Il y a un peu plus d’un an de cela, mon copain me disait « Hé, j’ai trouvé une asso trop cool, je vais donner des cours en prison ». J’ai trouvé l’idée chouette… et puis j’ai oublié, et lui n’y a finalement jamais mis les pieds. Quelques mois plus tard, j’ai eu envie de le faire. C’est comme ça que j’ai retrouvé le nom de cette fameuse association : le Genepi.
J’ai envoyé un mail au groupe local, et on m’a dit qu’il y avait une réunion d’information pas loin de ma fac. J’y ai retrouvé des anciennes qui ont parlé un peu de leur expérience. J’ai ensuite été recontactée pour la première vraie réunion. Selon les groupes, cette partie peut être très différente : certains font de vrais recrutements pour s’assurer que l’on sera disponible sur une période suffisamment longue, mais là c’était un peu « tout le monde vient, on est bien ».
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Qu’est-ce que c’est exactement, le Genepi ?
C’est le Groupement Étudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées ; il a été fondé en 1976 à l’initiative de Lionel Stoléru, alors conseiller technique de Valery Giscard d’Estaing. L’idée de base était d’envoyer des bénévoles étudiants de grandes écoles rencontrer les détenu•e•s pour « collaborer à l’effort public en faveur de la réinsertion sociale des personnes incarcérées ».
Depuis, l’association a beaucoup évolué. Déjà parce qu’elle est désormais ouverte à tou•te•s les étudiant•e•s (même si on compte une grosse majorité de gens en droit, psychologie et sociologie) et compte ainsi environ 1200 membres dans toute la France. Ensuite parce qu’elle a profondément changé d’orientation : depuis 2011, l’objet social du Genepi est « d’œuvrer en faveur du décloisonnement des institutions carcérales par la circulation des savoirs entre les personnes incarcérées, le public et ses bénévoles ».
La première fois que j’ai entendu ça, j’ai eu un peu peur, mais maintenant je le connais par cœur et je le chéris très fort, cet objet social — notamment parce qu’il nous inscrit dans l’éducation populaire, un « concept qui vise à favoriser l’accès au savoir et à la culture au plus grand nombre afin de permettre à chacun de s’épanouir et de trouver la place de citoyen qui lui revient ».
Quelles sont les actions du Genepi ?
Contrairement à ce que je pensais, on ne donne pas des cours en prison. En premier lieu parce qu’il y a déjà des profs en prison qui sont formés et payés par l’Éducation Nationale, et qu’on n’est pas là pour faire bénévolement leur boulot (même et surtout s’ils sont en sous-effectif). Ensuite parce que comme l’a très bien dit la présidente dans son discours d’ouverture de la Journée Prison-Justice :
« Nous avons constaté que les personnes détenues ont déjà souvent bien plus appris de la vie, et de la société dans laquelle nous vivons que nous en savons nous-mêmes. Dès lors, l’idée d’un Genepiste missionnaire apportant le savoir aux âmes déshéritées semble bien ridicule. »
Dans cette volonté d’horizontalité, le Genepi a changé son nom pour passer d’un acronyme à Genepi tout seul, qui selon nos références peut désigner une plante badass des montagnes ou un alcool fort.
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Le Genepi a en fait trois types d’action, qui visent tous à la circulation des savoirs et qui touchent les trois publics cités dans l’objet social (habile), à savoir…
- L’action en détention
L’idée, c’est que grâce à une convention nationale établie avec le ministère de la Justice, chaque groupe local peut proposer aux maisons d’arrêts et centres pénitentiaires du coin des ateliers de soutien scolaire ou socio-culturels. En gros, une fois par semaine, tu vas en taule avec ton binôme jouer à la belote ou faire réviser son histoire à un groupe de détenus.
C’était impossible à faire pour moi à cause de mon emploi du temps (l’administration pénitentiaire aime bien les trucs réguliers), mais j’ai vite eu l’occasion de participer à des VAO ou Vacances À l’Ombre (oui, le Genepi aime bien les acronymes) en maison d’arrêt, soit des ateliers exceptionnels organisés pendant les vacances scolaires. Et c’est absolument incroyable ce qu’on peut apprendre en trois demi-journées sur le fonctionnement d’une prison, sur la vie quotidienne des personnes détenues, sur les conditions de travail du personnel…
Il faut savoir que le Genepi a un principe d’indifférence au passé pénal : on ne doit pas chercher à savoir ce que les personnes détenues ont commis, et si elles nous le disent, on ne doit pas modifier notre comportement. Après évidemment, chacun gère ça à sa façon ; pour ma part j’étais assez peu inquiète parce que je suis très déterministe, et que pour moi la société est plus fautive que l’individu pour tout ce qui tient du délit — mais c’est un positionnement tout à fait personnel.
