donc présenté les résultats de cette étude de grande ampleur devant la Chambre des communes britannique : parmi les 2900 salariés qui l’ont éprouvée, l’écrasante majorité ont décrit un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle, un plus grand épanouissement dans leurs relations personnelles et une satisfaction accrue concernant leurs finances.
Les bénéfices sont là : un taux de burn out en baisse de 71%, un taux de départ de l’entreprise réduit de 57%, une réduction de 65% du nombre de jours d’arrêt maladie, moins d’anxiété pour 39% des salariés sondés, moins de fatigue ou d’insomnies…
À lire aussi : Les jeunes veulent travailler moins pour s’épanouir plus (et on les comprend)
Un salaire et des horaires quotidiens inchangés
Comment s’organise la semaine de 4 jours ? Différente du modèle belge, qui propose un jour de congé hebdomadaire contre des horaires quotidiens revus à la hausse, la semaine de 4 jours made in England prévoit simplement un jour de travail en moins pour un salaire et des horaires identiques. Nos voisins britanniques verraient-ils juste ? Possiblement, à en croire les chiffres : les entreprises ayant appliqué ce système ont enregistré une hausse de leurs bénéfices à hauteur de 1,4 %.
Cette expérience est la plus grande jamais menée sur le marché britannique. Les chercheurs ont sondé des entreprises de toutes les tailles et de tous les secteurs : finance, restauration, ONG… Chacune était libre d’aménager la semaine comme elle le souhaitait, que ce soit en donnant un lundi ou un vendredi à ses employés, ou en lissant cette diminution sur l’année.
Et en France ?
En mai 2022, le journal L’Obs avait demandé à des salariés français pratiquant la semaine de quatre jours de raconter leur expérience. Les retours étaient largement positifs, comme le rapportent nos confrères : « Ils disaient avoir plus de temps pour leur famille, leurs activités, leurs corvées. Le week-end s’étirait et ne ressemblait plus à deux jours traversés au pas de course ». Une étude de l’ADP, parue en mai 2022 également, révélait que plus de 6 français sur 10 souhaiteraient passer sur ce format hebdomadaire, avec « plus de la moitié (57 %) accepterait que leur rémunération soit diminuée en échange d’un meilleur équilibre vie professionnelle / personnelle ».
Côté entreprises, ce critère augmente l’attractivité des employeurs, comme le démontrent les résultats britanniques. Permis dans l’Hexagone depuis la loi Robien sur l’aménagement du temps de travail (1997), ce modèle gagne du terrain depuis la pandémie. Mais la France reste globalement frileuse à l’idée de sauter le pas. Peut-être se laissera-t-elle convaincre par ses voisins européens : en Espagne, 200 entreprises se sont portées volontaires pour expérimenter la semaine de 32 heures sans perte de salaire. Les résultats seront connus en 2025, ce qui laisse encore le temps à la France de mûrir le sujet…
Image de Une : Marvin Meyer
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
On nous prévoit une France à +4°C et je ne vois strictement aucun intérêt à produire +, il y a aussi une petite chute de natalité, et en fait osef, on a jamais autant produit, il faut 2 salarié·es pour faire ce qu'en faisait 30 avant. Mettons fin aux bullshit jobs, et vivons mieux bordel.
C'est intéressant à plein de niveaux, baisse du chômage car cela obligerait quand-même certaines entreprises à recruter (parce que bon, les radiations et les fins de droits pour faire croire qu'on a résolu le problème c'est de la merde), le fait d'être moins fatigué·e et stressé·e évite qu'on parte en congé maladie, ou en pré-retraite parce qu'on est cassé·e de partout mais ça évite aussi surtout les erreurs et les accidents au quotidien. Clairement si je vais à l'hosto je préfère que mes soignant·es aient eu une bonne nuit de sommeil avant de m'ausculter, ça parait juste logique.