Si vous consultez régulièrement cette rubrique, vous savez qu’en tant que journaliste beauté, je suis une vraie beauty addict. Makeup, skincare, parfum, j’aime tout tester et vous parler de tout ce qui a trait au bien-être ! Mais si j’ai bien compris une chose en travaillant chez Madmoizelle (et en fréquentant quelques amies qui ne font pas partie de la beauty sphère), c’est que la beauté est un domaine qui ne met clairement pas tout le monde d’accord.
Certaines personnes, par exemple, n’ont pas (ou peu) de routine beauté. Elles ne consomment que très peu de produits, ne se démaquillent pas systématiquement avant le coucher, n’appliquent pas religieusement de crème hydratante ni de SPF… En clair, elles laissent leur peau respirer et faire son taf toute seule.
Pour en savoir plus, je suis allée poser quelques questions à Sophie Strobel, skincare education manager chez Paula’s Choice, mais j’ai aussi recueilli vos témoignages sur le compte Instagram de Madmoizelle. Et voici tout ce que j’ai appris !
Quelle est la différence entre le skin fasting et la zéro routine ?
Il y a quelque temps déjà, on vous parlait du skin fasting. Cette tendance — apparue un peu comme un cheveu sur la soupe — est une méthode qui vise à laisser sa peau « jeûner » afin qu’elle puisse se rééquilibrer et mettre en place des mécanismes de défense toute seule.
Si cette routine peut s’avérer bénéfique pour la peau, elle reste ponctuelle et motivée par une envie de résultat. Elle est donc plutôt dédiée aux férues de bien-être qui ont envie d’appuyer sur le bouton reset de temps à autre. Voilà pourquoi le skin fasting est très différent de ce que j’appellerai la zéro routine !
Loin d’être une tendance, la zéro routine représente plutôt un état d’esprit qui fait fi des injonctions relatives au skincare ; il est davantage l’apanage des femmes, bien plus ciblées que les hommes par le marketing inhérent à la beauté. Sans limites dans le temps, la zéro routine fait donc partie d’un lifestyle plus global qui n’inclut tout simplement pas la beauté dans les gestes à effectuer au quotidien. Mymy Haegel, rédac chef de Madmoizelle, m’explique :
« Pourquoi mettrais-je des choses sur ma peau ? Je ne prends pas soin de mes coudes ou de mes mollets, c’est pareil pour moi la peau du visage. J’ai certes la chance de ne pas avoir très souvent des boutons ou autres imperfections, et le fait d’avoir des rides, taches brunes ou autres signes de vieillesse ne me fait pas peur, donc je ne vois pas pourquoi je passerais du temps à “prendre soin de ma peau” spécifiquement pour qu’elle vieillisse “mieux” ou “paraisse plus belle”.
Je ne prends pas non plus soin de mes cheveux ou de mes ongles, mon apparence extérieure me convient et ça me semblerait contre-productif de passer un temps important (plusieurs dizaines de minutes par jour) à l’améliorer légèrement (ça reste une peau quoi) alors que je m’aime comme ça et qu’on m’aime comme ça.
On ne demande pas aux mecs pourquoi ils ne se mettent rien sur la peau, eh ben je vis comme un mec sauf que parfois je me réveille avec des cernes pailletés parce que mon ombre à paupières a coulé (ce qui arrive à certains mecs, mais pas une majorité) ! »
Pourquoi vous n’avez pas de routine beauté
Il y a plusieurs raisons qui peuvent revenir de façon courante lorsqu’il s’agit de l’absence de routine beauté. D’abord, vous citez la flemme de vous astreindre à des gestes répétitifs au quotidien, englobant l’utilisation de plusieurs produits : « C’est trop d’efforts » explique @jenna.maakgane. « J’essaie, mais aucune rigueur »
, abonde @joliscons.
Dans un deuxième temps, il y a la question de budget et du temps alloué à cette activité qui revient régulièrement « Pas assez de temps ou de sous et incroyable, mais ne rien faire = la meilleure des peaux », me dit @epona74, suivie par @nilleva_ qui témoigne : « Pas la motiv, le temps, le budget, et moins je mets de trucs sur ma peau, mieux elle se porte. »
Et puis finalement, il y a tout simplement celles qui ne sont pas sensibles à l’univers de la beauté. Qui ne voient tout simplement pas l’intérêt de s’astreindre à une routine, un peu comme Mymy Haegel :
« Avant d’aller me coucher, je mets mon pyjama. C’est tout ! Et encore, pas tous les soirs. Je me brosse les dents quand même, je vous rassure, mais je ne fais rien pour ma peau, ni démaquillage ni nettoyage, que je sois maquillée ou non (j’ai la flemme). Si j’ai vraiment porté un makeup inhabituellement lourd pour une occasion, je l’enlève quand même pour ne pas en foutre partout sur mes oreillers, mais si c’est mon quatuor habituel anticernes, fond de teint, ombre à paupières, mascara, j’avoue… je vais dormir comme ça. »
Quels sont les avantages de la zéro routine ?
Ça libère des injonctions
La zéro routine peut comporter certains avantages réels. D’abord, elle permet de se libérer des injonctions comme l’explique Sophie Strobel :
« Se libérer des injonctions, c’est pas mal. Il faut que chacun soit en accord avec lui-même. Alors faites comme vous voulez et écoutez-vous ! Là ou j’émets une nuance, c’est que si vous sentez un jour que votre peau en a besoin, dans ce cas mettez quelque chose pour l’apaiser. Car là, il est plutôt question de confort. »
La seule chose nécessaire selon elle (car elle fait partie d’un besoin relatif à la santé) : appliquer une crème solaire pour se protéger des effets délétères des UV.