Pour autant, je ne sais toujours pas comment je réagirais si j’apprenais que telle personne avec qui je joue à la belote a en fait violé et découpé des petites filles… J’ai su ce que certains avaient fait, pas tous. J’étais en maison d’arrêt, donc c’était en théorie soit des prévenus (en attente de jugement), soit des personnes condamnées pour moins de deux ans, donc plutôt pour des délits. Pour ceux qui me l’ont dit, il y avait en vrac surtout des coups et blessures, du braquage, un prévenu pour viol qui se disait innocent, du non-paiement de pension alimentaire…
Sachant qu’on a toujours le droit de se rétracter si on sent qu’on ne pourra pas faire abstraction, ça ne me préoccupe pas vraiment. En fait, une fois qu’on est dedans, on voit plus des gens contents de se retrouver (à part avec leurs codétenu•e•s, ils ont assez peu de temps pour discuter entre eux) et de voir du monde de l’extérieur qu’autre chose.
- L’Information et la Sensibilisation du Public (ISP)
Le but, c’est de parler et de faire parler de la prison. Ça peut aller de vendre des crêpes vertes dans la rue à tenir un stand aux Solidays en passant par des interventions en milieu scolaire, et j’en passe ! Mon groupe local a notamment participé au Printemps des Prisons, un genre de « festival » national qui consiste à organiser des actions de sensibilisation dans tous les groupes locaux vers la même période (le printemps donc).
Certains ont organisé une balade carcérale où des genepistes ont fait découvrir les lieux d’enfermement de ma ville et lu des textes de détenus, ainsi qu’une projection de film sur le milieu carcéral et un concert « miroir », qui a eu lieu à la fois en détention et à l’extérieur.
Un des gros moyens de sensibilisation est aussi le Passe-Murailles, magazine bimensuel du Genepi auquel tout le monde peut participer (y compris des personnes détenues), un vrai puits d’information sur le monde carcéral, et un mode d’expression important de notre devoir de témoignage.
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- La formation des bénévoles
Le Genepi propose un cycle de formation hyper complet et hyper accessible : en dehors de la cotisation initiale, tu ne paies rien. Ni le transport, ni l’hébergement, ni la nourriture.
En début d’année scolaire, il y a une formation pour les responsables locaux, mais n’ayant pas encore été recrutée à cette période, je ne peux pas trop vous en parler.
Vers novembre est organisé un week-end de formation régionale, qui permet de se connaître un peu entre groupes locaux et d’en apprendre davantage sur le fonctionnement du Genepi et de l’administration pénitentiaire.
Ensuite en décembre vient l’immense, l’ultime vendage de rêve : la Journée Prison-Justice. Pour planter le truc, cette année, on était environ 700 bénévoles présents à Polytechnique pour écouter quelques 80 intervenants, dont Mme Taubira en discours d’introduction. Autant dire que tu pleures des larmes de sang quand tu dois choisir à quels ateliers tu participes… C’est aussi l’occasion d’une réunion de coordination régionale et d’une session nationale d’orientation (SNO) où on parle un peu de trucs sérieux et on vote les thèmes de prochaines formations.
L’année est ainsi rythmée par différents événements, ateliers de réflexion et de formation.
Ma découverte de l’univers carcéral
Je me suis portée volontaire pour être référente de groupe pour l’administration pénitentiaire (RDG AP), et un membre du Genepi m’a fait une mini formation perso pour m’expliquer mon rôle. Faire le lien avec l’administration pénitentiaire, ça veut dire :
- Établir le contact.
- Recueillir les cartes d’identités des bénévoles pour qu’ils soient autorisés à entrer.
- Regrouper les propositions d’ateliers.
- Les faire autoriser et s’assurer qu’elles collent avec l’emploi du temps de la maison d’arrêt.
- Trouver un•e remplaçant•e quand un•e bénévole est malade.
- Prévenir quand un atelier doit être annulé.
- Harceler les gens pour qu’ils fassent leur bilan d’atelier.
- Faire le bilan de tout ce qui a été fait dans l’année.
En dehors des périodes de gros rush, soit au début de l’année pour obtenir les autorisations puis en fin d’année pour le bilan, c’est assez chouette parce que ça permet d’être un peu au courant de tout ce qui se passe, et mon côté big brother aime bien.
Les autres membres sont également tous formés avant d’intervenir en prison : on explique comment ça va se passer, quels sont nos interlocuteurs, ce qu’on a le droit de faire ou pas et d’amener ou pas, quels sont nos moyens d’actions.
