Voici le #1 de « Berlin, le carnet de voyage » ! Le principe de la série est simple : à chaque nouvel épisode, je vous inviterai à découvrir un lieu / un événement / un trend fort de la capitale allemande. Le temps d’un clic, vous aussi, voyagez !
Aujourd’hui, nous allons au KW, dit Institut d’Art Contemporain – un lieu incontournable pour les amateurs d’art à Berlin.
Je m’y suis rendue l’autre jour, un peu au hasard, sans trop savoir à quoi m’attendre, et principalement parce qu’on m’avait dit que l’endroit vaut le détour. Si vous prévoyez de vous rendre à Berlin, je ne peux que vous recommander un passage par le KW, et ce, quelque soit l’expo : l’espace est inédit et la grande cour pavée qui mène à la galerie puis ses grandes salles ont de quoi nous faire regretter de n’avoir en France, bien trop souvent, que des petits espaces d’exposition (et dès qu’ils sont grands, ils sont classés, donc peu malléables – cf. nos musées nationaux).
En ce moment et jusqu’au 22 mai 2011, c’est l’artiste français Cyprien Gaillard qui expose.
À travers sa très haute pyramide de packs de bières, l’artiste questionne le rapport entre la construction (nette, précise et motivée) d’un monument et sa destruction (progressive, lente et irrémédiable). Partant du principe que la destruction, loin de signer la mort d’un monument, le fait en vérité vivre, survivre et évoluer, Gaillard invite les spectateurs à prendre eux-même part à la démolition de sa pyramide.
Au commencement
En gros, on vous incite cordialement à ouvrir les packs, vous servir en bières, en boire autant que vous voulez, casser les bouteilles si ça vous amuse, jouer au caps et grimper en haut de la pyramide, si le coeur vous en dit.
L’idée sous-jacente est que, en « consommant » ce qui fait les fondations de la pyramide, vous ne la tuez pas : vous lui donnez une nouvelle existence. Selon Gaillard, la détérioration est le prolongement naturel de toute construction de monument. Un monument impeccablement conservé n’est pas un vrai monument. Un vrai monument, parce qu’il s’insère dans un lieu de vie, doit lui-même être vécu.
Un vernissage plutôt mouvementé
Comme le sol finit par être jonché de débris de verre et qu’au fur et à mesure de l’expo, escalader le monument devient de plus en plus délicat (vous pourriez enfoncer votre pied dans un carton vide et tomber), on vous demande de signer une décharge à l’entrée.
J’ai eu à signer ce papier avant même de découvrir la gueule de la salle – je peux vous dire que je me suis bien demandée ce qui allait m’attendre…
Sur le concept, on peut aussi envisager l’installation comme un sympathique open bar à 4 euros. Sauf qu’à la différence du café d’en face, vous n’êtes pas tenus de bien vous tenir.
Après
Au-delà du côté un peu cocasse, fantasque et déconneur de l’oeuvre, j’ai trouvé que l’installation était en réalité loin d’avoir une démarche gratuite.
En effet, passé le moment où on se marre bien à se roter à la gueule et à se dire que « l’art contemporain, c’est décidément toujours de la rigolade » , il faut reconnaître que Cyprien Gaillard a ici le mérite tout entier de réussir un challenge : questionner une vraie problématique d’urbanisme, de philosophie et d’architecture… au travers d’une oeuvre ludique, interactive, et qui parle à tous les amateurs de houblon. Ce qui fait en principe, vous en conviendrez, beaucoup de gens sur terre.
Les Commentaires
En même temps, c'est pas comme si il n'y avait que la biere d'interessant dans l'art contemporain... Ce qui m'a le plus marqué à Berlin, c'est le batiment du musée juif...