« 80% du vieillissement prématuré est lié aux UV : quand on fait des taches brunes hyper jeune, il faut se protéger du soleil — y compris l’hiver, car les UV passent à travers les nuages et même les vitres. »
C’est bon pour l’environnement
Consommer peu ou pas de produit cosmétique est également un geste environnemental fort. Car même si de nombreuses marques font leur possible pour créer des produits clean ayant le moins d’impact possible sur la planète, ils restent malgré tout polluants, selon Sophie Strobel :
« Toute consommation (y compris de produits cosmétiques bio ou clean) n’est pas bonne pour la planète. Ce qui est le plus impactant finalement ce sont les emballages, les suremballages, les transports de ces formules.»
Que risque-t-on à ne rien mettre sur sa peau ?
Bien qu’elle ait de nombreux avantages non négligeables, la zéro routine peut également avoir son lot de risques — modérés, évidemment, mais à prendre en compte tout de même. Le principal enjeu ? Faire face à des micro-inflammations qui ont, à long terme, des conséquences sur le vieillissement cutané prématuré. Une notion qu’explique Sophie Strobel très simplement :
« Normalement, on est censées être adaptées à notre environnement. Mais si on vit en ville, avec de la pollution, et qu’on est stressées, on fait face à des attaques de radicaux libres au quotidien. On fume, on ne mange pas toujours très bien, on s’expose au soleil… Tous ces comportements ne sont pas “naturels”. Donc forcément, on va très facilement avoir des problèmes de microbiotes qui vont venir altérer notre barrière cutanée, laquelle est tout le temps plus ou moins abîmée. Ça peut provoquer des soucis — visibles ou pas, mais rares sont les personnes à qui ça n’arrive pas, car la peau est en souffrance tout le temps.
Alors est-ce que c’est grave ? Finalement, chacun fait bien comme il veut ! Mais toutes ces micro-inflammations du quotidien vont accélérer le vieillissement cutané. Est-ce que ça, c’est grave ? À vous de décider ! »
Ma conclusion personnelle après avoir recueilli vos témoignages et avoir parlé avec Sophie Strobel, c’est qu’en matière de beauté, il n’y a aucune règle. Certaines personnes peuvent avoir envie de passer des heures dans la salle de bain à appliquer religieusement une routine beauté drastique pour avoir une belle peau. Et d’autres estiment qu’elles n’ont tout simplement pas l’envie, le temps, le budget ou ne croient pas aux vertus du skincare. Whatever works, comme on dit !
Tant que l’aspect santé est respecté (l’application d’une crème solaire lors de l’exposition par exemple) finalement, le reste peut bien passer au second plan.
À lire aussi : Breaking news : le fard jaune devient l’obsession makeup du printemps
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Mon argument est donc toujours le même : c'est pas le soin de peau qu'il faut attaquer, le soin de peau n'est pas sexiste et l'absence de soin n'est pas forcément libérateur. Par contre ne parler que des effets "beauté" du soin de peau ou du vieillissement alors que c'est beaucoup plus large que ça, pour moi c'est sexiste.
d'ailleurs la peau est comme tout organe, elle peut être saine à un moment de la vie et ne plus l'être pour x ou y raison. lorsqu'on parle du soin de peau, je pense qu'il est important d'inclure tout le monde et pas "que" les personnes à la peau "saine" : il y a énormément de personnes qui ont des problèmes de peau et justement je ne retrouve pas cette partie de la population représentée dans l'article.
quand je parle "d'ancêtres" c'est surtout pour faire référence aux changements d'environnement que nous avons subi ces 2 derniers siècles: tu as mentionné la pollution, je mentionne je réchauffement climatique, les perturbateurs endocriniens et autre joyeusetés. c'était très mal exprimé de ma part.
edit: on pourrait parler de l'exposition au soleil excessive des personnes qui travaillaient en extérieur, ce qui constituait un énorme risque qui ne concerne plus la même proportion de la population d'aujourd'hui. leur peau était donc aussi exposée à des agressions.
ce sera mon dernier message donc je résume mon argument : le problème n'est pas le soin de peau, puisqu'il est nécessaire à une bonne partie de la population (car les peaux naturellement saines sont de plus en plus rares, selon un rapport de 2018 de la société dermatologique française les maladies de peau touchent 33% des femmes et 28% des hommes).
le problème réside justement dans le fait de considérer le soin de peau comme un ensemble de tendances beauté (et même d'y inclure le maquillage) ou de résumer ses effets au vieillissement cutané et des petites rougeurs. le soin de peau c'est avant tout une "maintenance" d'un organe vital et si ta peau n'a pas besoin de beaucoup de maintenance c'est top mais c'est vraiment pas le cas pour tout le monde.
le marketing genré superflu et les injonctions de beauté ne se concentrent pas seulement sur le soin de la peau, mais sur tout ce que peut faire une femme que ce soit son régime alimentaire, sa façon de faire du sport ou autre. si je prends l'exemple de l'alimentation, il y a une grosse pression sociale et 300 régimes différents qui existent, pourtant c'est pas pour ça qu'on va arrêter de manger sainement si on a besoin de faire attention à la santé de son estomac, son système digestif ses besoins nutritionnels ou qu'on est dans la prévention de problèmes à venir: la peau c'est pareil. au delà du marketing, il faut réfléchir, parler à des pros de santé pour connaître ce dont a besoin ou pas sa peau.
sur ce, chacun ses opinions et ses avis. je peux comprendre ton point de vue: si la peau est naturellement saine je suis d'accord que de rajouter des produits c'est inutile voire néfaste.