C’est là qu’on découvre que les personnes détenues n’ont pas d’uniforme, qu’elles n’ont pas le droit au portable mais que tout le monde en a un, qu’il faut dire bonjour à absolument tout le monde quand on rentre en prison et que si une personne de notre atelier d’art plastique veut nous offrir son dessin… on ne peut pas le faire sortir sans autorisation de l’administration.
À partir de là, on entre dans une période plus ou moins longue selon les groupes locaux qui est une période d’attente (au niveau de l’action en détention, les formations et ISP commencent), où j’ai découvert l’inertie de l’administration pénitentiaire. J’ai attendu les autorisations pour entrer, qui peuvent mettre plusieurs mois à arriver pour peu qu’il y ait une carte d’identité pas assez lisible ou un créneau horaire qui change pour un atelier. Et ensuite, roule ma poule.
Le temps que prend l’engagement au Genepi est très variable. Pour les bénévoles qui interviennent en détention, c’est au moins une demi-journée par semaine, une réunion de deux ou trois heures avec les pauses une fois tous les mois/mois et demi, le temps qu’on souhaite consacrer aux ISP et les formations si on souhaite participer (environ un week-end tous les deux mois).
Pour moi qui n’interviens pas régulièrement, ça varie encore plus : en plus des réunions, des ISP (j’en ai fait peu) et des formations (que j’ai par contre toutes faites), il y a des semaines où je vais juste vérifier la boîte mail et ça ne me prend que cinq minutes, et des semaines où je vais passer plusieurs heures à appeler tout le monde pour que le planning soit calé. L’avantage, c’est que si on n’a pas les moyens de beaucoup s’investir, on n’est pas obligé•e : il est par exemple tout à fait possible de faire uniquement un atelier en détention, ou de participer à une ISP qui nous parle et pas aux autres.
La seule partie qui nécessite vraiment un engagement stable, c’est les ateliers en détention, puisque les participants comptent sur nous et que l’administration pénitentiaire n’est pas très souple.
Il faut savoir que le fonctionnement peut énormément varier selon les groupes locaux, puisqu’ils sont quasi-autonomes. Certains groupes ont un•e président et un•e secrétaire, d’autres sont autogérés, certains n’interviennent pas en détention, certains ne font pas d’ISP, certains font des réunions toutes les semaines, d’autres selon les besoins…
Il faut dire qu’il y a un très gros turn-over dans l’asso avec 75% des membres renouvelés chaque année, ce qui permet de s’adapter à ce qui convient le mieux à chaque nouveau groupe. Au niveau national, c’est un peu plus sérieux : on a trois salariés qui sont chargés selon les postes de prendre les décisions, de représenter le Genepi auprès des institutions, d’organiser les formations, et de la publication du Passe-Muraille, et dix-sept permanents qui sont des volontaires ou engagés de service civique. On a aussi des administrateurs chargés de représenter la région aux conseils d’administration (mais eux, on les paye pas).
La prison moderne, un concept critiquable
Vous l’aurez compris, le Genepi c’est beaucoup plus que donner des cours en prison. Ça m’a permis d’apprendre énormément, de casser mes préjugés sur le monde carcéral et de remettre en question ce système qui n’est plus questionné que dans des milieux très spécifiques ; de rencontrer tout plein de gens chouettes, notamment dans les formations où on arrive à concilier un cerveau qui fume complètement à la fin des ateliers à force de débat et des super soirées, de lutter contre ma timidité (quand tu es stressée du téléphone et que le standard de la prison te fait patienter une demi-heure, ça aide)…
Du coup je pense peut-être prendre une année pour bosser dans l’associatif. Ma vision de la prison telle qu’elle est actuellement, que j’avais toujours vue plus ou moins comme un mal nécessaire, a changé : je la trouve maintenant aberrante et injustifiable — il y a donc des chances que je m’implique dans le militantisme par la suite !
Là encore, cela n’implique que moi et c’est mon avis très personnel, mais beaucoup des constats que j’ai pu faire cette année m’ont indignée. Premièrement, le fait que la majorité des gens qui se trouvent en prison y sont à cause de la misère. Quand je parle de la prison, les gens pensent généralement tout de suite aux violeurs, aux pédophiles et aux assassins, mais la grosse majorité (92% d’après Combessie dans Sociologie de la prison en 2009) y sont pour du délit, du vol, du braquage, du non-paiement de pension alimentaire, du trafic de drogue…
Et c’est bien souvent lié à des dépendances, voire à des troubles psychiatriques ; ce sont des gens qui pour moi n’auraient jamais été là s’ils avaient eu les moyens (financiers et culturels) de vivre décemment. On y trouve autour de 60% de personnes en-dessous du seuil de pauvreté, souvent isolées de leur famille, avec un niveau d’instruction qui ne dépasse pas le primaire pour 60% d’entre eux (toujours selon Combessie). Il y a aussi beaucoup de personnes d’origine étrangère, qui maîtrisent mal le français. Pour moi, les mettre en prison, c’est refuser de faire l’effort de les réinsérer.
