Cette année, la Berlinale, l’un des festivals de cinéma les plus importants au monde, prend un tournant significatif pour son histoire et celle du cinéma : il a décide de ne plus récompenser les talents en fonction de leur genre.
Le festival culte se tient chaque année en février depuis 1951, et demeure, avec Cannes et la Mostra de Venise, l’un des évènements les plus prestigieux et décisifs pour les œuvres qui y sont sélectionnées.
La Berlinale décernera des prix non-genrés
Mariette Rissenbeek et Carlo Chatrian, les directeurs du festival, l’ont annoncé publiquement :
« Ne plus séparer les prix en fonction du sexe des acteurs est un signal pour une prise de conscience plus équitable des genres dans l’industrie du cinéma. »
Une initiative à saluer, d’autant plus qu’elle vient enfin prouver la volonté d’au moins un festival majeur à s’inscrire dans les problématiques de son époque.
La Berlinale est le premier festival d’une telle envergure à amorcer un tel changement symbolique, censé abolir toute hiérarchie insensée entre genres.
À partir de l’année prochaine donc, les récompenses d’Ours d’argent seront décernées pour les meilleures performances dans un rôle principal et secondaire, à la place des prix pour la « meilleure actrice » et le « meilleur acteur ».
Aussi, un nouveau « Prix du jury de l’Ours d’argent » sera remis lors de la prochaine édition du festival.
Vers une normalisation de distinctions non-genrées ?
Le festival CanneSéries, dont la première édition s’est tenue en 2018 sur la Croisette, marche dans les pas du festival de Cannes.
Il prend place au même endroit, mais à la différence de sa grande sœur, ne distingue que des séries.
Aussi, l’évènement se veut plus pop, moins guindé, à l’image des consommateurs de séries, qui avalent des litres d’images depuis les canapés de leurs potes, une Leffe dans la main.
CanneSéries, c’est un évènement gratuit et ouvert à tous qui ambitionne de démocratiser la culture et de s’inscrire dans son époque.
Les organisateurs des deux premières éditions ont donc eu l’idée de ne décerner que des prix non-genrés, ratatinant ainsi les principes archaïques du festival de Cannes, dont les chiffres historiques ne font en aucun cas la part à l’égalité des genres.
Rappelons en effet que le festival n’a décerné qu’une fois sa Palme d’or à une femme. Ce prix était revenu à Jane Campion pour le sublime La Leçon de piano.
Depuis, plus aucune femme n’aura eu droit de remporter le prix tant convoité, qui change aussitôt le destin d’un film et de ceux qui l’ont fait.
Rappelons également que dix fois moins de femmes que d’hommes ont été appelées à fouler le célèbre tapis rouge.
Il serait alors peut-être temps, pour notre lumineux mais encore très sexiste festival de Cannes, de marcher dans les pas de sa cousine allemande ainsi que du festival CanneSéries en décernant des prix non-genrés.
Ce serait peut-être un début, qui sait ?
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Les Commentaires
J'ai lu quelque part que le collectif 50/50, en faveur notamment de la parité dans le monde du cinéma, approuve la modification ! unno:
J'admets que les prix genrés peuvent poser problème aux artistes qui se considèrent non-binaires. Mais en ce domaine comme en d'autres, il doit être possible de trouver des solutions...
Par ailleurs, je partage les réserves de @pliploup sur le paragraphe de l'article des "consommateurs de séries, qui avalent des litres d'images depuis les canapés de leurs potes, une Leffe dans la main". C'est condescendant, limite méprisant. Sans doute un reflet de préjugés persistants sur les séries télé, encore trop souvent perçues comme un produit de consommation. Alors même qu'elles nous proposent souvent (pas toujours bien sûr) des oeuvres plus audacieuses, plus originales, plus stimulantes que bien des films.
Et puis nous matons nos séries quand nous voulons, où nous voulons, en buvant ce que nous voulons. Merci