D’ailleurs, la réinsertion est une des missions principales de la prison, et effectivement, chaque année les centres scolaires permettent à certains de passer des diplômes, et certains ont la possibilité de travailler. Sauf que justement, c’est « certains » : on est loin de la majorité. Parce qu’il n’y a pas assez de moyens, parce que les détenus pouvant y participer sont triés sur le volet selon un système de privilège (et devinez qui se conduit le mieux ? Ceux qui étaient le mieux insérés dans la société avant), parce qu’il y a une certaine inertie de la part des détenus (liée au nombre important de syndromes dépressifs, et à l’ambiance qu’on imagine)…
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Concernant le travail en prison, seul un détenu sur quatre y a accès, il est rémunéré 20 à 45% du SMIC (et encore il y a les ateliers où ils sont payés à la production), sans contrat, sans médecine du travail, sans protection sociale, sans congés payés, sans droits syndicaux. En plus de ça, les conseillers d’insertion et de probation sont en sous-effectif : dans la maison d’arrêt où je suis intervenue, il y en avait 2 pour 400 détenu•e•s… cela donne une idée du suivi personnalisé.
Et ce n’est qu’un aperçu des conditions de vie : la cellule fait en moyenne 12 m² (si on est tout•e seul•e, c’est moins de 11, s’il y a deux places c’est 12 à 14, et pour trois places 15 à 19). Dans un établissement pour peine, les gens ne sont en général pas trop touchés par la surpopulation ; dans la majorité des maisons d’arrêt par contre, ils sont facilement à trois dans une cellule individuelle. Et la cellule, même si on est un grand chanceux béni de l’administration qui travaille, fait plein d’ateliers et/ou a beaucoup de parloirs… on y passe quand même au minimum quatorze heures par jour.
Les conséquences sont de taille et n’aident pas franchement à la réinsertion : on se suicide six fois plus que dans la population normale, plus de 20% de la population carcérale serait atteinte de troubles psychotiques, et les effets sur le corps sont aussi extrêmement inquiétants.
Surtout que l’accès aux soins médicaux est largement inférieur à la population normale : pour les médecins/infirmiers, ça va encore, mais dans des conditions douteuses, et tous les soins dentaires et paramédicaux sont très rarement présents en détention. Il y a également une incitation constante de l’administration pénitentiaire au non-respect du secret médical.
Le truc avec la prison, c’est que c’est censé être uniquement la privation de la liberté d’aller et venir, mais dans les faits, c’est une institution totale : les personnes sont coupées du monde extérieur, tous leurs besoins sont pris en charge par l’institution, on a un minimum de contact entre les surveillés et les surveillants et un mode de fonctionnement bureaucratique. Pour faire court, soit l’identité des reclus est détruite (dépression…), soit il y a développement d’une contre-culture avec de petites combines visant à tirer le meilleur parti de l’institution pour sa pomme (trafic de téléphones, de cigarettes…).
Dans tous les cas, les personnes sont déresponsabilisées, c’est-à-dire plus du tout adaptées à la vie en milieu libre. Comment sont-elles censées s’intégrer par la suite ? Comment veut-on intégrer des gens (et comment veut-on qu’ils aient envie de s’intégrer) en les mettant à l’écart ? Comment veut-on leur apprendre à respecter des règles si l’institution ne les respecte pas (droit du travail, secret médical…) ?
Je ne fais qu’effleurer les nombreux problèmes que j’ai constatés, mais quand on commence à chercher c’est assez effrayant ! Je pense donc rester au Genepi l’an prochain, et peut-être plus longtemps si je continue mes études, si mon travail me laisse le temps ou si je prends une année de service civique.
Si vous êtes étudiant•e, que vous n’avez pas de casier judiciaire et pas mal de temps libre (parce que même quand on est « juste » bénévole, ça prend du temps), et que vous voulez nous rejoindre, surtout n’hésitez pas à contacter vos groupes locaux par mail ou par Facebook ! Et si vous n’avez pas de temps mais que vous voulez aider quand même, on a besoin d’argent en ce moment avec les coupe budgétaires qui menacent plein de choses chouettes dont j’ai parlé, comme le cycle de formation et le fait qu’il soit accessible à tou•te•s, alors même le plus petit don peut nous servir !
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